Merci Yves,
Pour répondre à Rail 1435, il faut considérer, dans le cas de Royan, la grande ancienneté touristique de la région laquelle, de plus, coïncide avec l'arrivée de la photo, du train et la mode des bains de mer. On a ainsi quantité d'archives qui ont eu le bonheur de se voir reproduire sur des petits bouts de papiers-cartons, les cartes postales !
Reproduites à de multiples exemplaires sur ce support qui est à la fois fragile mais résistant si on le conserve correctement, elles sont toujours présentes quelque part, dans un tiroir où un grenier. Maintenant elles sont passées de mode et n'ont plus le même charme.
Je me demande si les gigantesques masses de photos numériques faites aujourd'hui par tout le monde auront autant de chance de subsister dans 150 ans vu la fragilité des supports informatiques ? Et seront elles aussi accessibles ?
Je témoigne que, pour les enquêtes concernant les EC 17 ou les CFD, par exemple, menées par Oie Galopante et moi, soit individuellement soit conjointement, les archives photos sont bien plus difficiles à trouver dès que l'on s'éloigne des lieux touristiques !
Mais que faisait donc ce dirigeable dans le ciel de Royan ?
J'ai deux hypothèses :
1) la photo a pu être prise vers la fin de la guerre de 14-18 ou juste après. Pour contrer les attaques des sous-marins allemands, les U-boot, sur les routes maritimes américaines qui, à partir de 1917, aboutissaient à Bordeaux et La Pallice (port de La Rochelle), l'armée mit en place une station de dirigeables pour en surveiller les approches. Une fut installée à Royan pour l'estuaire de la Gironde, à Foncillon, je crois. Les Américains installèrent de leur côté une base d'hydravions à St Trojan, sur l'île d'Oléron (voir le fil "l'île d'Oléron au temps des EC").
2) Il y eut une "mode" des dirigeables. Sur un blog j'ai lu que des spectacles de décollage de dirigeables avaient été organisés à Royan, un peu comme les envols de montgolfières aujourd'hui. C'est peut être le cas.

- Royan 9msicard010__072981500_1033_25072014.jpg (54.15 Kio) Vu 4235 fois
Revenons au Bd Thiers :
Perspective du Bd Thiers depuis la courbe à 90° où le train posait pour le photographe, dans mon post précédent. On voit la ligne partir sous les arbres du boulevard.
A l'autre extrémité, perspective du Bd Thiers depuis la place du Café des Bains qui se trouve dans le dos du photographe. La station du "Port" se devine sous les frondaisons. A droite se trouvent en enfilade, l'Hôtel de Bordeaux et le Grand Hôtel de Paris.
Voici les deux hôtels. Celui de Bordeaux, au centre avec le drapeau, celui de Paris, à gauche avec le fronton triangulaire. A droite, la fameuse rampe Lessore et le non moins fameux Café des Bains. Les 3 maisons servant de fond au train "d'hiver" avec voiture fermée, sont hors champs, sur la gauche.
Passe l'inutile et meurtrier bombardement du 5 janvier 1945...
Plus d'hôtels. Au premier plan, la voie du tram.
Le quartier du port après le bombardement. En rouge le casino de Foncillon; en jaune, les 3 maisons devant la rampe du débarcadère; en blanc, les 2 hotels; en bleu, la façade du Café des Bains, avec à sa gauche, la rampe Lessore; à gauche de la flèche bleue, la masse noire est ce qui reste du cinéma Trianon.
Le Général De Larminat, commandant des Forces Françaises de l'Atlantique en 1944-45, n'a pas laissé un bon souvenir à Royan...
A part le général américain Royce, de l'USAF, muté aux USA avec promotion, pour raisons diplomatiques, aucun militaire français ne sera inquiété.
Ce n'est qu'en avril 1945 que Royan sera libérée.
Et c'est à cette occasion que Jean Moncorgé,
alias Jean Gabin, participera, avec son unité de chars appartenant à la 2ème DB du Général Leclerc, à la libération de la ville avant de finir la guerre par la campagne d'Allemagne. Aux USA pendant la première partie de la guerre il s'était engagé en 1943 dans un régiment blindé de fusiliers-marins. Modeste, il n'a jamais, par la suite, fait beaucoup état de sa carrière militaire. A 40 ans, c'était, paraît-il, le plus vieux chef de char de la 2ème DB...
Jean Gabin et l'équipage du Tank Destroyer "Souffleur II". Coll. musée Jean Gabin.
Voilà, voilà.