par rms olympic » 15 09 2011 à 11:44
A la demande de plusieurs intéressés, ,jouvre un fil sur le "réseau CEN de Haute Savoie", qui ne disparut que sept ans avant celui de Valenciennes.
Ce réseau, ouvert à partir de 1892, comportait : un axe de Annemasse à Samoêns, via Bonne sur Ménoge, St Jeoire-Faucigy et Taninges ; complété par deux antennes: d'une part de Bonne sur Ménoge à Bonneville (NB: centre, sans desserte gare PLM !) et, d'autre part, de Pont du Risse ( à 3 km de St Jeoire, d'où d'ailleurs, partait le plus souvent le train navette) à Marignier, via les importantes Usines du Giffre.
Ce n'est qu'en Août 1932 que l'axe principal fut prolongé à Sixt.
A l'origine, ce fut un véritable "tramway sur route... intégral", exploité à la manière "vicinale": locomotives bi-cabine, matériel à 2 essieux...
Dès avant 1914, compte tenu des difficultés d'exploitation de ce réseau avec : ses rails en chaussées, des vitesses commerciales réduites et de possibilités d'extensions indispensables, des projets d'améliorations avec : mise en accotement (voire plateforme indépendante), nouvelles lignes et électrification sont mis à l'étude... bien avancé, ces projet seront retardés par la déclaration de guerre.
Finalement, seules : la rectification du tracé et en rails lourds (nous pouvons presque parler de... reconstruction !) de l'axe Annemasse à Samoëns, prolongé à Sixt, ainsi que l'electrification en courant haute tension verront le jour ; une antenne de Pont de Fillinges à Boëge et Habère-Poche, bien que l'infrastructure fut très avancée, ne fut jamais terminée (travaux abandonnés vers 1932). Nous passerons sous silence les autres lignes envisagées.
Après l'électrification, réalisée en 1932, la ligne "Annemasse-Samoëns-Sixt", devint un des meilleurs secondaires Français et, celà pendant plus de 26 ans ! Par contre, en ce qui concerne: "les antennes", non électrifiées, elles connurent des destins moins glorieux: tout d'abord, celle de "Bonneville" (trafic très faible) fut abandonnée en totalité dès juillet 1927, par contre celle de "Marignier" au faible trafic voyageurs, certes, celui ci fut assuré par un petit autobus dès 1928, bien qu'officiellement suspendu début 1934 (peut être s'agissait il du service de voyageurs, mais par fer !), il figura sur les horaires ( 2 AR par jour), au moins jusqu'en 1939, par bus bien entendu... quant au trafic marchandises très important de l'antenne, il ne disparu que fin 1947.
La ligne principale, remarquablement équipée (bien que la suspension des automotrices, donnait de nombreux soucis, car prévus pour 70 km/h, elles ne pouvaient dépasser, au grand maximum... 55 km/h !) subsista jusqu'au 14 mai 1959; malgré une chute du trafic vers 1938/39 (où certains envisageaient sa suppression partielle !), elle connu un trafic soutenu jusqu'en 1956, où une petite baisse de fréquentation (NB: à noter qu'il était encore bien supérieur à celui de 1938/39 !) et l'apparition d'un léger déficit "commença" à remettre en cause son existence... des tentatives de sauvetages sérieuses furent proposées, mais je préfère, pour ce point, laisser le fil à ceux du GAEF qui avaient tenté cette expérience, qui si elle a avorté en Haute Savoie, fut à l'origine de la création du Chemin de fer Touristique de Meyzieu en 1960 !
Bien d'autres points sur cette ligne remarquable sont à développer : aspects techniques, témoins de l'époque de l'exploitation, discussions sérieuses sur sa suppression, liaisons avec les tramways de Genève (ligne CGTE, n°12, qui alors franchissait la frontière pour arriver en gare de Annemasse), vestiges...
Personnellement, si je n'avais jamais eu, hélas, l'occasion de voyager à bord des convois CEN, je l'avais découvert en été 1955 (mes parents ayant été moniteurs d'une colo à Habère-Poche): il était en pleine activité, l'ensemble paraissait en très bon état et le matériel puissant et d'allure très ferroviaire avait bel allure, des travaux de voies avaient même été observés... en 1958, nous l'avions retrouvé quelque peu fatigué (voies dans les herbes, ferrures des pylônes rouillées, une automotrice, garée à Taninges paraissait endommagée par un "coup de feu" et, elle avait^piètre état...) enfin en 1960 (juillet), c'était la débacle: voies arrachées au-delà de Mieussy, vers Sixt, plus de caténaire, un seul wagon (un couvert) visible sur la ligne (gare de Bonne) et, un ou deux tombereaux, en ruines sur un ex-EP de Carrière, près de Ville en Sallaz...
Le parc du matériel roulant, après 1932, comportait:
- 7 automotrices, à bogies, de 400 CV et deux Fourgon-automoteurs, fonctionnant sous 1500 volts continu.
- 12 remorques modernes et confortables, avec de remarquables bogies, dites : Maubeuge; elles avaient laissées un très bon souvenir du CEN-
- 6 remorques rustiques, à bogies, obtenu par reconstructions d'anciennes caisses de voitures ex-vapeur, d'un dessin peu heureux, complétées dès lété 1936 par trois voitures à bogies, ex CFV Vesoul, rustiques aussi, mais plus élégantes et agréables (l'une a été préservée par le MTVS)
- Un par important de wagons de marchandises et de service (dont "chasse-neige et wagons: portes-skis)
- enfin, un locotracteur Diesel Campagne et une draisie-échelle (!) complétait le parc, de plus trois vapeurs ont longtemps figurées au parc, car l'antenne de Marignier, fermée fin 1947, n'avait pas été électrifiée.
Maintenant à vos archîves et souvenirs !