Pk 14,1 - CAUDRY-CAMBRÉSIS.Caudry-Cambrésis, car au Sud de la ville, le NORD a installé sa gare, et jusque Cambrai sa ligne faisait concurrence au Cambrésis.
En 1911, Caudry est peuplé de 11 066 habitants, sa population a quasiment doublée entre 1880 et 1900. La ville connait un boom industriel grace au textile. Elle compte 120 fabricants, une dizaine d'usines modernes, 650 métiers à dentelle, 400 métiers à tulle, 150 machines à broder. Des représentants de maisons de commerce anglaises et allemandes s'y installent et même un consul américain... Moins connue que Fourmies, c'est aussi un des centres de développement du syndicaliste dans le département du Nord : les conditions de vie des ouvriers et ouvrières du textile y étaient tout aussi précaires.
La gare de Caudry-Cambrésis était située au carrefour des lignes du réseau.
Le long de la N39/D-643, la ligne Catillon-Caudry rejoignez celle de Caudry-Denain.
Maintenant, imaginez la situation.
Sur le Cambrésis, pas de signaux pour protéger la circulation des trains. Laisser une journée entière, dans une cabane en bord de voie, un cheminot chargé de faire les aiguillages et d'assurer la protection des convois avec un p'tit drapeau : pas très rationnel d'un point de vue économique.
Alors comment faire ?
Simple... Les lignes en provenance de Catillon et Denain poursuivaient leurs itinéraires en parallèle jusque l'entrée en gare.
Aujourd'hui, l'urbanisation a complétement gommé cette particularité du réseau du Cambrésis, de même que le raccordement vers Cambrai. Le site est occupé par une Z.A.C., le raccordement passait par le parking de l'hypermarché, le boulevard du 8 mai 1945 est tracé sur l'ancienne plateforme de voie.
Caudry était une grande gare métrique, le centre névralgique du réseau.
Pour l'étudier nous disposons de deux documents précis qui se complètent : une photo aérienne base altitude réalisée en 1947
(IGN Remonter le temps) et un cliché panoramique pris tout en haut du chateau d'eau, quelques années plus tard. Un grand merci à Henri Dupuis qui m'a transmis cette photographie.
Commencez par repérer :
1) Les deux voies paralèlles provenant de Catillon et Caudry - en bas à droite sur la photographie.
2) La ligne de Saint Quentin - en bas à gauche de la la photographie.
3) le départ de la ligne tramway vers Cambrai - à l'arrière-plan sur la photographie.
4) la traversée-jonction qui relie les différents faisceaux de voie.
Comment tout cela fonctionne-t'il ?
Tout d'abord, on remarque que la ligne tramway provenant de Catillon rejoint directement le quai, sans aucune imbrication avec les deux autres itinéraires, pour partir ensuite vers Cambrai. Je rappelle qu'à l'époque où fut prise la photo, le trafic voyageur était suspendu sur cette ligne depuis le 17 mai 1934.
Les lignes Saint Quentin-Caudry (57 km) et Caudry-Denain (28 km) - concédés sous le régime des chemins de fer d'intêret local, fonctionnent en Y. La ligne de Saint Quentin traverse la gare au niveau de la traversée jonction et vient se mettre à quai, que la ligne de Denain rejoint directement. La locomotive après avoir rebroussée, passe par une voie d'évitement pour sa remise en tête, ou peut être aiguillée directement vers le dépôt pour se réapprovisionner en charbon.
Sur la gauche de la photographie, les voies de garage des wagons marchandises. Une vapeur manoeuvre et puis des tombereaux, et encore des tombereaux : des vides, d'autres chargés de betteraves...
J'ai d'ailleurs l'impression que le type de ces wagons tombereaux est assez uniforme. Les trains à destination des sucreries sur les C.A. offraient une plus grande diversité quand à leur composition. Je ne remarque aucun gros tombereau allemand dans la cour des marchandises de Caudry, alors que leur gabarit les fait immédiatement remarquer dans les convois ardennais. Mais... Je ne connais pas de clichés pris sur le Cambrésis pendant la saison betteravière.
(rmq : Les 3 ou 4 tombereaux tractés par le train ouvrier de Denain ramenaient du charbon de la gare de Vieux Lourches - à droite sur la photo panoramique).
Sur la gauche, à l'arriére-plan, regardez attentivement, des cars de la compagnie du Cambrésis stationnent à côté d'une ancienne remise reconvertie pour leur entretien.
What else ?
The right man, in the rigth place. Caudry, 1952, Ernie
(également contributeur sur PME pour les p'tits trains du pays de Gales) vient se placer au pied du bâtiment juste devant la traversée jonction. Cette photo complète à merveille celle transmise par Henri Dupuis. Sur chacune, on observe la remise, une locomotive, 141T Corpet ou 130T ex-CDCO, et les voitures du train ouvrier pour Caudry.
Les britanniques sont à l'origine de quelques fantastiques photos couleurs

prises, entre autre, lors d'un voyage de la SNCF-Society sur le Cambrésis (1 juin 1959 -
Merci Dufi de la précision).
Rapprochons nous du BV : état des lieux au fil du temps.
- Le BV à la belle époque - date de construction affichée : 1890.
- Une des toutes premières photographies de la gare de Caudry que je connaisse, prise par un soldat allemand en 1917.
L'augmentation du trafic a provoqué l'agrandissement du BV, avec l'ajout d'un corps de bâtiment supplémentaire, avant 1914
(date précise ?).
- La gare dans son état actuel. L'ancienne plateforme de voie, pendant la journée est occupée par les cars.
Sur les quais :
- En regardant en direction de Cambrai.
- En regardant en direction de Caudry.
Du côté de la cour des voyageurs.
- Un peu avant 1914, avec un heurtoir métrique au premier plan. Au fond, un des cafés des voyageurs entourant la gare, le bâtiment exerce toujours cette fonction.
- Aujourd'hui, sous le même angle.
Changeons de côté.
- Entre le milieu des années 1950 et 1960, avec un car de la compagnie du Cambrésis
(quelle marque ? quel type ?) stationnant devant la gare.
Cliché : source SNCF-Society.
- Toujours, sous le même angle, aujourd'hui.
- Retour en 1890 !
A suivre...

Une entreprise qui n'a jamais acheté une Corpet neuve !!! Est-ce bien une compagnie ferroviaire sérieuse ?!...