
Elle a connu pratiquement autant d'exploitants que de kilomètres également...
Citons donc cette succession : CdF industriel privé (sans autorisation légale), VBSQ, ILNF, Armée Allemande, Armée Anglaise, MRL, SE Somme, ILNF (en fait NE, car intégrée au groupe CSNE)
NB avant que les commentaires ne pleuvent : je ne parle pas du concessionnaire de 1899 qui étaient Mathieu Michon et Paul Grosselin qui disparait ensuite des discussions après la rétrocession à l'ILNF en 1901 (Mathieu Michon à sa tête) pour l'ouverture qui le restera jusqu'au déclassement.
Autre complément sur les carrières particulièrement impressionnantes, avec un réseau de voie de 60.
A l'époque on ne rechignait pas aux transbordements, puisque les phosphates passaient de la v60 et/ou du transbordeur aérien à la vm puis la VN en 8 km !
Et une vue de la tête du transbordeur aérien
Il y avait aussi des ascenseurs à berlines...
Et une vue sympathique de la gare d'Hargicourt-Villeret dans sa splendeur
Et une autre de la seule gare intérmédiaire, Templeux-le-Guérard
Pour compléter les propos prêtés aux agriculteurs du secteur par un conseiller général soucieux d'être réélu, il n'y avaient pas que les rails laissés par l'Armée Anglaise qui faisaient obstacle à la reprise de l'exploitation agricole.

Je pense que reconstruire, après la destruction totale de la voie et des locomotives d'avant-guerre, 7 km de voie métrique isolée reste une imbécillité économique, et surtout un scandale de dépenses inconsidérées d'argent public.
L’exploitation en voie normale aurait nécessité le rachat des travaux de pose et du matériel de voie normale à l’Autorité Militaire Anglaise, et a conduit en août 1919 à décider sa remise à voie métrique... Alors que les anglais avaient un matériel inutilisable qui ne valaient que le prix de la ferraille usagée en vrac.
Les dépenses d’exploitation auraient été bien moindres avec des wagons Grands Réseaux et des concours de traction du VBSQ voisin, voire du Nord également en contact à Roisel, plutôt qu’avec des frais de transbordement probablement importants, surtout pour des phosphates en tombereaux, un parc spécifique et des sociétés différentes, et donc des frais d'administration élevés.
On signait déjà son arrêt de mort anticipé dès sa (re-)conception.

Pendant ces palabres sur l'usage des Dommages de Guerre, la ligne était restée virtuelle...et les rails sont en kits.

Le VBSQ avait accepté le principe d’une reprise d’exploitation à la Conférence interdépartementale du 28 juillet 1919. D’autant qu’il avait déjà exploité cette ligne pour l’ILNF du 1er juillet 1901 au 1er juillet 1911 (en voie métrique). La décision d’août 1919, de remettre la ligne à voie métrique mettra fin à cette utopique proposition.
Après une exploitation par la SE Somme pour le séquestre, car ILNF était défaillante après le décès de Mathieu Michon le 7 mars 1923 et ses deux héritiers et sa veuve se déchiraient, finalement la CSNE leur rachètera les actions et prendra la contrôle de l'ILNF, et reprendra donc l'exploitation en propre avec des conventions 02/ILNF et 80/ILNF de novembre 1927 avec rétroaction au 1er janvier 1927, mais approuvée par décrets de 1929 jusqu'à sa fermeture officielle le 31 décembre 1932 et le déclassement le 1er décembre 1933. Ite missa est !
Bien évidemment l'iconographie de l'exploitation d'après guerre est sommaire mais voici au moins une attestation que la voie métrique était toujours en vigueur à Roisel au BV reconstruit dans le style Nord 1921.
On pourra aussi ajouter à l'étude précédente une autre usine reconstruite à Templeux-le-Guérard, avec une rampe impressionnante d'une voie d'écartement incertain