Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

[Tirefond]

En passant devant la remise CFD de la gare de Burie, construite en 1914 et destinée à abriter la locomotive de la ligne Burie-Saintes ouverte en 1915, je l'ai trouvé en triste état. Encore un vestige ferroviaire qui disparait, me suis-je dis....
Je me suis quand même arrêté pour interviewer l'ouvrier qui travaillait sur le site. Et, surprise, le nouveau propriétaire des lieux n'a pas l'intention de détruire cette petite remise mais plutôt celle de la réhabiliter !
Le site était à l'abandon depuis une vingtaine d'années et la végétation avait tout envahi. Diverses personnes avaient également souhaité faire revivre les lieux en y répandant diverses fumées...
Voici la remise en 2005 (photo de Cyril Ducrocq). Elle était encore en relativement bon état.

La voici en avril 2021 débarrassée de la végétation qui l'avait colonisé. Mon interlocuteur m'a expliqué que la toiture allait être refaite, mais pas le lanterneau (dommage). La porte d'origine serait réutilisée après renforcement. Les huisseries seront refaites également et le pignon, fissuré, exposé à l'ombre et à l'humidité, sera renforcé par des X. La charpente est en bon état car recouverte de la suie grasse des locomotives. Le style général de la construction sera respecté.

L'intérieur est un peu en vrac. Pas trace de rails car une dalle béton avait été coulée, mais la fosse de la loco avait été préservée.

De son côté le soubassement du réservoir a été également dégagé de la végétation et le puits remis en service pour les besoins du chantier.

Voici, à l'intérieur, le plafond concave du soubassement sur lequel prenait appui le réservoir métallique dont mon interlocuteur ignorait l'existence.

Il a fallu descendre dans le puits dont l'eau, très claire, se trouvait à 15 mètres. Mon interlocuteur évalue la profondeur totale à 17 mètres...
Lors de sa descente pour installer une nouvelle pompe, mon interlocuteur a rencontré deux planchers successifs dont j'ignore l'utilité.
En tout cas, vu l'état de ce qui reste de l'échelle, en haut à droite de la photo, il ne faut pas avoir froid aux yeux pour descendre...

[YVES]

Merci pour cette intéressante séquence d'archéologie ferroviaire.

[oie galopante]

De bonnes nouvelles, en effet.

[Patrick ze rabbit Deludin]

Ah, j'avais loupé le message.
Bravo pour le rénovation et dommage pour le lanterneau. Si j'étais sur place... mais je ne suis pas charpentier.

Les échelles sont généralement verticales car les puits ne sont pas assez larges pour les incliner.
Les planchers intermédiaires sont là pour créer des paliers de repos... et servir de "réception intermédiaire" en cas de chute.
On fait pareil aujourd'hui avec les échelles à crinoline, au-delà de 8 m :

[Tirefond]

""Les planchers intermédiaires là pour créer des paliers de repos... et servir de "réception intermédiaire" en cas de chute.""
Mais oui, bien sur ! Ca tombe sous le sens quand on est praticien...
Mais je suis bien obligé de reconnaitre que descendre dans les puits n'est pas ma "cup of tea"...
Merci Patrick.

[Patrick ze rabbit Deludin]

Moi non plus !
Dire qu'il va falloir que je descende dans un puits (à sec) de ± 8 m, en rappel et en m'arrêtant à mi-hauteur car il doit y avoir un souterrain-refuge qui en démarre, j'ai déjà l'angoisse !!!
Ben voui, l'archéologie, parfois mais rarement, ça frise l'Indiana Jones...
(J'ai eu le chapeau bien avant lui )

Je préfère les puits gallo-romains, ils sont assez étroits pour plaquer le dos, et y'a des, euuh... marches :

Pour revenir au sujet et sur un puits presque contemporain, on n'a pas toujours mis des paliers et encore faut-il pouvoir atteindre l'échelle !

Alimentation de la "pompe à feu" (pompe fonctionnant au charbon) de Rochefort.
Cela dit, les tuyaux ont été remplacés 50 ans après le creusement du puits pour augmenter le débit.

[Tirefond]

Retour sur la ligne Burie-Saintes et plus particulièrement à son terminus de Saintes, la rencontre de sympathiques cartophiles m'ayant permis de découvrir de nouvelles vues que je publie ici, avec leurs accords, bien sur. J'ai ajouté quelques vues déjà montrées qui complètent bien ce petit sujet.
Nous arrivons donc par le nord de la ville à l'endroit où la ligne CFD croise les voies SNCF. Il s'agit du pont de Lormont, construit parallèlement au pont routier.

Sur la vue ci-dessous, prise vers 1952-53 le pont ferroviaire, déferré, est transformé en passerelle pour piétons.

Collection F. Morin

Cette vue actuelle montre les culées du pont, toujours existantes. Les accès routiers de ce pont, d'où que l'on vienne, sont tous en rampe. En effet j'ai appris que le pont routier avait été construit pour remplacer un PN qui coupait le faisceau d'entrée en gare avec tous les inconvénients attachés. Le pont CFD a bénéficié de ce remblaiement pour son propre pont.

La ligne se prolonge en remblai vers Saintes avant de traverser la route de Taillebourg par ce fameux pont provisoire établi après le le bombardement du 26 juin 1944 qui a détruit le pont d'origine.

Photo déjà montrée.

Sur ce cliché actuel pris à peu près sous le même angle on reconnait la culée du pont.

Aussitôt après ce pont on pénètre en gare de Saintes CFD.

Photo déjà montrée.

Et voici ce qu'il en reste après le bombardement anglais du 24/6/44. Comme déjà dit, le BV CFD n'a pas été touché de plein fouet mais "légèrement" décoiffé...

Collection JP Mauret.

Le voici reconstruit.

Collection JP Mauret.

A suivre.

[Patrick ze rabbit Deludin]

Merci jeune homme .
Un petit coup d’œil là va en faire pleurer certains...
viewtopic.php?f=28&t=13038#p482112

[oie galopante]

Photos rares, en effet. Bravo, J-F.

[Tirefond]

Allons-y, messieurs. Il ne reste que quelques centaines de mètres avant le terminus en gare de Saintes SNCF.
Voici donc le dernier tronçon des CFD, dans la cour de la gare. J'ai repéré de points rouge la grande maison bourgeoise et les deux baraquements provisoires (suite au bombardement) qui permettent de situer exactement les photos suivantes. Le B c'est le bunker allemand bien sur.

Voici le De Dion 305 longeant le bunker avant d'arriver à son terminus, dans la neige et le brouillard. Son emplacement sur la photo aérienne est symbolisé par le petit motif orange.

Collection Georges Desjulets.

Le même emplacement, à quelques mètres près, aujourd'hui.

Bien que le réseau soit fermé en date du 31 décembre 1950 il semble que des trains aient roulé jusqu'au 3 janvier, ce qui explique cette atmosphère froide et "brouillardeuse".
On retrouve un De Dion (peut être le 305 ?) orienté vers Burie (on reconnaît, en arrière-plan, dans la brume, les arbres de la place de la gare). Il est fêté par les agents CFD (?). C'est certainement le dernier voyage de la "Zézette", surnom amical des autorails de la ligne. A gauche le baraquement de la place de la gare. Il se pourrait bien que ces deux photos aient été prises le même jour. Son emplacement sur la photo aérienne est symbolisé par le petit motif jaune.

Collection Georges Desjulets.

C'est au même emplacement, mais sous un angle inversé, sous un ciel plus clément, que le Billard 316 avait été photographié antérieurement. On reconnaît, à gauche, le deuxième baraquement ainsi qu'au dessus, le toit de la maison bourgeoise.

Photo déjà montrée.

[242TE66]

Merci pour ces documents.

Ce pourrait bien être le 305: sur les deux photos on voit que la tôle est un peu enfoncée à côté du pare-brise droit, dans le sens de la marche. Selon Gogol, la maison bourgeoise était toujours là en 2019... et le bunker aussi, en grande partie masqué par la végétation.

242TE66

[Tirefond]

J'avais remarqué beaucoup de détails mais pas celui-là...C'est donc très certainement le 305, pris en photo le même jour.
Le reste des témoins est effectivement toujours là. Maison et bunker. Les baraquements ont bien sur disparus.
Si vous voulez visiter le bunker rendez-vous page 9 de ce fil...
Bonne visite !

[Beyer-Garrat]

Toujours de belles trouvailles photographiques

[YVES]

Rembobinons le fils de cette intéressante étude et arrêtons nous quelques instant en gare de Cherves

16 - Cherves Gare.jpg

A proximité de la gare de Cherves se trouve les carrièrres de "platre" de Chamblanc abordé par Malcolm un peu plus haut .J'ai eu envi d'en savoir un peu plus sur ces carrière de gypse toujours en exploitation

Voyons ce qu'en dit le site" Le patrimoine industriel de Poitou-Charentes"
Le 9 juillet 1878, Pierre Danizeau puis Garandeau frères a l'autorisation de construire un four à plâtre au lieu-dit l'Etang, afin de pouvoir exploiter les carrières de gypse de Montgaut et de Champblanc.
Au début du 20e siècle, l'usine possède sa propre gare et un embranchement ferroviaire pour le chargement des wagons à l'intérieur des bâtiments.L'atelier de fabrication, l'atelier de réparation (menuiserie) et la cité ouvrière
sont en moellon enduit, couverts de tuile creuse. L'ancienne gare à un étage, est en moellon enduit, couverte de tuile mécanique. Le bureau à un étage, est en béton, couvert de tuile creuse. L'ancien concasseur devenu silo
en béton est avec essentage de tôle et couverture de tôle ondulée. Le four moderne est en béton et métal, dit bardage, couvert de ciment amiante. Le château d'eau est en moellon enduit.

16 - CHERVES.USINE A PLATRES DE CHAMPBLANC.LA CARRIERE.1918.jpg

16 - Cherves Richemont salle machines Champblanc.jpg

16 - Champblanc usine à plâtres de CHAMPBLANC, cour intérieure.jpg

Le type d'exploitation a permis très tôt l'emploi d'engins mécaniques lourds avec toujours l'omni présence de la voie ferrée :

16 - CHAMPBLANC Carrière à plâtre Pelle à vapeur pour la découverte.jpg

16 - CHAMPBLANC carriere pelle a vapeur.jpg

La carrière était embranché sur les voies EC (en gare de Cherves ? disposait elle de machines en propre ? plans de voies ? encore pas mal de recherches ...)

Je n'ai trouvé que cette cp en très mauvais état des convois d'expédition

16 - USINE A PLATRE DE CHAMPBLANC TRAMWAY A VAPEUR TRAIN ALLANT A COGNAC.jpg

Ces carrières sont toujours exploitées par la sixième génération de la famille Garandeau l'ensemble du site a été rénové dans les années 80 et semble être la plus grosse exploitation de gypse de l'Ouest Européen

206-gypse-plaques-de-platre-et-recyclage.pdf

Ce site est doublement intéressant en recherche historique ,car c'est aussi l'un des plus grand gisement Français de fossiles tant en quantité qu'en qualité
https://dinonews.net/dossiers/gisements/cherves.php

Si quelqu'un a des infos complémentaires ......

- Des Corpet platrières... Retour à l'usine Daunizeau de Champblanc.
L'entreprise Dauzineau commanda chez Corpet-Louvet 3 locomotives, en voie de 80.
- N°1015, une 030T de 14t, baptisée Cognac, qui est sortie d'usine le 18.03.1904 - probablement la n°1 (voir cpa).
- N°1062, une 030T de 18t, baptisée La Platrière, qui est sortie d'usine le 28.10.1905.

- Ces deux 030T sont identiques aux machines construites pour le groupe Beldant Frères et Baert, pour les premières lignes du réseau des Ardennes, dont les militaires avaient imposé la construction en voie de 80 (030T CA n°1 sortie d'usine le 15.06.1895).
- N°1167, une 020T de 8,7t, sortie d'usine le 14.04.1908 - peut-être équipée d'une distribution Brown ?...

- Remarquer, cerclée en rouge, la machine avec l'abri hirondelle et ses deux petites ailes.
C'est tout simplement la 020T Corpet, une machine à nouveau identique à une loco des Ardennes : la machine de travaux 020T surnommée le "Coucou" (N° d'usine 627, livrée le 15.05.1895).

- Reste à identifier la loco cerclée en bleu. En regardant attentivement la forme des caisses à eau, elle me fait penser à la machine sauvegardée par l'AMPEVE et exposée à Pithiviers : est-ce une 020T Heilbronn ?

Pour en savoir plus sur la platrière Danizeau de Champblanc, consulter le dossier sur le site d'inventaires ferroviaires :
http://www.inventaires-ferroviaires.fr/hd16/16097.1.pdf

[oie galopante]

Bonjour Yves.

Un membre de l'IRS (Rob Pearman) m'a envoyé cette liste il y a quelque temps. Il comprend un Heilbronn, ce qui confirme ta pensée. Certaines listes enregistrent Corpet 1015 comme 020T.


I've got a Garandeau frêres owning a gypsum quarry and plaster factory at Champblanc near Cherves. Gauge 800 mm. At least 8 locomotives were in use including :

040T Decauville 363/1903 CHAMPBLANC
060T Corpet-Louvet 1015/1904 COGNAC
060T Corpet-Louvet 1062/1905 LA PLATRIERE
040T Corpet-Louvet 1167/1908 (Brown valve gear)
040T Heilbronn 618/1917 rebuilt from 600 mm
040T Hanomag 7297/1914 N°8
4W DM Billard T75T 222/1946

an unknown Orenstein & Koppel and probably two others obtained after WW1 from war surplus.


J'espère que cela aide.