Revenons à la Flotte.
Au fait, pourquoi ce nom à mon patelin ? Sans doute parce que la vaste baie, abritée des vents dominants d'ouest par l'île de Loix (hé oui, c'est une autre île), était propice à y faire reposer une flotte de navires à l'abri du gros temps.
Donc, nous "descendons sur le port" en suivant le cours Félix Faure. Mais, pour remettre les choses dans leur contexte, il faut d'abord restituer le décor de 1898.
Pour cela, mise à la même échelle du cadastre de 1843 et de la vue aérienne de 1950, car entretemps le fond du port (quai sud) a été réduit pour élargir la départementale vers 1947 ou 48. Les parties hachurées sont donc "récentes".
Il faut dire que le port, créé au 17e siècle, a beaucoup évolué, avec la disparition progressives des cales, notamment. Et il va bientôt (2016 ?) être défiguré par une gigantesque porte destinée à fermer le bassin lorsqu'il y aura risque de submersion : on a beau dire aux "spécialistes"

que l'eau fera le tour parce que l'eau, c'est de niveau, il semble que non, elle suivra les panneaux "l'eau est priée de (ne pas) passer par là"

.
On distingue bien sur certaines cartes postales la fissure engendrée par le tassement du nouveau remblai dans les pavés, et même quelques années après dans le bitume qui les recouvre.
Voici le tracé approximatif des voies autour du port...
..., les cartes postales d'époque...
... et aujourd'hui, à peu près sous le même angle.
Les tronçons des quais sud et est, accessibles par des plaques tournantes, devaient sans doute desservir la Compagnie Rhétaise dont les navires arrivaient à quai à l'entrée du bassin. Ces rails n'ont pas laissé de traces photographiques sur les cartes postales de 1909, donc ont disparu avant, sans que je puisse préciser la date.
On notera la géométrie curieuse des voies et la drôle de tronche de la plaque tournante à l'angle sud-ouest

. On notera aussi qu'en 1957, plus rien ne paraissait, je le sais, j'y étais ! (et en tenue d'époque, s'il vous plaît. On ne se moque pas...

).
La voie ferrée a donc progressivement régressé, interrompue ensuite devant la distillerie Margotteau, dont une partie a disparu à la fin des années 40 pour créer le stationnement actuel, et l'autre est devenue l'excellente "maison du Platin"

, petit musée local qui parlera bientôt du p'tit train à la Flotte, je m'en charge !
La suite, je vous l'ai déjà racontée : la voie sera déposée sur l'intégralité de sa pénétration en ville en 1929, pour ne desservir que la nouvelle "gare extérieure".
Deux anecdotes pour finir le sujet :
Avant que le tour du port soit chaussé de pavés blancs bien glissants les jours de pluie et dangereux en cas de verglas

, on voyait apparaître après une ondée des enfoncements remplis d'eau régulièrement disposés sur le bitume : les traverses n'ayant pas été retirées avant la réfection de la voirie, elles pourrissaient lentement et le sol s'enfonçait à leur emplacement ! j'ai une photo quelque part, faite après une pluie d'orage, mais où ?
Aussi, une curiosité ferroviaire, encore visible celle-là : la voie qui remontait le quai ouest en évitant les cales et l'escalier s'incurvait brutalement pour s’arrêter au pied d'une bitte, ce qui n'est pas un gros mot lorsque cela s'écrit avec 2 "t"

. On en distingue encore la trace dans la forme de l'enrobé, en 1953 (Pourquoi 1953 ? Parce qu'on refait la grande jetée) :
J'ai bien dit "La voie s'arrêtait". Pas les wagons dont le tampon central a marqué de manière indélébile le côté de la bitte !
(Merci au soleil rasant de Noël qui rend la photo plus explicite !).
La prochaine fois, on monte à la capitale...
Mais avant,

le lapin...