par gnr37 » 16 08 2014 à 23:23
Bonsoir.
Avant de continuer plus loin, je reviens sur le dépôt de Reinange. J'avais oublié de parler de ce qui
s'y est passé un peu avant l'arrivée des troupes allemandes.
Récit tiré du livre de JB Wahl sur la voie de 60 militaire.
Début juin, en raison de l'évolution catastrophique de la situation militaire sur une grande partie du front, un plan de repliement du matériel et de sa destruction éventuelle est étudié dans les moindres détails. Les explosifs sont répartis dans des abris suivant leur destination de façon à se trouver à pied d’œuvre.
Le 13 juin 1940 à 20 heures, le capitaine Fournier reçoit du capitaine Moretti, commandant la compagnie, l'ordre de replier son détachement après avoir effectué la destruction de tout le matériel fixe et roulant.
Au même moment, les troupes d'intervalles et une partie des équipages d'ouvrages évacuent sur ordre la position fortifiée et se replient. Bombardements d'artillerie et d'aviation allemande et, dit-on, italienne sont fréquents.
Aussitôt l'ordre reçu, le capitaine Fournier fait rassembler les sections, préparer les paquetages, incendier les wagons-cantonnements et, sous le commandement du lieutenant Mallaroni, met son détachement en route à pied vers Metz, en vue de faire jonction à Ay-sur-Moselle avec les sections venant de Rurange. Il garde avec lui le lieutenant Reboul, l'adjudant-chef Gonot et quelques sapeurs pour mettre en œuvre le dispositif prévu.
Le lieutenant Reboul est chargé de la mise hors d'usage du matériel se trouvant sur le gril de la tête d'antenne et de partir immédiatement rejoindre le lieutenant Mallaroni sur la route de Metz. Le capitaine Fournier se réserve, avec l'adjudant-chef Gonot, la destruction de toutes les installations du dépôt, des magasins, de l'essence et des engins de traction situés à proximité.
Le lieutenant Reboul met hors d'usage 8 locotracteurs Crochat par grippage du moteur à essence et destruction à l'explosif des quatre moteurs électriques, du contrôleur et de la magnéto. Il détruit aussi les pointes de cœur des aiguillages et deux locomotives Péchot par des charges placées dans la tubulure et contre le levier du régulateur. Enfin, il parvient à détériorer 20 plates-formes 1888.
Les mêmes procédés sont employés pour détruire les engins à essence ou à vapeur à proximité du dépôt. Le groupe électrogène est mis hors d'usage à la masse. Le magasin à pièces de rechange est incendié, ainsi que le charbon et les 9 000 litres d'essence.
Quant aux bâtiments de l'atelier et du dépôt, constitués de fermes métalliques avec murs en briques et couverture d'ardoise, des charges sont placées contre les montants de toutes les fermes et reliées entre elles par cordeau détonant de façon à n'avoir qu'une mise à feu pour toutes les charges. À 00h30 le 14 juin, l'explosion se produit.
La nuit et surtout le manque de temps ne permettent pas de constater les résultats. Le capitaine Fournier rassemble son petit détachement et prend à son tour le chemin de Metz et, de là, celui de Jouy-aux-Arches, où il rejoint la compagnie.
Il était, malgré tout, parti d'Imeldange avec une arrière-pensée, celle de revenir, si possible de jour, pour constater et au besoin compléter les destructions effectuées. Les menaces d'encerclement se précisaient de plus en plus. Les nouvelles recueillies au passage sont alarmantes puisqu'on dit que les Allemands avaient atteint Langres et se dirigeaient vers la frontière suisse.
Le capitaine Fournier tient à ce que le matériel qui lui avait été confié ne tombe pas intact aux mains de l'ennemi dont la pression semble s'accentuer. Aussi obtient-il du capitaine Moretti l'autorisation d'utiliser un side-car pour retourner à Imeldange. L'adjudant-chef Gonot l'accompagne et, le 14 au matin, les deux hommes font en sens inverse le chemin parcouru dans la nuit.
Après avoir fait un relevé sommaire des destructions (bâtiments détruits, matériel roulant fortement endommagé, etc.), les deux hommes les complètent en incendiant tout ce qui pouvait encore brûler avec trois bidons d'essence échappés à l'explosion. La découverte de quelques pétards permet d'achever la destruction des organes principaux de tous les engins (réservoirs d'essence et moteurs des Crochat, tiroirs des locomotives, etc.). Une demi-heure après leur arrivée, une seconde explosion transforme le dépôt en un amas de ferraille.
La destruction cette fois complète, les deux hommes reprennent leur side-car pour rejoindre la compagnie par la rive droite de la Moselle, les premiers éléments allemands étant signalés sur la rive gauche entre Thionville et Uckange.
Oups!