par Tirefond » 20 10 2012 à 01:29
Bonjour,
En lisant l'article de Charles-Eudes Bonin de 1909, ainsi que le site sur les Chemins de fer de l'Etat Libanais (dont les liens sont donnés plus haut dans ce fil) on s'aperçoit que la "Société des Chemins de fer Ottomans Economiques de Beyrouth-Damas-Hauran" (BDH) avait deux autres ambitions :
- joindre Damas à Alep et, plus au Nord, au reste de l'Empire Ottoman (attention, on est en 1909...);
- prolonger la ligne Beyrouth-Damas d'une ligne Damas-Muzeirib, d'orientation Nord-Sud à partir de Damas, afin de desservir la plaine fertile du Hauran qui s'étend au sud de Damas jusqu'à la frontière jordanienne et dont, aujourd'hui, la ville principale est Deraa.
Pour ce qui est de la liaison vers Alep l'affaire fut réglée par la création de la liaison en écartement standart Rayack-Homs-Alep, mise en service en 1902 jusqu'à Baalbeck, et 1906 jusqu'à Alep. Depuis Damas, comme depuis Beyrouth d'ailleurs, la correspondance voie étroite-voie standart est assurée à Rayack. (A ma connaissance une liaison directe Damas-Homs en voie normale n'a été construite, intégralement en territoire syrien, que dans les années 1980).
Pour ce qui est de la liaison vers le Sud l'ambition fut satisfaite dès 1894 alors que la branche "principale", Beyrouth-Damas, au tracé montagneux, n'ouvrit qu'en 1895.
La modeste cité de Muzeirib se trouve à une quinzaine de kilomètres de Deraa. Je n'ai trouvé aucune explication à ce terminus, et encore moins d'indications de trafic. S'il s'agissait de développer puis d'évacuer une production agricole, peut être ce site était-il aussi commode que celui de Deraa dont l'importance n'est peut être que très récente (c'est aujourd'hui une capitale de province mais à l'époque...) ?
En tout cas, elle fonctionne à partir de 1895 vraisemblablement avec le même matériel que celui de la ligne Beyrouth-Damas. La soudure entre les deux lignes s'effectue en gare de Damas-Midan.
Son sort se complique à partir de 1904-1905. En effet, depuis 1900, l'Empire Ottoman, avec l'aide allemande, entreprend la construction du Chemin de Fer du Hedjaz dont l'origine, la gare de Damas-Cadem, n'est qu'à quelques centaines de mètres de la gare du BDH, devenu entre temps "Damas-Hama et prolongements" (DHP). Un embranchement sera tout de même créé à Damas entre les deux réseaux.
Pour l'acheminement du matériel de construction importé d'Europe et pour éviter l'utilisation de la ligne concurrente déjà existante du DHP Beyrouth-Damas, l'empire Ottoman construit en 1904-1905 la ligne Haïfa-Deraa. Pour une raison ignorée (de moi, en tout cas) celle-ci passe à Muzeirib et un raccordement est créé entre les deux réseaux.
La construction du CdF se poursuit et atteint Médine le 22/8/1908.
Bien sur, entre Damas et le Hauran le CdF du Hedjaz siphonne le trafic du DHP qu'il doublonne.
De plus, peu d'années ensuite éclate la 1ère GM. Les besoins en matériel étant toujours monstrueux en temps de guerre, les turcs et les allemands récupèrent le matériel de voie du DHP, en 1915, d'autant plus facilement qu'il s'agit d'une compagnie française.....
Ainsi cette éphémère ligne d'un peu plus de 20 ans reste-t-elle une espèce de fantôme dont je n'ai pas trouvé de photos.
Par contre les vues satellites permettent parfaitement de suivre son tracé qui est maintenant largement transformé en voie routière. Je me suis amusé à restituer son tracé sur une portion de la carte que j'avais déjà mis en ligne. La re-voici avec le tracé en rouge vif barré de traits noir. Je n'ai renoncé que dans la banlieue de Damas à cause de l'urbanisation récente.
Ce qui est amusant c'est que, tant en plan qu'en profil, son tracé semble bien meilleur que celui, voisin, du CdF du Hedjaz....
Tant qu'à faire il aurait certainement été plus judicieux, techniquement parlant, en 1915, de déferrer celui-là.....
- Fichiers joints
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Carte IGN 1945-Syrie-Ligne Damas-Muzeirib