BOULEUSE, LA GUERRE, L'ARRIERE-FRONT ET LE C.B.R.La gare de Bouleuse a vu son trafic démultiplié pendant la première guerre mondiale.
D'abord ce furent les civils, réfugiés en 1914.
Paul Hess, témoin de la guerre à Reims, raconte :
« Les voyageurs qui empruntent la ligne du C.B.R. de Reims à Dormans, doivent être munis de laissez-passer visés par la place de Reims… »
« Depuis que le C.B.R. a repis le service sur Fismes et Dormans, le nombre de nos concitoyens qui en ont profité pour évacuer la ville, se chiffre par près de 6000... »
De plus, un peu comme le Meusien avec Verdun, le CBR joua un rôle dans l'approvisionnement de la ville de Reims et du front. Le trafic augmenta jusqu'à atteindre 400 Tonnes par jour entre Dormans et la gare de Sainte-Euphraise.
Et lors de la préparation de l'offensive du chemin des dames, en 1917, le C.B.R. a vu se développer des embranchements et des déviations pour desservir les installations militaires, ainsi que l'amélioration de l’interconnection avec la VN.
Bouleuse devint un des centre de l'arrière-front champenois.
Un terrain d'aviation y fut implanté, fréquenté entre autre par l'escadrille 210.
Pour en savoir plus : http://albindenis.free.fr/Site_escadril ... e210-3.htmEt le petit village se retrouva à la pointe du progrès médical grâce au docteur Regaud. Claudius Regaud (1870-1940), médecin, fondateur de l’institut du radium avec Marie Curie, poursuivit ses recherches sur les applications de la radiologie, innovant dans le domaine de la médecine de guerre. Il créa à Bouleuse, en 1916, le Groupement de services chirurgicaux et scientifiques. Ce fut aussi un des pionnier de la lutte contre le cancer.
Source : http://ufacbagnolet.over-blog.com/artic ... 07717.htmlMais le C.B.R. c'était aussi l'espoir de partir en permission :
L'action se passe à Sarcy, la station CBR juste après Bouleuse, sur la ligne de Dormans.
"1er avril. J’apprends à 15 heures que je pars en permission ce soir. A 17 heures, Blangonnet m’apporte ma permission. Je mange la soupe aussitôt et je vais à la gare (de Sarcy) me renseigner sur l’heure du passage du C.B.R. se dirigeant vers Dormans. Justement l’heure est dépassée de 2 minutes et en repartant j’aperçois à 2 Km le train qui arrive ; je ne fais qu’un bond vers le cantonnement situé à 100 m de là, mais obligé pour ce faire de traverser un cours d’eau qui allonge la route de 200 m, c’est essoufflé déjà que je saute sur ma capote, mon casque et ma musette. Le temps de crier « au revoir » à tous, sans serrer la main d’Achille qui me court après, criant « merci pour la poignée de main ! » et j’aperçois le C.B.R. quittant la gare. Je le coupe à 200 m espérant que le mécano va ralentir, mais ce dernier me dit qu’un second train le suit. Pendant ce temps, les camarades au bord de l’eau hurlent : « l’aura ! l’aura pas ! l’aura ! ». Aussi est-ce au milieu d’une infernale ovation que je grimpe dans une voiture bondée. Tant bien que mal, le C.B.R. menaçant de caler à tout instant, nous arrivons à Dormans vers 19h15."
Extrait de "Journaux de Combattants & Civils de la France du Nord dans la Grande Guerre » Annette Becker, PUF, 1998.De fait, à partir du 28 mai 1918, Bouleuse et sa gare se retrouvèrent dans l'axe de l'offensive allemande vers la Marne. Jusqu'au mois d'Aout, la ligne fut exploitée par les troupes allemandes, qui refluèrent ensuite face à la contre-offensive des alliés. "J'attends les chars et les Américains" disait Clémenceau..
En 1918, la gare était en ruine. 2 baraques Adrian faisaient office de station lors de la reprise de l'exploitation.
La gare actuelle est donc caractéristique de l'architecture de la reconstruction, appliquée par le CBR.
Pas de transformations majeures, mais des perfectionnements. Le fameux escalier extérieur est reconstruit dans une cage d'escalier maçonnée. La porte coté jardin de la salle voyageur n'est plus qu'un accès de service qui permet à la gérante d'accéder à ses appartements sans subir les pluies d'automne et le froid de l'hiver.
Photo réalisée dans la gare fantôme d'Anthenay, endroit lugubre, l'escalier, à droite la porte de service, dos au photographe la porte de sortie et sous l'escalier, la descente de cave.
N.B. : un grand merci à Madame la Chef de gare de Bouleuse, pour son accueil sympathique et son autorisation de photographier sa gare.Pour en savoir plus sur le CBR et la guerre : Claude Wagner, "le C.B.R. ...", tome 2, Chap. 3 "Le C.B.R. pendant la première guerre mondiale (1914-1918), p. 5.
A Suivre...
Une entreprise qui n'a jamais acheté une Corpet neuve !!! Est-ce bien une compagnie ferroviaire sérieuse ?!...