Encore un beau modele
Pour le prochain modèle, je suggère deux chansons de travail , toutes deux de Boris Vian, interprétées par les Frères Jacques (l'un d'eux vient de nous quitter) :
1) Le tango interminable des perceurs de coffre fort Paroles de la chanson Le Tango Interminable Des Perceurs De Coffres-Forts :
Les Frères Jacques
Tango interminable des perceurs de coffre-fort
Paroles: Boris Vian. Musique: Jimmy Walter 1954
Nous sommes partis par une nuit plutôt nocturne
Nous quatre Dudule le gros Victor et l'Amnésique
Nous avions collé des semelles crêpes à nos cothurnes
J'portais les outils la pince monseigneur l'chalumeau oxhydrique
J'étais rencardé sur un boulot plutôt pépère
Trois kilos de diams de la perlouse et puis du jonc
C'est pas si souvent que l'on dégote une bonne affaire
Ce soir entre tous fallait pas faire les cornichons
Attention ! Garez-vous ! Ce soir on les attaque
Les bourgeois, les salauds, va bien falloir qu'ils raquent
On n'est pas sur le tas pour jouer d'l'ophicleïde
On va prendre un gros coffre et lui crever le bide
On perce !
L'gros Victor, prends la chignole
Toi Dudule fais pas l'mariole
Tu la boucles ou bien sans ça
On perce !
L'amnésique a la courante
Ils se mettent tous en carante
Ma parole c'est bien des tantes
Perverses
Si ces crétins continuent
Je les renvoie dans la rue
Avec un coup d'pied dans l'cul
Ça berce !
L'chalumeau s'met à rôtir
L'coffre-fort il va souffrir
On va l'mettre sans mollir
En perce !
Nous sommes sortis avec du fric plein nos chaussettes
Ce vieux coffre-fort était bourré comme un baron
Y avait d'quoi s'offrir de la tortore et des fillettes
Mais au coin d'la rue v'la Dudule qui s'écrie : " les mecs on est marrons "
Les poulets grouillaient comme à Houdan un jour de foire
L'Amnésique ému s'est mis à pleurer comme un veau
Il ne manquait plus à la basse-cour que les canards
Et voilà l'Aurore qu'arrive avec le Figaro
C'est fini les poteaux ce soir on couche au gnouf
Plus d'osier, plus de filles et surtout plus de bouffe
Les barreaux de la cage se referment sur nous
Mais demain pour ma part j'commence à faire un trou
On perce !
J'ai démonté mon plumard
Pour y prendre une petite barre
Et du matin jusqu'au soir
Je perce !
Dans la cellule d'à côté
L'Amnésique en train d'gratter
Va bosser jusqu'à c'que ça
Traverse !
L'gros Victor ce vieux feignant
Reste sur son pieu tout l'temps
A chanter l'marché Persan
Ça berce !
Si on a un p'tit peu d'pot
Spécialistes du boulot
Sûr qu'on s'ra sortis bientôt
On perce !
Nous avons creusé pendant deux ans sauf le dimanche
Y a rien de plus dur que cette salop'rie d'béton
Nous quatre Dudule on peut pas dire qu'on soye des manches
Mais j'aim'rais mieux faire, comme les marchands d'gruyère, des trous dans du from'ton
Et puis un beau jour en limant l'dernier bout d'ferraille
Par le trou du mur j'ai vu soudain luire le beau blond
Vrai, ça fait plaisir, un résultat quand on travaille
C'est la récompense des gars honnêtes et ça c'est bon
Attention les poteaux ce soir on met les voiles
Attachons bout à bout nos jolis draps de toile
C'est l'moment de montrer qu'on est les rois du sport
On était bien soignés mais on est mieux dehors
On perce !
L'gros Victor descend l'dernier
Comme ça s'il fait tout péter
Nous autres on sera passés
On perce !
On a d'la veine les amis
Car tout le jour d'aujourd'hui
Il tombait une de ces pluies
A verse
(*) Ça y est nous voilà sauvés
Mais maint'nant i faut foncer
Y a un job à préparer
Commerce
Pendant qu' j'étais au mitard
J'ai monté un coup mastard
On berce !
Bonsoir !
{Variante, reprise à (*): }
Nous voilà enfin planqués
Les diams sont récupérés
Et une barrique vient d'claquer
En perce !
L'Amnésique se fixe à Niort
Dudule en Corée du Nord
Et l'gros Victor choisit l'port
D'Anvers
Ils veul'nt continuer l'boulot
Mais moi je trouve ça idiot
J'vais laisser tomber mollo
L'commerce
Et comme j'aime les fleurs des champs
J'ai choisi un coin charmant
J'me retire à Ispahan
En Perse !
Sur les ro-o-ses.
2) La java des chaussettes à clous Paroles de la chanson La Java Des Chaussettes a Clous :
Très mutines, toujours accortes
Elles donnent à qui les portent
Une grâce virile et forte
Et toujours de très bon aloi
Dépouillées de toute équivoque
D'un noir d' encre , sans rien qui choque
Cuir de vache ou bien façon phoque
Elles prennent force de loi.
Ce sont les chaussettes à clous
Compagnes chéries des chastes gendarmes
Oyez le plaisant vacarme
C'est là tout le charme
Des chaussettes à clous.
- Gendarme Combaluzier
Avez-vous ciré vos godasses ?
- Oui brigadier
- Alors veillez à ne pas les gâter dans quelque colombin
Depuis l'aube au crépuscule
Ignorantes du ridicule
Elles portent à qui circule
Les conseils du simple bon sens
Pour régler les tristes querelles
Des voyous et de leurs donzelles
Elles dansent la tarentelle
Sur les pieds de tous les feignants
Ce sont les chaussettes à clous
Compagnes chéries des brillants gendarmes
Remède à toutes les larmes
C'est là tout le charme
Des chaussettes à clous.
- Gendarme Edoux-Samain
Combien de contredanses avez-vous exécutées ce matin ?
- Cent treize, brigadier
- Gendarme, ce n'est guère!
Attention, on vous surveille
Ustensiles fort sociables
Elles prennent un contact aimable
Avce l'œil ou avec le râble
Du badaud qui ne sert à rien
Réformant la jeunesse oisive
Elles font propagande active
Dans le ventre ou dans les gencives
Des crétins du Quartier latin.
Ce sont les chaussettes à clous
Compagnes chéries des humbles gendarmes
Parure en même temps qu'arme
C'est là tout le charme
Des chaussettes à clous.
- Gendarme Otis Pifre, vous avez de la cervelle sur votre chaussure gauche
- Excusez, brigadier...
- La prochaine fois, essuyez-vous aux cheveux du prévenu
Très discrètes , c'est sans histoires
Pendant les interrogatoires
Qu'elles aident ceux du prétoire
De leur poids et de leur sagesse
Respectant toujours la cadence
Elles brisent joyeuse danse
Les tibias et la résistance
Des malfrats vaincus qu'on confesse.
Ce sont les chaussettes à clous
Des juges si doux, zélés auxiliaires
Calmez toutes vos alarmes
Vivons sous le charme
Des chaussettes à clous.
Calmez toutes vos alarmes
Vivons sous le charme
Des chaussettes à clous.