Il y a donc beaucoup de trains dans ces petites gares perdues que sont Rembercourt-aux-Pots (aujourd'hui Rembercourt-Sommaisnes pour cause de fusion) et Lisle-en -Barrois - Les Merchines.
Les "Chaixophiles" (ou "Chaixopathes, comme on veut...) se penchaient toujours avec délices dans les voyages-papiers, quand le Chaix existait encore....
(aparté : je me demande pourquoi on ne trouve pas de Chaix anciens dans les brocantes ? La diffusion en était elle si restreinte ? Si quelqu'un a un début de réponse, ça m'intéresserait...).
Bon, retour à Rembercourt : c'est dans les horaires que l'on trouve la réponse à cette abondance ferroviaire. En effet toute l'astuce consiste, pour les horairistes, à concilier la règle des trois trains par jour tout en ménageant des correspondances dans les gares de contacts de façon à ne pas augmenter le nombre de trains. Dans un réseau en H, ça ne peut se faire qu'au détriment de l'une des branches.
Ainsi, toujours pour Rembercourt, dans l'ordre chronologique, voici ce que ça donne pour les circulations de la mi-journée.
- 11h 01 : arrivée du train de Lisle en B.
- 11h 03 : arrivée du train de Bar le D
- 11h 07 : arrivée du train de Verdun
- 11h 08 : départ du train pour Verdun
- 11h 11 : départ du train pour Bar
- 11h 20 : départ du train pour LeB
Je ne sais pas si les 4-5 mn d'arrêt des trains de et pour Verdun et Bar le Duc laissaient le temps d'échanger des wagons de marchandises mais ça me semble improbable !
La "navette" assurant le service sur le "barreau" pour Lisle en Barrois avait le temps de tourner sa locomotive (19 mn). Je n'ai toutefois pas discerné de plaque sur la PVA laquelle, au grossissement, devient floue.
En tout cas, comme le montre la CPA, ça devait être 20 belles minutes de chemin de fer rural !
Plaçons nous maintenant à Lisle en B-Les Merchines, à la même période :
- 10h 35 : arrivée du train de Triaucourt
- 10h 47 : arrivée du train de Revigny
- 10h 53 : départ de la "navette" pour Rembercourt
- 11h 29 : retour de la "navette"
- 11h 35 : départ pour Triaucourt
- 11h 37 : départ pour Revigny
On voit que c'est clairement la ligne Revigny-Triaucourt qui est désavantagée avec 62 et 48 mn de correspondance !
Mais y avait-il vraiment une "navette" dédiée au "barreau" Les Merchines-Rembercourt ? Rien n'est moins sur car cela aurait immobilisé de manière improductive une locomotive, des voitures et du personnel pour quelques dizaines de minutes quotidiennes. De plus, la gare Des Merchines ne semblant posséder qu'une voie d'évitement, où garer une troisième rame ?
De ce fait je pense, sans en être sur bien entendu, que l'un des deux trains, soit en provenance de Revigny, soit de Triaucourt, continuait vers Rembercourt, tournait sa locomotive dans cette gare qui semble bien équipée, et revenait aux Merchines pour continuer vers Revigny ou Triaucourt. Ce qui expliquerait que l'on soit en présence de
trois trains en gare de Rembercourt mais seulement de
deux aux Merchines, orientés dans le même sens. Celui qui restait en attente aux Merchines pouvait utiliser le triangle de voies pour se retourner puisque, pour desservir la gare, il était obligé de s'engager sur le "barreau".
Les horaires de 1914, avant la catastrophe, pour vérifier mes petites élucubrations...
Continuons maintenant vers Beauzée sur Aire via la Vau Marie. La trace de la ligne est toujours bien visible sur Google Maps
On arrive ici sur une plaine de quelque altitude où nait la rivière Aisne. La gare de La Vau Marie, du nom d'une ferme voisine, ne dessert absolument rien. C'est essentiellement, à mon avis, pour gérer la bifur, et les correspondances, vers Pierrefitte sur Aire.
On est également à cet endroit, sur le tronçon aménagé en double voie, de Rembercourt à Beauzée, pendant la bataille de Verdun (1916) pour améliorer l'acheminement des courants en provenance de Bar et de Revigny.
C'est aussi le théâtre de la bataille de La Vau Marie (septembre 1914) que Maurice Genevois, dont c'était le baptême du feu, a abondamment décrit dans "Ceux de 14". C'est l'extrémité de la bataille de la Marne qui a vu refluer les troupes allemandes. C'est aussi l'endroit où les photos d'après bataille montrent des centaines de fantassins fauchés par la mitraille, en pantalons garance et casquette sur la tête...
Après grossissement, la légende est intéressante.
Ces vues sont extraites de la série de cartes postales "Plein feu" qui utilisent des photo-montages et des vues de manoeuvres militaires.
La gare de La Vau Marie n'a, bien sur, pas été épargnée
Voici le site de la gare aujourd'hui. On repère, près du cercle jaune le monument commémorant la bataille.
En route pour Beauzée.
