L'écrivain Pierre Loti (1850-1923), natif de Rochefort, Charente Maritime, fut officier de marine et, à ce titre, navigua beaucoup. Ses voyages lui fournirent la matière première de plusieurs de ses oeuvres. Mais, non content des périples effectués en tant qu'officier de marine, il en finança d'autres, à titre personnel. C'est en effet au Proche Orient, et particulièrement dans l'empire Ottoman, que sa recherche mystique le conduisit (on se rappelle qu'à cette époque le Liban et la Syrie sont des provinces de l'empire Ottoman).
Ainsi, en 1894, alors que la construction de la ligne Beyrouth-Damas bat son plein, Pierre Loti, qui vient de Galilée, fait le chemin inverse : il va de Damas à Beyrouth en passant par les célèbres ruines de Baalbeck.
Voici ce que la traversée du Mont Liban par le col de Dahr el Baïdar lui inspire :
Pierre LOTI - Voyages au Moyen Orient - La Galilée - éditeur Arthaud (2012)
Déçu par sa quête, et peut être fatigué, il ne voit pas d'un bon oeil arriver le "progrès" importé par les européens, même si ce sont ses compatriotes qui sont à l'oeuvre !
Sa maison-musée pourra être visitée, à Rochefort, après restauration ---->
http://www.maisondepierreloti.fr/-------------------------------
Nous allons donc le croiser et commencer notre descente vers la plaine de la Bekaa.
Du col à la première gare, Mrejatt, il faut 6 km pour passer de 1 487m à 1 198m soit, en moyenne, une pente de 48,2 pour mille.
Voici les premiers kilomètres après le col.
Vue Google.
La flèche de gauche indique la sortie de la galerie faisant suite au tunnel, galerie dont on voit l'extrémité ci-dessous.
Sortie de la galerie et du tunnel, sous un autre angle.
Au fond et en haut, le col routier. Cl. B. Ludvigsen.
Ce cliché est pris au niveau de la flèche centrale.
Derrière le virage à gauche que vont prendre et la route et le train se trouve le pont de Namlieh.
Sur la carte ci-dessus il se trouve dans le cercle jaune. Son emplacement est maintenant occupé par une rectification de la route.
Admirez cette photo de la BNF Gallica !
La vue Google est plus récente que les deux clichés de B. Ludvigsen ci-dessous.
On se demande bien quel pouvait être l'intérêt stratégique de ce pauvre pont pour le "bousiller" à ce point ! Dans le règne animal il faut bien reconnaître que l'espèce humaine est l'une des rares à chercher quasi systématiquement à supprimer son voisin et à raser ce qu'il ou ce que ses ancêtres ont pu construire. Et elle y arrive !
(Commentaire HS mais qui devrait être bien reçu sur ce forum où j'ai cru comprendre que les participants étaient des gens qui construisaient, re-construisaient, faisaient vivre, revivre et maintenaient ou retrouvaient l'histoire des générations précédentes).
Une note plus gaie : cette belle photo de ce train mixte en plein effort qui monte vers le col.
Années 60-début 70' je pense.
Et, au détour d'un virage, nous apparait la riche plaine d'altitude de la Bekaa. Elle s'établit en effet à 900m. Ca n'obligera pas notre petit train à vaincre trop de difficultés trop longtemps pour l'atteindre ou pour, dans l'autre sens, la quitter.
Au fond, la chaîne de l'Anti-Liban qui marque la frontière avec la Syrie.
A suivre...
