Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

[oie galopante]

Je l'aurais demandé à M. Google.

Tournon (Google Streetview)

[Tirefond]

C'est formidable ce que l'on peut trouver en discutant le coup avec les uns et les autres...
Alors que je pensais que les CFD à Saintes étaient photographiquement complètement sous-représentés, contrairement aux EC, voici une superbe photo que Beyer-Garrat nous a communiqué, sortie de sa "boîte aux trésors".
D'abord, pour la situer, reprenons la PVA du pont provisoire et de l'entrée dans le faisceau de Saintes CFD :

Saintes CFD - Pont provisoire (après le bombardement de 1944) sur la route de Bussac, à l'entrée du faisceau de gare. PVA IGN Géoportail 1947.

Et voici le De Dion Bouton NC n° 303 quittant Saintes pour Burie et abordant, au pas certainement, ce même pont provisoire.

De Dion NC 303 en sortie de Saintes CFD, entre 1945 et 1950...

En se reportant à la PVA on repère, sur la droite, le levier d'aiguille d'entrée sur le faisceau et, tout à l'extrême droite, le dossier du tombereau stationné sur le tiroir voisin. On remarque que l'extrémité de la travée provisoire repose sur la culée d'origine mais qu'il existe une courte lacune entre cette culée et le remblai. Elle semble comblée par la pose directe de la voie sur des coupons de rail qui ont plié sous le poids des circulations...

[oie galopante]

Superbe photo.

Peut-être le même wagon dans la photo et la vue aérienne?

[Beyer-Garrat]

C'est très probablement le même

[Tirefond]

Oui, tout à fait.
On peut même couper les cheveux en quatre (split hairs...) et regarder de plus près encore :

17-SAINTES - BURIE, CFD Charentes 1950. Autorail De Dion NC. - Copie.jpg (35.32 Kio) Vu 4331 fois

Sous la flèche blanche, pas de problème, c'est bien le dossier du tombereau.
Sous la flèche jaune on dirait bien un couvert VN.
Et qu'y a-t-il sous la flèche bleue, en partie dissimulé par la fumée d'échappement de l'autorail ?
Hé bien moi j'y vois le couvert CFD en ruine qui stationne, en tête de la rame de véhicules détruits, près de la remise.

Saintes CFD 9.jpg (56.43 Kio) Vu 4331 fois

Grossissons un peu la scène et la tête de cette rame. Si, à droite, on distingue bien deux plats ou deux tombereaux, à gauche, en tête de rame, on reconnait, à mon avis, deux couverts. On distingue bien le toit à deux pentes caractéristique, sur le véhicule de droite. La porte a disparue, un rayon de soleil rasant pénètre dans le wagon. Sur celui de gauche, sous la flèche bleue, on a également un reste de toit à deux pentes avec une faitière passablement tordue. L'ensemble du wagon est très déformé, lui donnant cet aspect informe que l'on devine derrière l'autorail. Si on se réfère au cliché d'ensemble de la zone déjà montré, on s'aperçoit que l'angle de la prise de vue de l'autorail quittant Saintes permet tout à fait d'apercevoir cette ruine.
Enfin, pour finir, sur la dernière photo, on remarque, tout en bas, le long de la rame sinistrée et au plus près, la voie d'échange SNCF qui permet ainsi le stationnement du couvert VN que l'on voit sur le cliché de l'autorail.
Bien sur, ce couvert VN n'est pas présent sur la PVA. C'est normal puisque les deux clichés sont pris à des dates différentes.

[Beyer-Garrat]

Très belle recherche Tirefond bravo !
J'en ai encore quelques une à te soumettre dans tes régions de prédilection

[Tirefond]

Chuis prêt !

[Tirefond]

Bonjour,
La présence d'un blockhaus de la deuxième guerre mondiale dans la cour de la gare de Saintes ayant suscité quelques surprises, j'ai un peu creusé la question.
Re-situons nous :

Saintes CFD 5 - Copie.jpg (103.71 Kio) Vu 4165 fois

Les deux clichés suivants sont pris à peu près selon le même angle, à environ un siècle d'écart :

La ligne commune EC-CFD longe le blockhaus qui cache le BV SNCF. La photo ancienne est prise un peu plus en avant. La place de la gare a fait l'objet d'un remblaiement, à une date que j'ignore, se terminant par un mur de soutènement que l'on voit au fond de la photo moderne. Sur les clichés anciens, pas de mur de soutènement, la place descend en pente douce vers la voie EC-CFD. L'angle de prise de vue correspond à la flèche bleue n°1.

Voici maintenant le côté nord du bunker. Ce n'est apparemment pas un ouvrage de combat, ses moyens de défense étant des plus réduits. C'est, à mon avis, un abri pour le personnel allemand de la gare [surnommés les "banhofs" (gare) par les français]. Cette vue correspond à la flèche bleue n°2.

La porte d'entrée nord est protégée par le retour du blockhaus qui donne accès, par l'intérieur, à une embrasure (sous la végétation, flèche bleue), que l'on pouvait armer en cas de besoin.

Le côté sud, symétrique, ne permet plus de voir ni porte, ni embrasure, un local EDF ayant été construit, adossé, dans le retour. Cliché selon flèche bleue n°3.

La publication de l'ensemble des documents suivants m'a été gracieusement autorisée pour PME uniquement par monsieur Michel Souris, qui en est l'auteur, et provient de son blog sur la ville de Saintes "Culture-Histoire-M.S. 17".

[Tirefond]

Les dimensions tout à fait respectables de ce blockhaus (26,40 m sur 11,90 m) laissent supposer qu'il était conçu pour abriter une vingtaine de personnes, un effectif vraisemblable pour l'occupant qui avait à surveiller la gare de Saintes mais aussi les ateliers, le dépôt, le triage...et les CFD ! Les témoins de l'époque se souviennent très bien de l'emprunt du petit train par les militaires allemands cantonnés dans la campagne...
Dans la nomenclature des ouvrages militaires allemands normalisés (Regelbau), qui compte des dizaines de types, je n'ai pas trouvé ce modèle d'abri...
Suite et fin des photos de monsieur Souris :

Le relativement bon état de conservation du site semble venir du fait que ce bâtiment appartient toujours à la SNCF, qu'il est situé dans un endroit passant et qu'il est convenablement fermé.
Bon, je crois qu'on a fait le tour. La prochaine fois, on revient au train...

[Beyer-Garrat]

Très fouillé Tirefond remercie de notre part Mr Souris pour l'autorisation de publication de ses plans et photos sur PME .

Il semble effectivement que ce soit la un abri passif avec block FM peu répertoriés par la Sous Commission de Classement des Ouvrages militaires de l’intérieur Construit pendant les Hostilités (S.C.O.I.H.)
à la libération n'étant des ouvrages défensifs. Ils ont en majeurs partis aujourd'hui détruits, tout au moins dans les enceintes SNCF, comme ces abris cloche individuel :

Néanmoins un certain nombres (entre autres) subsistent en région Parisienne et sont répertoriés sur ce blog

http://fortifs.over-blog.com/article-16681896.html

[oie galopante]

Bonjour,

Merci à Michel Souris pour ses photos fascinantes. (Ses parents avaient un sens de l'humour, non? )

Il y a aussi un blockhaus près de la remise CFD sur la rue Taillebourg. Sur cette image Google la remise est à droite.

Saintes CFD - remise et blockhaus (Google 2011)

Ces photos ont été prises sur le toit du blockhaus. Les points rouges marquent le pont discuté ci-dessus et le tracé vers la gare.

Saintes CFD - Avril 2015

Saintes CFD - Avril 2015

[Tirefond]

Merci à Michel Souris pour ses photos fascinantes. (Ses parents avaient un sens de l'humour, non? )

Ah ! Ah ! Ah ! Je viens seulement de comprendre !!!

[oie galopante]

Bonjour à tous,

cette semaine, j'ai commencé mon exploration de la ligne CFD d'Angoulême à Matha. Cette ligne de l'intérêt local ouvert entre Angoulême et Rouillac en 1889, et entre Rouillac et Matha en 1896. La ligne a fermé en 1950.

Cet extrait de carte Michelin No.71 (1931) montre le trajet tortueux entre Angoulême et Rouillac.

Michelin No.71 (1931)

J'ai déjà couvert la section du terminus à la gare de l'Etat au pont sur la Charente dans ce fil: viewtopic.php?f=2&t=9179&start=15

Maintenant, je vais reprendre l'histoire, sur la rive ouest de la rivière dans la commune de Saint-Yrieix-sur-Charente. Cette vue aérienne de 1948 montre le chemin de fer.

Pont sur La Charente - La Galocherie (Géoportail 1948)

Après le pont sur la rivière, la ligne traverse les prés riveraines sur un talus incurvé, traverse un ruisseau qui se jette dans la Charente, passe à l'arrière de la propriété l'Houmelet, puis entre dans une tranchée avant de servir l'arrêt facultatif de La Galocherie.

Notez le passage (flèche rouge) derrière l'Houmelet. Je crois qu'il y avait un deuxième passage (marqué "?") qui a disparu parce que le talus a été enlevé à ce point. Le pont métallique sur le ruisseau et le pont voûté en pierre au-dessus du premier passage survivent aujourd'hui.

l'Houmelet - pont CFD (Juillet 2015)

l'Houmelet - pont CFD (Juillet 2015)

l'Houmelet - passage privé sous la ligne CFD (Juillet 2015)

l'Houmelet - passage privé sous la ligne CFD (Juillet 2015)

À La Galocherie il semble y avoir eu un petit abri pour les voyageurs, peut-être comme celui de La Tache (Matha - Burie, voir page 3). Cette vue aérienne de 1949 nous permet de voir un peu plus en détail. Le cercle rouge marque l'emplacement. Notez également que le chemin de fer semble passer sous la rue de Bellevue. Ceci est indiqué comme un passage à niveau sur la carte Michelin ci-dessus.

La Galocherie (Géoportail 1949)

À La Galocherie la seule trace du chemin de fer est cette courte section de tranchée. Pas de vestiges du bâtiment sont visibles.

La Galocherie (Juillet 2015)

Aujourd'hui, l'Allée du Champ de la Fossé occupe le tracé du chemin de fer sur le côté ouest de la rue de Bellevue. Mais la tranchée a été rempli et le pont a disparu.

La Galocherie (Juillet 2015)

Enfin, un image de Google Earth montrant la scène aujourd'hui.

Pont sur La Charente - La Galocherie (Google 2014)

Une grande partie du talus est toujours en place, mais il est fortement envahi par les arbres et les buissons. Bonnes chaussures et l'insectifuge essentielle.

Plus à suivre.

[oie galopante]

Bonsoir,

une petite correction sur le sujet du deuxième passage. Cette vue aérienne de 1922 révèle une route d'accès, de la rue de Bellevue, et ce qui semble être un pont sur la voie ferrée. Mais il a disparu aujourd'hui.

l'Houmelet (Géoportail 1922)

[oie galopante]

Bonjour,

après l'arrêt facultatif de La Galocherie, la ligne CFD passé à travers la campagne vers la prochaine gare de Vénat. La scène est très différente aujourd'hui en raison du développement urbain et de nouvelles routes.

Sur ces images de Google Earth, j'ai marqué le trajet de la voie ferrée avec des flèches jaunes. On peut voir qu'une partie de l'ancienne voie ferrée (environ 1300 mètres) est aujourd'hui une route nommée Rue du Petit Rouillac.

La Galocherie vers Vénat (Google)

Vénat (Google)

La gare de Vénat a été détruit par l'armée allemande le 27 Août 1944, en représailles à une attaque de la résistance. Trois jours plus tôt, le maquis avait pris en embuscade un convoi allemand au passage à niveau où le chemin de fer a coupé la RN.139 (Angoulême à Saint Jean d'Angely). Craignant des représailles, les habitants ont quitté le village pour se réfugier dans les bois près de la rivière. Heureusement, l'armée allemande n'a pris aucune autre action contre les villageois. Angoulême serait libéré le 1er Septembre - seulement cinq jours plus tard.

Aujourd'hui, une plaque commémorative est situé à côté de la D.939 près du site du passage à niveau. Une maison moderne se trouve maintenant sur le site de la gare.

Vénat (Juillet 2015)

Vénat (Juillet 2015)

Sur cette image de Google, j'ai marqué l'emplacement de la plaque. Un autre rappel du chemin de fer est la Rue de la Montée de la Gare sur le côté nord de la nouvelle N1141.

Vénat (Google)

Deux photos de l'ancienne gare peuvent être trouvés sur l'Internet. Les deux sont de mauvaise qualité. La première montre un groupe de personnes (le chef de gare et sa famille peut-être) a posé devant le bâtiment.

Vénat - la gare

La deuxième montre des voyagers embarquent dans un train vers Angoulême.

Vénat - la gare

En laissant Vénat, la ligne CFD a coupé la RN.139 (sur le passage à niveau précitée) et la IC.73. Ensuite, il a couru à côté de la IC.73 vers Fléac. Un peu avant la gare de Fléac, il y avait un autre passage à niveau de la RN.141 (Angoulême à Cognac). Aujourd'hui, la D.103 (qui a remplacé le IC.73) utilise l'ancienne plate-forme entre Vénat et Fléac.

La gare de Fléac est aujourd'hui une résidence privée bien entretenu.

Fléac - la gare (Juillet 2015)

Merci à l'Internet, nous avons une carte postale ancienne de comparaison.

Fléac - la gare

L'identité de la loco est pas clair - peut-être un 130T de la série 49-52 (SACM de 1889).

Plus à suivre.