ligne de Sens (89) à Nogent sur Seine (10)

[oliv89]

Bonjour

Je vous présente la ligne à voie métrique de Sens à Nogent sur Seine. Dont ma maison était l'une des gares.


PRESENTATION DE LA LIGNE SENS – NOGENT SUR SEINE

C’était une petite ligne métrique de 71 Km qui serpentait entre l’Yonne et l’Aube de 1925 à 1939. Elle desservait 23 localités dont 16 dans l’Yonne. Elle était composée de trois tronçons :

De Sens à Saint Maurice aux riches hommes : 32 Km avec 10 gares et 2 haltes.
De Saint Maurice aux riches hommes à Nogent sur Seine : 25 Km avec 7 gares et 2
haltes.
De Saint Maurice aux riches hommes à Villeneuve l’archevêque : 14 Km avec 2 gares et 2 haltes.

Elle était entourée par trois grandes lignes :

au Nor : Belfort-Paris
a l’Ouest : la P.L.M.
au Sud : Oléan – Chalons sur Marne (Chalons en Champagne) via Sens et Troyes.

Elle aurait du constitué un maillage reliant les secteurs de l’Oreuse et de Perce-neige à ces différents grands et petits réseaux s'ajoute la ligne de Sens à Egrevile et ses ramifications.
Les pétitions qui la soutenait, stipulaient qu’elle était indispensable pour désenclaver ces région.Elle devait assurée la liéson dirécte entre les villes de SENS et NOGENT sur SEINE. Elle devait contribuer au développement des différents commerces et entreprises locales présents dans la région comme des menuiseries, carrières et autre tuileries. Elle devait aussi faciliter le déplacement des récoltes et en
fin maintenir la population dans les localités desservies. Mais la petite et grande histoire en décideront autrement...

[steamer]

Elles n'ont pas vécus longtemps ces lignes:14 ans! En tout cas sujet interessant,as-tu des photos?

[oliv89]

ORIGININE DE LA LIGNE

Cette petite ligne n’aurait jamais vue le jour sans le très fort soutien de M. Jean Javal.
Polytechnicien, député de SENS et issu d’une grande famille de Villeneuve l’Archevêque.
Il possédait le domaine de Vauluiant (sur le tronçon de Saint Maurice aux Riches hommes à Villeneuve l’archevêque).
C’était un fervent défenseur du développement du chemin de fer dans le département et de leurs connexions avec les départements voisin.

Jean_Javal-1914 reduit.jpg (49.46 Kio) Vu 8589 fois

M. Jean Javal

Abbaye de Vauluisant

La décision de construire cette ligne fut prise par le conseil général en 1905 et les travaux débutairent en 1912.
M Jean Javal ne verrat jamais la fin de la réalisation de cette ligne.
Il est mobilisé en 1914 et décède le 15/08/1915.

[oliv89]

LA CONSTRUCTION

Réalisation de la voie

Le conseil général accepte le premier tracé le 28 Juin 1911. Mais suite à des problèmes rencontrés à Sens, l’étude est modifiée
Le tracé définitif est accepté le 15 Avril 1912. La construction débuta la même année.
les travaux sont confiés à l’entreprise Jean Couton à la Courneuve spécialiser dans la construction de chemin de fer.
Ile débutent à partir de Gisy les nobles non loin de Sens et prennent la direction de Saint Maurice aux Riches hommes puis de Sens.

Sur cette C.P.A. de la gare de Gisy les Nobles nous pouvons voir la loco qui remonte le convoi de ballast.
A l’avent de la gare il y a un dépôt de poteaux destiné à supporter la ligne téléphonique qui relie les gares.

Plan de l’implantation de la gare de Gisy les Nobles.


BV : Bâtiment Voyageur
GC 23 : Route cantonale 23
GH : Grue Hydraulique
H : Halle a bagages
PB : Pont
Q : Quai
RE : Réservoir d’eau


Selon les archives départementales:
il fut posé une ligne provisoire en direction d’une ballastière sur le territoire de Gisy les Nogles.
Cette ligne suivait la G.C.25 puis coupes la N5 (la D 606 en 2012 route de Paris).
Mais la il n'y a que Yonne...

PL gisy les nobles 2.jpg (295.78 Kio) Vu 8581 fois

[oliv89]

Ici nous voyons la dragueuse à godets qui fouille dans le bassin pour en extraire le ballast.

Nous pouvons voir des inscriptions sur tous les wagons, c’est le nom de l’entreprise qui réalisa de la ligne. (J.COUTON à La Courneuve )

Le ballast tombe dans les wagons par l’arrière. Un fois plein le convoi rejoint la gare de Gisy les Nobles.
Puis de la, il se dirige vers les chantiers en cours par la voie déjà posée.

Ici le convoi est en gare de Saint Maurice aux Riches Hommes.
De 1912 à 1914 il y aura 3 trains par jour qui transporteront les différents matériaux utilisés à la construction de la ligne.

En 1941 la voie est constituée de rails Vignol de 18Kg/m en 10 m de long

[oliv89]

Les Bâtiments voyageurs (BV)

Ils sont Commencés en même temps que la ligne en 1912.
Sur ce type de ligne on distinguait 3 types de gares.
Sur cette ligne seulement 2 modèles légèrement différents y était présent
Il y avait aussi des haltes constitué d’un simple poteau pour marquer l’arrêt.
A La chapelle sur Oreuse un bâtiment existant a été réhabilité .

Le modèle type 2 ici à St Maurice aux Riches Hommes
(ici les WC, la lampisterie et la halle à bagage ne sont pas encore construis).

Ici le modèle type 3 à Courgenay (sur le tronçon S.M.a,R.H. à Villeneuve l’A.).
Ce bâtiment est plus petit que le n°2 avec une petite fenêtre en moins.

[steamer]

merçi pour ces documents,on attends la suite avec impatience!

[oliv89]

Les travaux vont continuer jusqu'a la veille de la mobilisation générale de 1914. Au 2/08/1914 Les gares ne sont pas finies. La ligne est posée jusqu’à Nogent sur seine où le pont sur la Seine n’est pas construit. En direction de Sens la ligne est posée jusqu’à proximité de la Gare de l’Est de la ligne Sens - Troyes. Mais là, c’est la traversée de l’Yonne qui à posait problème. Les travaux du pont devaient être commencér. En direction de Villeneuve l’Archevêque seul 5 km de ligne sont posée. Bien que ce document annoncent la location du domaine de Vauluisent en 1916, indique que le train passe devant l’entrée du domaine.

La guerre éclate le 04/08/1914 stoppent les travaux.
Le 05/08/1914 alors que la ligne n’est pas encore terminée, un train conduit vers leurs destin, des mobilisés de Sens.
En 1917 la ligne sera totalement déposée par l’armée française puis entreposé à des fins militaires.
Les mauvaises herbes envahissent progressivement les plateformes, les bâtiments inachevés se dégradent.

Après guerre, des travaux de reconstruction reprennent en 1922. La ligne sera ré-ouverte partiellement entre Sens Ville, St Maurice aux Riches Hommes et Villeneuve l’archevêque le 21/09/1925, car du coté de Nogent sur Seine la construction du pont n’est pas terminée. Elle est totalement ouverte en 1928.

[malletslm]

Très intéressant !

La locomotive de travaux (de l'entreprise J. Couthon, comme les wagons ?) en gare de Saint-Maurice-aux-riches-hommes m'intrigue, avec ce qui semble être une porte "d'intercirculation" sur la face arrière : il y a peu, nous évoquions sur le forum les locomotives du réseau des c.f. départementaux de la Côte d'Or qui possédaient aussi une telle porte "arrière", et je me demandais si d'autres réseaux français avaient présenté cette disposition...

Retrouver cette porte arrière sur une machine "de travaux" (où elle a, en principe, encore moins d'utilité !) est d'autant plus étonnant : locomotive "détournée" de sa destination originale, peut-être ?

[oliv89]

LES TERMINUCES

Les terminus avaient été crées à coté des gares des trois grandes lignes.

A Villeneuve l’archevêque le contact avec le tronçon Sens-Troyes était facilement réalisé comme nous le montre cette carte postale et le plan d’implantation.

Vue générale de Villeneuve l'Archevêque
Les deux gares se trouvaient a proximité l’une de l’autre comme nous montre cette C.P.A.

villeneuve BV.jpg (43.97 Kio) Vu 8454 fois

Avec cette agrandissement nous pouvons voir la gare de la petite ligne.

Gare de Villeneuve l’archevêque avec un autorail Renault RS1.

Ici la gare de la ligne de l’Est (Sens – Troyes)

Plan d’implantation des deux Gares de Villeneuve l’Archevêque

Les voyageurs n’avaient qu’à traverser les voies, pour être sur la ligne de l’Est.
Il existait une zone de marchandises commune équipéed’un pont roulant (PR) pour faciliter le transbordement des marchandises.
Nous pouvons voir que sur ce plan de 1912 ont pévoyé la ligne Joigny –Villeneuve l’Archevêque que je traiterais plus tard.

[Max-Therence]

Travail très intéressant.
(On attend la visite de St Martin... :-)

[oliv89]

Bonjour

Cette ligne à été reconstruite après la première guerre mondiale. Certains matériels utilisés à cette époque était d’origine allemande, cédé comme dommages de guerre.

cordialement

[chef de gare]

Super sympa de partager ces documents sur un réseau à l'activité météoritique

Je vais un peu être en avance de phase, mais ci-dessous deux vues aériennes montrant l'emplacement de l'ancien pont en béton armé de Nogent-sur-Seine (détruit en 1940), ainsi que le tracé de la ligne à ses abords. Mission aérienne de l'IGN en 1962.

[chef de gare]

Très intéressant !

La locomotive de travaux (de l'entreprise J. Couthon, comme les wagons ?) en gare de Saint-Maurice-aux-riches-hommes m'intrigue, avec ce qui semble être une porte "d'intercirculation" sur la face arrière : il y a peu, nous évoquions sur le forum les locomotives du réseau des c.f. départementaux de la Côte d'Or qui possédaient aussi une telle porte "arrière", et je me demandais si d'autres réseaux français avaient présenté cette disposition...

Retrouver cette porte arrière sur une machine "de travaux" (où elle a, en principe, encore moins d'utilité !) est d'autant plus étonnant : locomotive "détournée" de sa destination originale, peut-être ?

Il s'agît ici d'une 031T ex-CDCO.
Aucune trace n'ayant été retrouvée d'une location après la première guerre mondiale, Yves ARTUR et moi-même supposons qu'il s'agît d'un des exemplaires vendus en 1922 au groupe Verney, alors en manque de machines en état de marche sur le réseau des Ardennes.
Après reconstitution d'un parc homogène, la machine fut probablement revendue (ou louée) à des entrepreneurs, et c'est dans ce contexte qu'elle est vue en train de tirer un train de ballast.

[malletslm]

Merci beaucoup pour cette réponse, chef de gare ! : tout dans la silhouette de cette machine (et surtout ses hublots ovales) me rappelait une 031T du CDCO "déjupée" mais... je n'osais pas émettre cette supposition, qui me semblait trop hardie !

Et dire que sur l'autre fil, nous regrettions qu'il n'existe pas de vue "arrière" de ces machines : en voilà une, et elle nous sera arrivée par un bien curieux détour... géographique !