par chapelon » 06 12 2011 à 21:10
03/11 | 07:00 | Jean-Marc Raffaelli
La SNCF va cesser d'exploiter les trains corses
L'assemblée territoriale corse a décidé qu'à partir du 1 er janvier prochain son réseau ferré serait exploité sous l'égide d'une société d'économie mixte.
Une page se tourne dans l'histoire des chemins de fer de la Corse. A compter du 1 er janvier 2012 et pour une durée de dix ans, le réseau ferré insulaire sera exploité par une société d'économie mixte dont le capital a été fixé à 1,2 million d'euros. La création d'une nouvelle entité juridique scelle le divorce entre la Collectivité territoriale de Corse (CTC) et la SNCF, l'opérateur historique qui, lors du dernier appel d'offres de service public, avait fait une proposition à 52,5 millions d'euros par année d'exploitation, alors que les élus avaient misé sur moins de la moitié ! Depuis, l'Office des transports de la CTC (propriétaire du réseau depuis la loi du 22 janvier 2002), qui a jugé l'offre inacceptable, planchait sur la forme à donner à une nouvelle gouvernance des chemins de fer.
Des trois pistes étudiées, c'est donc la SEM qui a été adoptée par la majorité de l'Assemblée de Corse, au détriment de l'Epic (établissement public à caractère industriel et commercial) qui avait la préférence des élus nationalistes et de la SPL (société publique locale) longtemps défendue par le Front de gauche. Le capital social de la SEM sera détenu à 55 % par la CTC auprès de laquelle les principaux actionnaires publics seront les deux Conseils généraux de Haute-Corse et de Corse-du-Sud, les chambres consulaires et les deux grandes communautés d'agglomération de Bastia et Ajaccio.
Sous l'impulsion de Paul Giacobbi, président du Conseil exécutif de Corse et député de la Haute-Corse, qui a sensibilisé à la question le ministre des Transports, la SNCF a accepté de prendre une part minoritaire en qualité de partenaire privé, à hauteur de 15 %. Une nouvelle qui aura été décisive dans le vote, car considérée comme l'assurance de sauvegarder le savoir-faire technique et la connaissance historique d'un réseau ferroviaire qui emploie 250 salariés pour exploiter deux lignes : Bastia-Ajaccio et Bastia-Calvi (232 km au total). Un réseau pour la remise à niveau duquel la collectivité a déjà investi 150 millions d'euros.
Après plusieurs mois d'immobilisation en raison de grosses défaillances techniques, les douze michelines AMG 800 acquises par la CTC pour 48 millions en 2007, sont progressivement remises en circulation, permettant la reprise d'un trafic commercial enfin digne des attentes des usagers corses du transport en commun qui, en dehors de courts trajets périurbains à bord des vieilles michelines, n'avaient plus d'autres choix que l'autocar...
Jean-Marc Raffaelli, Les Echos