Les automotrices VN du Nord-Est

[YVES]

Et si on parlait maintenant de Renault VH ?

[dufi78]

Bonjor Yves,

Pourquoi ? Ces autorails sont bien connus, et fortement documentés, dans la bible de Yves (un autre) Broncard avec Yves (encore un ! décidement...) Machefer-Tassin dans le tome 2 à partir de la page 148, et leur carrière est page 185 (près de 40 pages...), avec N° de série et date de sortie d'usine.
Sur les CSNE ils faisaient les belles courses (déjà évoquées) St-Quentin - Hirson et Soissons - Reims (par le "cor de chasse" de Guignicourt, appellation dufi78® par analogie à celui plus connu de Rungis ).
Et sur les CFS les courses Rambervillers - Lunéville avant la 2nde guerre.
La destruction du pont de Guignicourt en 1940 ne permettra plus jamais ce beau parcours sans rebroussement !
Seul le sort du VH 21 était un peu dans l'ombre, mais on lui a déjà mis un éclairage.
On a aussi une belle photo d'un couplage du VH 22 avec le BD 63 à St-Quentin dans les années 40.
Et si tu es en fond, il y a une très mauvaise photo, très chère en vente sur un site d'enchère du VH 22 en mauvais état...

VH 22.jpg

Pour notre bonheur, le VH 24 existe toujours, et en très bon état. Merci la CITEV !

Pour le fun, et un coup de chapeau à ma carrière qui est passée par les Laboratoires Lafarge à Chateauroux (si, si !).
Les pastilles Pulmoll sont aussi siglée VH dans leur moule, mais du nom de leur pharmacien créateur Victor Hélin en 1926 !
C'était donc deux lettres très prestigieuses en 1926 pour être à la fois un autorail renommé et une pastille grand public
Une petite pour la route ?

[Tyrphon]

Je souhaiterais que ce fil garde un semblant d'ordre.
Je propose qu'on en finisse d'abord avec les 10 à 14, en essayant de détailler leurs carrières, affectations, réformes.
on passera ensuite aux VH, pour lesquels il y aura beaucoup à dire et à montrer. Tout le monde n'a pas les "bibles", et une petite compilation n'est pas inutile.

[Patrice Roussiale]

Tu as tout à fait raison, professeur Tyrphon !
YVES passe trop vite les étapes.
En plus Frédéric nous a parlé d'un tableau récapitulatif.
Ce sera particulièrement intéressant.

Il y a encore beaucoup de choses à trouver concernant les 10 à 14 :
- Dates de mise en fabrication.
- Dates d'achèvement.
- Dates de mise en service et dans quels dépôts.
- Un peu de leur vie, qui a été particulièrement longue en particulier pour les 13 et 14.
- Pourquoi "BM-LBC" pour l'immatriculation des 11 et 12 (LBC : Bureau d'étude ?).
- Pourquoi le choix d'une transmission à la pointe du progrès avec des caisses désuètes pour les 11 et 12 ?
Là aussi, la NE a fait très fort dans ce choix, bien avant les Grands Réseaux !
- Comment l'atelier de Soissons a pu construire-monter 5 autorails en 2 ans ?
Au moins 3 : 10, 11 et 12.
Pour les 13 et 14, il y a sans doute eu moins de temps à passer.
- Un diagramme des voitures "BM" (au moins des cotes) serait le bienvenu.
Je suis prêt à en tirer un dessin pour les 11 et 12.
- La fiche des 13 et 14, parue dans une publication Loco Revue, me parait également particulièrement nécessaire.
Elle n'est pas disponible en version numérisée.
Je ne peux même pas l'acheter d'occasion, ne connaissant pas la publication (ou Hors Série) dans laquelle elle a été éditée.
Merci aux généreux participants.

Les VH peuvent attendre un peu.
Surtout que ne sont pas les plus obscures automotrices de la NE.
Je les laisse avec joie aux volontaires.
Celles qui les suivent vont donner bien du fil à retordre.

Cordialement.

[dufi78]

Bonsoir à tous,

Je propose qu'on en finisse d'abord avec les 10 à 14, en essayant de détailler leurs carrières, affectations, réformes.

Je ne sais pas si j'ai épuisé le sujet... mais j'ai raclé mes sources.
A noter que la Bible des autorails (par Yves Broncard) déjà citée ne parle justement pas de ces automotrices dans un chapitre particulier, même celles des Cdf de l'Est hormis dans un tableau reprenant la numérotation des "autorails" des grands réseaux. Un oubli ? Ou dans un tome VI ?
J'ai synthétisé dans un tableau ce qui est connu depuis la BM10 jusqu'aux Batignolles-Bacalan de la Cie de L'Est, car elles sont aussi de la famille...
Je n'ai pas osé aller jusqu'aux autorails Decauville ZZ 13 et 14 ou ADN/CIMT Standard qui ont aussi le même type de transmission SLM-Winterthur.
Mais je remarque que justement le ZZ 14 Decauville est venu à Provins sur les CFS au cours du 2nd semestre 1938, évacué sur Montereau au début de la guerre, il est parti en Allemagne en 1944 sur le Kahlgrundbahn où il a circulé jusque 1959.

Caractéristiques des automotrices BM et LBC.xlsx.pdf

Diagramme BM 11 et BM12.jpg

Diagramme LBC 13 et LBC 14.jpg

A votre dispo pour tous compléments/ajouts/remarques...

[YVES]

Bravo pour les sources, les diagrammes, et le tableau de synhése sur les BM 10, BM-LBC 11 et 12, LBC 13 et 14.


PS - Une de ces automotrices a été reproduite par un amateur au 1/43,5. Si un lecteur a une photo, merci.

[YVES]

Tiens, puisque c'est dimanche. Il fait beau.
Si je vous invitais à une partie de pêche sur les bords de l'Oise ? Ensuite, on pourrait aller à la guinguette ?...

[Tyrphon]

Bravo dufi78! Ces diagrammes me donnent une envie furieuse de modéliser une BM-LBC 11 ou 12. Pour les LBC 13 &14, il faudrait trouver un engin à charcuter!
Sauf témoignages de première main ou compilation minutieuse de notre hamster, je crois que nous n'en saurons guère plus sur le service de ces automotrices.

Je viens de retrouver une photo que j'avais en tête. Elle est dans le 1er tome de "Trains Oubliés", au Cabri (une des premières "bibles" que j'ai achetées).

Si on en croit le tableau de dufi78, c'était très peu avant leur ferraillage.
D'après la légende, elles semblaient être encore utilisées occasionnellement comme draisines.

D'autre part, ce livre attribue l'exploitation des lignes Est affermées à la "CFSNE", et pas à la CFS.
Ce point est rectifié dans la série de livres suivante (Les petits trains de jadis), où il est dit que c'est la CFS qui reçut l'affermage de ces lignes de la compagnie de l'Est et que "à partir de 1947, l'exploitation de cet ensemble fut assurée par la compagnie NE pour le compte de son associée CFS".
D'autre part, LPTDJ parle bien de la CSNE, et plus de la CFSNE.

[dufi78]

Bonjour à tous,

Tiens, puisque c'est dimanche. Il fait beau.
Si je vous invitais à une partie de pêche sur les bords de l'Oise ? Ensuite, on pourrait aller à la guinguette ?...

Mais, tu n'y penses pas ? En plein confinement !
Classe tes photos, relis tous les n° de la revue de la FACS depuis 1957, retrace le beau plan A0 plein de lacunes que je t'ai envoyé...
Mais ne songe pas à t'exposer au soleil de la vallée de l'Oise avec le Chemin de fer touristique du Vermandois, en songeant à ce que c'était du temps de la SQG.
Et pourquoi pas aller au muguet à St-Gobain via Chauny avec le CStG, derrière une 040 T ANF pour 140 Fr tant que tu y es...

St-Quentin - St-Gobain octobre 1946.jpg

[Patrice Roussiale]

Un immense MERCI Frédérique !
Ce tableau récapitule pratiquement tout ce qu'il est possible de savoir sur ces automotrices.
Fabuleux diagrammes également.
Il faut dire que la réalisation de voitures à bogies et de tous (ou presque ) les autorails de la NE me démange furieusement.
Pour les voitures et les 11 & 12, je pensais à du carton en découpe laser.
Cela permettrait de pouvoir les monter, sans se brûler les doigts
Pour les 13 & 14, Jean-Pierre, je vais pouvoir vérifier avec des automotrices Atlas : il y en a 1 ou 2 qui pourraient peut-être faire l'affaire.
Ce ne sera pas au mm, mais on devrait pouvoir s'y retrouver.
Il ne resterais que les extrémités à faire complètement.
Vu leur forme, cela devrait aller.

La NE, le réseau de l'avenir !

Cordialement.

[YVES]

Bonjour à tous,

Tiens, puisque c'est dimanche. Il fait beau.
Si je vous invitais à une partie de pêche sur les bords de l'Oise ? Ensuite, on pourrait aller à la guinguette ?...

Mais, tu n'y penses pas ? En plein confinement !
Classe tes photos, relis tous les n° de la revue de la FACS depuis 1957, retrace le beau plan A0 plein de lacunes que je t'ai envoyé...
Mais ne songe pas à t'exposer au soleil de la vallée de l'Oise avec le Chemin de fer touristique du Vermandois, en songeant à ce que c'était du temps de la SQG.
Et pourquoi pas aller au muguet à St-Gobain via Chauny avec le CStG, derrière une 040 T ANF pour 140 Fr tant que tu y es...

St-Quentin - St-Gobain octobre 1946.jpg

Bon, ben, ce sera Saint-Quentin-Denain, en métrique, en passant par Caudry, grace au Cambrésis.

[YVES]

LES AUTOMOTRICES RENAULT VH DES CFSNE.

Bibliographie.
1) Yves Broncard, Autorails de France, tome 2.
La production des VH des CFSNE.

Citation, p 185 :
"Les quatres automotrices de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord-Est furent affectées aux centres de Saint-Quentin-Gauchy (Aisne) et de Rambervillers (Vosges).
Dans le nord, deux voitures couvraient deux relations omnibus journalières entre Saint-Quentin, Guise et Hirson, la réserve étant faite par une automotrice Renault PS de 1929.
La compagnie de l’Est lui ayant affermée en 1934 la ligne de Mont-sur-Meurthe à Bruyère, les CFSNE mirent en place un service d’autorails étoffé (4 aller et retour chaque jour) de Rambervillers à Lunéville (en correspondance avec les trains pour Nancy ou Strasbourg), ou à Bruyères (relevant des trains de ou pour Épinal ou Saint-Dié). A cette exploitation était également affectée l’automotrice ZO livrée en janvier 1935.
Lorsque les CFSNE de Saint-Quentin reçurent 3 autorails Renault ABJ4 en 1949, l’un des VH fut muté à Rambervillers qui disposa alors de 3 VH numérotés 22, 23, 24. Les deux premiers furent réformés en 1965, tandis que le VH 24 était conservé jusqu’en 1970 pour assurer des services de ramassages scolaires ou de la réserve. Garé, puis rstauré en état de marche par les ateliers de Gray de la CFTA en 1974, cet autorail, est préservé aujourd’hui par la CITEV en Alsace."

2) Henri Dommengie et José Banaudo, Petits trains de Jadis – Tome Nord.
Citation, p 140 :
"Les premiers engins de construction réellement modernes furent livrés par la firme Renault, sur des modèles construits en série pour les grands réseaux :
- Quatre autorail à boggies de type VH, munis d’un moteur diesel de 230 CV puis 300 CV (n° VH-21 à 24). Les deux premiers furent livrés à Saint-Quentin en 1934 et circulèrent sur les lignes de Guise et Ham, le 21 fut détruit pendant la guerre et le 22 fut muté à Rambervillers."

3) Didier Leroy, Le temps des omnibus.
Citation p 234, 235 :
"Renault VH 22 à 24
Avec deux postes de conduites, aptes à la vitesse de 107,5 Km/h et présentant une tare de 21 tonnes, ces automotrices 56 places à bogies, avaient un moteur Renault à 12 cylindres en V de 220 puis 260 ch. Elles comportaient un compartiment à bagages de 4 m2 et six baies vitrées, alors que celles en service sur les grands réseaux (excepté sur celui d'Alsace-Lorraine) n'en avaient que cinq et ne possédaient pas de toilettes.
La VH 22 était arrivée neuve sur le Réseau CFS-NE de Saint-Quentin en 1934 ; elle a rejoint Rambervillers en 1950 où elle effectua sans discontinuer le service voyageurs sur la ligne de la Mortagne jusqu'à sa réforme en 1966. C'est à Champigneulles, dans la banlieue de Nancy, qu'elle disparut, vendue à la société Est-Nord-Métaux.
La VH 23 fut affectée à sa sortie d'usine en 1935 sur les CFS-NE de Doulevant-le-Château, puis mutée à Rambervillers en 1946. La suite de sa carrière dans les Vosges est identique celle de la VH 22.
La VH 24 est sortie des usines Renault de Billancourt le 2 mai 1935 sous le n° 99 et fut affectée neuve au centre de Rambervillers qu'elle ne quitta qu'en 1974 pour être restaurée à Gray. A partir de 1965, la VH 24 servit de réserve jusqu'en 1970. Elle est aujourd'hui utilisée sur la ligne touristique d’Anduze à Saint-Jean-du-Gard dans les Cévennes, par la CITEV.
Quelques transformations affectèrent les VH, particulièrement le remplacement du moteur d'origine par un Renault de 300 ch identiques à ceux des « Picasso ». A cette occasion le capot de protection fut retiré. La puissance fut augmentée certes, mais le bruit du moteur sans protection acoustique devint une nouvelle contrainte pour le conducteur qui se trouvait à proximité !
Le chauffage était procuré par une chaudière à charbon installée dans le compartiment fourgon, qui alimentait des radiateurs à ailettes placés sous les sièges.
On notera que dans l'entre-deux guerres, les CFS ne voulaient pas rester à l'écart d'un mouvement de modernisation, aussi l'arrivée à Rambervillers des automotrices VH à la belle livrée rouge-grenat apporta une cure de jouvence sur la ligne, les voyageurs appréciant les « autorails rouges ».
Ces derniers effectuèrent longtemps des services qui les éloignèrent des lignes affermées, puis qu'on les retrouvait sur la liaison quotidienne A/R Gérardmer - Bruyères Rambervillers - Lunéville - Sarrebourg, et sur des courses Blainville - Lunéville AIR."

Portrait de famille :
Dans la famille Renault VH CFSNE, je demande...
- La VH-21 ! (sans doute la plus difficile - incendie à Saint Quentin, en 1938, a-t'il été photographié avant).
- La VH-22.

- La VH-23.
- La VH-24 - préservée à Anduze.

[récup'61]

Bonjour,
Ayant conduit le VH 24 sur Anduze - St Jean du Gard , je concède que de mener "côté moteur" cet autorail avec son RENAULT 517 était une gageure!
Je dirais: -impossible de se concentrer sur le parcours tant le bruit était assourdissant.
Avec un instructeur très sympa, qui hurlait dans mes oreilles debout derrière moi et dont je ne comprenais rien; ceci durant la phase d'instruction. Après, je l'ai encore servi mais en gare de St Jean jusqu'au dépôt.
Par contre et certains ne le savent peut-être pas:
Il n'y avait qu'un seul inverseur de marche, situé dans la cabine à côté du moteur, donc lorsqu'on veut changer de sens depuis le poste II (côté fourgon) il faut traverser l'engin ou demander à l'agent de manoeuvre/le chef de train de rester dans le compartiment moteur pour effectuer la manoeuvre. Ceci après l'arrêt complet de l'engin et au coup de sifflet.

[Patrice Roussiale]

Merci YVES
Quelques remarques complémentaires :
- La photo de la 22 mise par Frédéric a été prise pendant la guerre : visières au dessus des feux et chauffage par les gaz d'échappement.
L'état de l'automotrice est peut-être dû à un mitraillage, ou autre action militaire.
- La photo de la 22 permet de montrer sont évolution

- Flèches noires : sorties des gaz d’échappement.
Directement depuis le moteur en été et au travers de tubes à ailette qui traversaient le compartiment voyageur l'hiver.
Ce système était très dangereux en cas de fuite : diffusion de monoxyde de carbone...
Remplacé après la guerre par des radiateurs où circulait l'eau de refroidissement du moteur.
- Flèches vertes : là encore, la NE jouait dans la cour des Grands.
Si la plus grande partie (tous ?) des VH livrés aux grands Réseaux ne permettait ni remorquage, ni jumelage, il semble bien que la 22 (et sûrement la 21) étaient munies d'un dispositif de jumelage.
En tout cas, la caisse était prévue pour le remorquage, les traverses de tamponnement n'ayant pas eu à être renforcées comme pour les autres VH.
D'accord, c'était un attelage allégé, mais on voit la qualité de l'étude des besoins
- Flèche rouge : présence d'un feu qui ne semble pas exister sur les 23 et 24 :
- Flèche jaune : compartiment de 1ère classe (en fait 1&2ème), comme sur toutes les automotrices de la NE.

Voici la 22 après guerre (photo issue du "Broncard")
On voit toutes les évolutions : échappements, feux, attelages.

Une photo de la 23 (photo issue du "Temps de Omnibus", je crois)

Les 22 & 23 (je pense) à Lunéville (origine )

Et la 24 (à Gray ?) au temps de la CFTA (origine )

Cordialement.

[Patrice Roussiale]

Merci récup'61 pour ce vécu
Si mes souvenirs sont bons, il n'y a même pas un capot en tôle par dessus le moteur et la transmission.
En effet, il fallait enlever les caches culbuteurs pour graisser manuellement ces derniers.
Merci de me le confirmer.

En complément, des documents issus du "Broncard"
Cliquer sur les loupes afin d'avoir les documents en meilleure définition

- Ensemble Moteur + BV + inverseur

- Schéma de la transmission.
ATTENTION, cela ne correspond pas à ce qui a été fabriqué.
Visiblement, las commandes des vitesses et de l'inverseur étaient prévues à l'aide de vérin hydraulique (flèches vertes).

- Les postes de conduite, côté moteur et côté "arrière"

- Détail du poste "arrière".
Attention, il y a une erreur dans la légende : il n'y a qu'un seul levier à droite, celui des vitesses.
On le voit bien sur le document ci-dessus.
Comme quoi, même dans des publications sérieuses, il peut se glisser des erreurs

Cordialement.