Voilà par où cela aurait dû commencer : la genèse des PS.
Je l'ai intitulé
Petite histoire des automotrices PS de la NEDocumentation utilisée :
Celle-ci ne comprends que des publications, et non pas des documents originaux.
Il faut donc être des plus prudents et la recherche à consister à croiser et analyser les informations.
Publications :
- Le "Granec - RENAULT - Le Matériel Ferroviaire"
- Le "Broncard - Autorails de France - Tome 2"
- Le MTVS N°28 - Les Automotrices Renault
- Le "Cabris - Petits Tains de Jadis - Nord"
Réflexions personnelles :
- Les trois premiers ont été écrit vraisemblablement à partir des archives
RENAULT, du moins ce qu'il en reste. Ils ne traitent que de la partie technique des matériels, de leur commande et de leur livraison.
- Le dernier n'a pu être écrit qu'en utilisant surtout des archives des compagnies et/ou des archives départementales.
Résumé de l'étude de ces publications :
1 - GranecPage 56
- Une phrase quelconque sur les PS du Nord-Est.
- Une date : début 1929, en dessous des immatriculations SNCF.
- Aucune doc sur les PS du Nord-Est.
Conclusion : de peu d'intérêt pour les PS de la NE.
2 - Broncard- Très orienté PLM (normal : Grand Réseau), mais article bien développé.
- Une photo du PS-1 à Soissons en 1946, page 122.
- Une précision intéressante, page 121 : " d
eux automotrices PS furent livrées en 1928 au Nord-Est (réseau de l'Aisne à St-Quentin …"
A retenir le mot "livrées" pour ces dernières, alors que pour les PS du PLM et de l'OBB, est utilisé le mot "affectation".
3 - MTVS N°28- Page 20 : une très belle photo d'une automotrice du Nord-Est et un texte intéressant : "
2 PS pour la … NE en 1927(N° PS 1 et PS 2). Le PS 1 fut doté après la guerre d'un moteur diesel".
La photo a été prise en hiver (arbres sans feuille) sur la ligne St Quentin - Guise (BV de Mézières-sur-Oise).
Ces détails ont leur importance, on va voir pour la suite !
- Pages 50 et 51, un "
tableau des constructions de 1922 à 1939".
Ce tableau (qui s'arrête d'ailleurs en 1933) n'a pu être tiré que d'un document propre à Renault.
Il me paraît particulièrement instructif.
En effet, on y trouve plusieurs colonnes :
"
N° Sortie Renault- N° Série Scemia - Année - Type - Réseaux destinataires - N° d'exploitation - Année de livraison - Observation".
Deux remarques :
- On peut penser que le "
N° Sortie Renault" devrait être lu comme "
N° Série Renault".
- On peut penser que la troisième colonne "
Année" devrait être lu comme "
Année de Commande"
Pour nos automotrices PS de la NE :
- Elles sont commandée en 1927, ce qui explique la date choisie par le MTVS.
- Le réseau destinataire est "
CFS du Nord-Est (Aisne)"
- Elles sont livrées les dernières de l'année 1928, après une livraison de 30 automotrices sur cette même année.
Même si la livraison n'a pas été faite strictement en suivant les N° de série, elle s'est faite certainement en fin d'année.
Pour le PLM, on note une date de livraison de début 1929, ce qui explique cette date dans le "Granec".
Ces dernières sont livrées juste à la suite de celles de la NE. Elles semblent avoir été construites pratiquement en même temps, ce qui parait logique, les châssis étant réputés identiques.
En conclusion de ces réflexions :
Les automotrices PS 1 et PS 2 de la NE commandées en 1927, ont été livrées à St Quentin à la fin de l'année 1928.
Mais, bien sûr, cela ne reste qu'une hypothèse, mais cohérente quand même. Seuls des documents originaux, soit de chez Renault ou, mieux, de la NE, pourraient le confirmer.
Passons au
"Cabri".
Pour écrire leurs articles,
Henri Domengie 
et
José Banaudo 
ont été obligés de consulter, sinon les archives de la NE, au moins les archives départementales.
Compte-tenu du sérieux (et le terme est faible) de ces auteurs, je considère leurs renseignements fiables à 99,9 %.
J'ai oublié de citer
Frédéric Dufetrelle 
qui a eu la très lourde tâche de démêler l'histoire des différents réseaux et lignes de l'Aisne.
Vu la complexité de leurs vies, je lui tire un grand coup de chapeau.
Commençons par la
page 139.
On y trouve
1 - Un tableau rassemblant les "
Autorails Nord-Est puis RTA"
Concernant les PS, on peut lire :
Série PS-1 & 2 - Constructeur Renault - Année 1928-29 - Affectation StQ, Ss.
Avec StQ = St Quentin et Ss Soisson.
Puis la série des BM (Blanc-Misseron), puis la série des LBC (Batignolles-Châtillon-Bacalan), et la suite.
2 - En dessous du tableau les phrases suivantes :
"Les trois premières séries (PS, BM et LBC)
étaient des engins à bogies, de construction pratiquement artisanale, qui circulèrent essentiellement* sur la ligne Soissons-Guignicourt.- deux Renault type PS livrés en 1928-29, munis d'un moteur à essence de 110 ch puis d'un Diesel Willème de 180 ch (n° PS-1 et 2)
- trois A.N.F. Blanc-Misseron …".
*
Essentiellement, car la série LBC a connu pas mal de lignes et d'affectations : Soissons, Rambervilliers, Doulevant-le-Château et Provins.
Et qu'en est-il de St Quentin pour les PS ?
Maintenant, il faut remonter le temps et les pages.
Revenons à ce qui concerne la ligne
Soissons- Guignicourt.
Avant la Guerre de 14-18, cette ligne était exploitée en voie métrique par les CBR (Chemins de fer de la Banlieue de Reims), plus exactement l'embranchement Cormicy-Soissons.
Pendant et après la Guerre, la
page 95 donne les détails de l'évolution de cette ligne.
Petit résumé de l'après-Guerre
- En 1918 : le Département confie à la Société des Chemins de fer Départementaux de l'Aisne (CDA) l'exploitation de ce qui reste, c'est-à-dire circulation de trains de Crouy (Soissons) à Vailly sur une ligne à voie normale construite par l'Armée Française sur la plate-forme des CBR.
- De 1919 à 1921, réouverture progressive de la ligne à voie normale Vailly-Pontavert, suite de la précédente et construite par l'armée Allemande, hors de la plate-forme CBR.
- En 1922, la CDA est intégrée à la nouvelle Compagnie des Chemins de Fer Secondaire du Nord-Est (NE).
Le projet est de prolonger la ligne existante jusqu'à Guignicourt.
Page 96 "En 1927, un ensemble de conventions et de décrets ….et déclarer d'utilité publique la nouvelle voie normale. Celle-ci fut mise en service en 1933, le 10 juillet de Cuiry à Berry-au-Bac et le 1er octobre de Berry-au-Bac à Guignicourt."Cela veut dire que de 1922 à 1927, la NE devait exploiter dans un cadre assez flou (Ministère des régions libérées? accord Départemental ?) une ligne d'origine militaire et construite sans considération de desserte des populations.
Par ailleurs, la région qui avait été dévastée ne devait pas encore être beaucoup repeuplée.
Mais en 1927, la situation se stabilise, avec la perspective que cette ligne Soissons-Pontavert soit prolongée jusqu'à Guignicourt dans un souci de rendement commercial et, surtout, permettre une desserte jusqu'à Reims.
D'où ma
supposition : de 1922 à 1927, le trafic voyageur se faisait par trains à vapeur, tractés par les Meuse transférées à Soissons St-Waast. Ce qui devait être coûteux.
En 1927, la NE est assurée d'exploiter une ligne viable à terme.
Mais le trafic restera faible jusqu'à l'achèvement du prolongement.
Du coup, elle commande deux automotrices afin d'assurer le maigre trafic voyageur de la ligne en exploitation.
La date de 1933 sera importante pour l'histoire des deux séries "artisanales" qui suivront.
Nota :
La NE connaissait les automotrices et Renault au travers de l'achat en 1924 d'une automotrice RS1 (MTVS N° 28 page 50) pour la desserte urbaine de Soissons, suite à la modification (ou reconstruction définitive des ponts ?) de la traversée de Soissons en voie métrique (Le Cabri - Bas de la page 95).
Bon, avec tout cela, on n'en sait pas plus de l'affectation des PS.
Si, quand même, on connaît le contexte dans lequel se trouvait la NE au moment de la commande de ces automotrices.
Page 103, dernier paragraphe
"
Pour l'exploitation en voie normale de Soissons-Pontavert et Guignicourt, la compagnie NE utilisa surtout des locomotives 030T de la série 51 à 68, qu'elle employait sur toutes ses lignes de l'Aisne. Ces machines avaient été construites par la firme Belge La Meuse entre 1914 et 23, et un effectif moyen de six unités était basé au dépôt de Soissons-St Waast et à l'annexe de Guignicourt-Local."
Par ailleurs, page 115, on apprend que les N° 52 à 68 avaient été livrés par La Meuse entre 1921 et 1923.
Page 104, première ligne
"
Les dernières furent réformées en 1966. Le service voyageur fut assuré à partir de 1928 par deux autorails à bogies Renault type PS, munis …".
Que peut-on conclure ?
Avec les différents éléments, ce ne sera toujours qu'une supposition, sans la consultation de documents de la NE.
- Les automotrices PS ont été commandées à Renault en 1927.
- Elles sont prévues pour desservir la ligne Soissons-Pontavert.
- Leur affectation sera Soissons.
- La NE les fait livrer à St Quentin afin d'assurer leur réception.
- Elles sont livrées à la fin de 1928.
Ce qui pourrait expliquer la date de "1928" de la page 104.
Les essais ont lieu pendant l'hiver 1928-29 (photo avec les arbres sans feuille), en particulier sur la ligne
St Quentin - Guise.
Ont-elles assuré un service voyageur ?
De toute façon, il aurait été de très courte durée.
Par ailleurs, notre
Professeur Tyrphon nous a dit que tous les autorails de la NE avaient été réceptionnés à St Quentin.
Cela est vérifié sur le tableau de la page 139, sauf trois cas :
- Les BM et LBC. On verra pourquoi lorsque leur tour sera venu.
Là aussi à la suite d'une analyse, et non pas à partir de documents originaux.
- Le Billard BD 61, livré directement à Provin.
A voir lorsque son tour viendra !
En aparté, on peut constater deux choses concernant la NE :
- Son esprit moderne pour oser utiliser dès 1927 une automotrice de type "chemin de fer", à bogies de surcroits.
Très peu de temps avant, il y avait eu les Chemin de Fer Algériens de l’État, en voie de 1055 mm, mais avec des châssis et des caisses pratiquement identiques.
L'Outre-Mer a été bien souvent en avance sur la Métropole du point de vue ferroviaire.
- Jouer dans la "cour des grands", à jeu égal avec le ... PLM
Et ce ne sera pas la seule fois !
Qu'elle fut leur existence à Soissons ?
A quelle date ont-elles (ou a-t-elle, la PS-1 ?) été diésélisées (après-guerre) ?
A quelle date ont-elles été réformées ?
Merci à ceux qui ont plus de documentation et qui pourront apporter des réponses.
Et s'il y en a qui disent que c'est trop long :
Pas de panique pour la suite, pour l'Histoire, c'est déjà fait
Place à la technique !
Cordialement.