La Gare de Punavai

[Victor le chat]

Si la ligne avait été construite... et préservée, imaginez-vous aujourd'hui le succés comme CF Tourisitque ?!

Tout comme la ligne du littoral varois ...
.... Qu'il a un temps été question de reconstruire sous forme d'un tramway !

[Tyrphon]

A la SNCF, un cheval (en long) n'en vaut que cinq.

[Punavai]

Merci pour vos commentaires et c'est vrai qu'on peut regretter que cette ligne de chemin de fer n'ait pas été construite dès le projet de Maître Goupil en 1885. C'était une initiative privée effectuée avec des associés américains, apporteurs de capitaux, qui n'aurait pas constitué une charge trop lourde pour la colonie. Mais à l'époque, la population de Tahiti ne devait pas dépasser sept ou huit mille personnes, et les colons français qui constituaient le Conseil Général, savaient que la charge financière retomberait sur eux si l'exploitation du chemin de fer s'avérait plus couteuse que prévue.

Non seulement cette ligne constituerait aujourd'hui un superbe chemin de fer touristique, mais elle pourrait avoir une belle activité, maintenant que la population est de 180.000 personnes pour l'île de Tahiti, où se posent de nombreux problèmes de circulation routière. Il y a quelques années, le gouvernement local à envisagé la construction d'un monorail et plus récemment la presse polynésienne a évoqué un projet de téléphérique...

Mais quand on voit ce que sont devenus les chemins de fer coloniaux de la Réunion et de Nouvelle-Calédonie, où une belle infrastructure comportant de nombreux ouvrages d'art avait été réalisée, pour être en définitive laissés à l'abandon, la destinée du chemin de fer de Tahiti n'aurait sans doute pas été meilleure !

[Punavai]

La revue n° 335 de la Société des Etudes Océaniennes consacrée à l'histoire du Chemin de Fer en Polynésie Française est maintenant parue. http://www.seo.pf/bseo-335.html

La première partie de l'étude concerne les deux projets de chemins de fer dans l'île de Tahiti, initiés par Maitre Auguste Goupil, avocat-défenseur et homme d'affaires, dans les années 1883 et 1892. C'est l'occasion d'étudier les moyens de transports terrestres de l'époque, l'état du réseau routier et la politique coloniale en matière d'établissement de chemin de fer... Malgré deux tentatives et même l'aide du Gouverneur Lacascade, ces projets n'aboutiront pas pour des questions de politique locale et de financement. Paul Gauguin, reconverti dans le journalisme à une époque où ses tableaux ne trouvaient pas d'acquéreurs, donne à cet épisode méconnu du chemin de fer à Tahiti une saveur particulière, en s'opposant au second projet et en évoquant une inauguration imaginaire de la ligne dans son journal satirique. Ces projets concernaient l'établissement d'un tramway de type Decauville, à voie de 60, entre Papeete et Taravao dans la presqu'île.
S'il n'était pas prévu de gare dans le quartier de Punavaï... Punaauia aurait quand même eu un batiment voyageur, puisque le projet évoque "une station par district". Punaauia est aujourd'hui une ville de plus de 27.000 habitants, si bien qu'une gare et une voie ferrée vers Papeete rendraient maintenant bien des services !
Malgré tout, la voie de chemin de fer va trouver quelques applications industrielles à Tahiti, dans les exploitations agricoles de cannes à sucre par exemple, et dans le port de Papeete pour le ravitaillement en charbon des bateaux à vapeur (Photo des Archives Nationales d'Australie).

La seconde partie de la revue est consacrée au réseau industriel de l'ile de Makatea où Etienne Touzé, gendre d'Auguste Goupil, va diriger pendant quarante ans l'exploitation du phosphate tricalcique, pour le compte de la Compagnie Française des Phosphates d'Océanie. Cette fois, des moyens matériels lourds sont déployés avec cinq locomotives à vapeur, trois locotracteurs Billard T100 D, etc. Cette aventure industrielle va s'étendre de 1910 à 1966 et entrainer l'extraction de plus de onze millions de tonnes de phosphate au cours de cette période. Seuls quelques vestiges de locomotives rappellent encore le souvenir de cette épopée industrielle dans l'ile abandonnée de Makatea.
La revue comprend de nombreuses illustrations dont certaines concernant le réseau de Makatea sont inédites, comme cette photo prise en 1978 par Daniel Margueron, qui a également écrit l'avant-propos du BSEO n° 335.

Makatea Margueron.jpg (75.41 Kio) Vu 3736 fois

On peut se procurer cette revue directement auprès de la Société des Etudes Océaniennes, pour un prix d'environ 24 euros, port compris, moyennant un virement bancaire.http://www.seo.pf/contact
En cas de difficultés, vous pouvez me joindre par MP.

[pelican]

chouettes photos ..

[YVES]

Bravo.

[Punavai]

Merci Pelican et Yves pour vos interventions.
Jusqu'alors, l'histoire du chemin de fer en Polynésie n'avait pas été abordée dans sa globalité, mais par contre, le réseau industriel de Makatea était mieux connu, en particulier grâce à Internet. Il est regrettable dans le cas de Makatea, que lors de la fermeture du site minier en 1966, le gouvernement local n'ait pas pris en compte les possibilités offertes par ce site sur le plan touristique, puisque la Polynésie constitue une destination importante dans ce domaine.
Lorsque Daniel Margueron s'est rendu sur cette île de Makatea en 1978, le réseau ferré était encore opérationnel et les photos figurant dans le livre sont là pour en témoigner. On aurait donc pu imaginer un musée vivant où les touristes ferroviphiles seraient venus voir les conditions d'exploitation d'une mine de phosphate sous les tropiques... A l'époque, les installations industrielles étaient encore en place, mais depuis tout a été détruit... ou récupéré. La végétation a envahi l'île qui est pratiquement retournée à l'état sauvage, si bien que la population se trouve maintenant réduite à une soixantaine de personnes vivant de la pêche et de la capture des crabes de cocotiers. Dommage !

[YVES]

L'exploitation du phosphate ravage un paysage ! Difficile d'attirer des touristes qui viennent chercher le rêve en Polynésie.
En tout cas, ce livre est une heureuse initiative.

[Punavai]

Bonjour Yves,
La végétation luxuriante a repris possession de Makatea. La promenade en chemin de fer touristique aurait donc pu se faire dans un cadre superbe. Par contre, toutes les installations techniques de l'île (centrale électrique, concasseurs, sécheurs, etc.) ont disparu et il serait difficile à présent d'imaginer les opérations de transport et de traitement du minerai. Même l'imposante jetée métallique construite en 1954 a été dynamitée ! Et ne parlons pas des épaves du matériel roulant, abandonnées en pleine nature et rongées par la rouille...

Pour les personnes intéressées, voici les coordonnées de la Société des Etudes Océaniennes qui édite et diffuse le Bulletin n° 335, concernant le Chemin de fer en Polynésie :
E-mail : seo@archives.gov.pf
Facebook : Société des Etudes Océaniennes

[YVES]

Merci Punavai. J'imaginai un décor SteamPunk tropicalisé, rouille, friches industrielles et sols défoncés.