A ton service, ô Pélicounet. Voici d'abord le texte de l'article publié dans la Gazette, les plans et photos suivront. Je viens de constater que j'ai fait une petite erreur, cette machine avait déjà quitté la France en 1930.
LGB ça fait d’ l’excellent français
ou
A la recherche de la Mallet perdue
Les « gens à G » qui pratiquent, comme chacun le sait, le IIm, regrettent que LGB ne reproduise pas plus de matériel français. Ils n’ont pas été convaincus par le maquillage de la Mallet 030-030 en 414 des CFV et ils ont bien raison.
Mais savent-ils qu’une Mallet du type reproduit par LGB a roulé en France, plus précisément dans la Meuse, sur le réseau de la Woëvre de la Société générale des Chemins de Fer Economiques, de 1918 à 1929 ?
Mais d’abord une remarque. LGB produit maintenant deux types de Mallet 030-030.
La plus connue comporte un dôme aplati et deux sablières cylindriques. Elle existe en deux versions allemandes authentiques (sans compter les maquillages CFD et autres) : la n°104 du Zell-Todtnau (Hanomag 1925),qui coule maintenant une retraite paisible sur le chemin de fer touristique Blonay-Chamby, et la n°1 du Brohltalbahn (Hanomag 1928).
L’autre est immatriculée 99 201 à la Deutsche Reichbahn et c’est celle là qui nous intéresse. Elle reproduit un type de machines construites pour l’armée allemande pendant la Grande Guerre. Il s’agissait de la série HK 11 à 30, construite par Henschel en 1917, qui a certainement servi de modèle aux Mallet Hanomag.
Une dizaine de ces machines avaient été affectées par l’armée allemande à la partie de la ligne Montmédy - Verdun du réseau S.E. de la Woëvre, tombée entre leurs mains. Après l’armistice, une de ces machines resta en service sur le réseau. Il s’agissait de la HK 23, construite en 1917, qui prit le n°6001. Cette machine fut ensuite vendue en 1928 ou 1929 à la compagnie suisse Yverdon - Ste Croix, où elle porta le n°5. En 1946, enfin, elle fut vendue au chemin de fer Franco - Ethiopien, où elle finit son existence mouvementée
J’arrête là mon exposé historique, tiré des livres « Les petits trains de jadis » de Henri Domengie et José Banaudo (Editions du Cabri) et « Le chemin de fer Yverdon –Ste Croix » de R. Scholtz et Michel Py, ouvrages hélas épuisés.
Aucune photo de la 6001 sur le réseau de la Voëvre ne semble exister, puisque le premier ouvrage précité ne publie qu’une mauvaise photo de sa sœur la HK 12, non conservée par le réseau. Le second livre fournit de bonnes photos de la n°5, mais après les transformations apportées à son arrivée en Suisse (suppression de la pompe de frein et du réchauffeur, sablière neuve).
Heureusement, le même livre fournit le diagramme d’origine de cette machine. Par ailleurs, une autre sœur de notre machine a trouvé le chemin de la Deutsche Reichsbahn, sous le n° 99 201, ce qui lui a permis de figurer dans les célèbres archives photographiques de Carl Bellingrodt (et maintenant dans le catalogue LGB). A noter qu’on trouve aussi un diagramme de la 99 201 (et donc de la 6001) sur
www.malletlok.de/ge/ge_d/99201.htm.
LGB a reproduit la 99 201 en partant du moule de la 104. Si on en juge par la photo de catalogue, il a pris en compte les différences les plus visibles, mais pas toutes. Ceci sous toute réserve, puisque je ne dispose actuellement que de la photo de catalogue.
En comparant la loco de guerre à la 104, on peut jouer au jeu des 7 erreurs :
Différences reproduites par LGB :
- dôme de vapeur rond et non aplati,
- sablières rectangulaires et non cylindriques (en fait, il y en a 4, de part et d’autre du cylindre de réchauffeur à l’avant et des soupape à l’arrière),
- réchauffeur Knorr, avec pompe à gauche et réservoir au sommet de la chaudière, inexistant sur la 104 (mais avait-il été conservé sur la 6001 ?),
- pompe de frein à droite (à gauche sur la 104).
Différences pas reproduites par LGB (par ordre d’importance décroissante)
- pas de lanterneau sur le toit d’abri,
- pas de chapiteau de cheminée,
- biseau de caisse à eau plus long (subtil et quasi impossible à modifier):
- raccord du bloc cylindres avant au tablier plat et non incurvé (regardez les photos, c’est plus facile que d’expliquer !),
- caisses à outils (?) sous la cabine, cylindres divers et plomberie variée
Il reste encore une différence subtile : les caisses à eau semblent plus basses avec biseau plus allongé et la chaudière a un diamètre peut-être un peu plus faible, ce qui donne une allure plus allongée à la machine. Mais cette remarque ne concerne pas les « gens à G » qui ne pratiquent pas le « Proto 22,5 » (à propos, est ce que ça existe ?).
Enfin, LGB a ajouté un turbogénérateur qui ne figure pas sur les photos du prototype, et qui ne devait pas exister sur la 6001.
En conclusion
A condition de choisir le modèle DR n° 99201 (ref. 25851 au catalogue 2004), un modéliste moyen peut reproduire très facilement la machine n°6001 de la ligne de la Woëvre. S’il est un peu bricoleur, il supprimera le lanterneau de cabine et le chapiteau de cheminée, supprimera le turbogénérateur et s’intéressera peut-être aux coffres et à la plomberie. La loco sera toute noire en l’absence d’autres précisions.
Bien sûr, tout cela remonte aux années 20, ce qui est loin, même pour les « gens à G », mais pourquoi ne pas explorer quelque aspects méconnus de notre histoire et oublier un temps nos amis Corpet , Louvet et compagnie ? Par ailleurs, vous pouvez toujours imaginer que votre compagnie fictive a acquis un autre exemplaire de ces machines abandonnées à Montmédy et l’a conservé jusqu’à nos jours, plus ou moins transformé. Voilà une raison plausible d’avoir une Mallet LGB sur votre réseau.
P.S. Si nos amis d’outre Rhin avaient la bonne idée de sortir un jour les Mallet 020-020 du Harz, on pourrait aussi en faire quelque chose, vu que quatre d’entre elles sont restées sur le réseau de la Woëvre, peut-être jusqu’à sa fermeture en 1938.
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