Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Pour discuter des chemins de fer à voies étroites ou métriques à l'échelle 1, des trains touristiques à voies étroites ou métriques, des manifestations sur ces mêmes réseaux, des expositions de modélisme ferroviaire ...

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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar oie galopante » 23 07 2016 à 18:54

Après La Bataille (halte), on peut clairement distinguer le tracé sur cette image de Google Earth. 540 mètres au nord de la halte, la ligne a traversé la route entre La Bataille et La Varenne sur un pont métallique élevée (icône jaune).



Le pont reste en place probablement en raison de la hauteur libre généreuse pour le trafic routier. Sur cette photo, nous voyons le remblai ferroviaire à gauche à l'approche du pont (à droite).



Et deux vues du pont plus proche.




L'accès au pont est clôturé, probablement en raison du mauvais état du tablier du pont.



Nous continuons notre voyage vers Chef Boutonne. Le trajet se trouve la plupart du temps sous les champs des agriculteurs, mais 1400 mètres avant Chef Boutonne il y a une courte longueur de remblai et un pont métallique sur un ruisseau (flèche rouge sur l'image de Google Earth).



Après de longues recherches, nous avons finalement trouvé le pont dans le sous-bois. Juillet est pas le meilleur mois, peut-être. :H2



Demain, nous allons arriver à Chef Boutonne.

À bientôt. #B6
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar Tirefond » 23 07 2016 à 20:20

Et, comme d'habitude, la trace du chemin de fer se lit partout...


Gros plan sur les "dons" du "Touring Club de France" à "l'Automobile Club des Deux Sèvres"...


Et c'est là que le scandale arriva...
En se retournant, se voyant désigné par le panneau, Malcolm fut pris d'un doute existentiel...

Hé, hé, hé... :F5
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar oie galopante » 23 07 2016 à 20:39

Je pense, donc je suis... :F9
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar oie galopante » 24 07 2016 à 17:06

Bonsoir à tous,

Lorsque la ligne des CFD a arrivé à Chef Boutonne en 1896 la grande ligne entre Aiffres et Ruffec était déjà en exploitation depuis 11 ans. Les CFD ont utilisés les installations de l'État au lieu de construire sa propre gare. Fait intéressant, la grande ligne a fermé aux voyageurs dès 1938 tandis que les CFD continuaient de fonctionner jusqu'en 1950. La grande ligne a finalement fermé aux marchadises en 1977. Voici deux cartes postales de la gare de l'État. Malheureusement, ni l'un nous montre la voie métrique.




Le bâtiment voyageur de l'Etat subsiste toujours comme nous voyons dans cette image de Google Streetview.



La zone de la gare est devenue un lotissement et la terre ferroviaire à l'ouest est maintenant une zone industrielle (Rullier S.A. "Tout pour la construction"). Sur cette image de Google Earth la ligne jaune marque le trajet des CFD, et la ligne blanche celle de la grande compagnie. Le cercle rouge marque l'emplacement de la gare communale de l'État/CFD.



Ce schéma de Chef Boutonne apparaît dans MTVS No.15. Notez la voie métrique perpendiculaire à la voie normale pour faciliter le transfert des marchandises. Notez également que la ligne des CFD franchit celle de l'Etat sur le niveau à l'est de la gare. La remise des CFD a été démoli à la fin des années 1970.



Sur cette vue aérienne de 1950, les installations de l'État sont en blanc. Il semble que la VM perpendiculaire à la VN (entre la halle et le quai) était encore in-situ à ce moment-là.



Une autre vue aérienne de la même année montre la ligne CFD en traversant celle de l'Etat, et menant à l'est vers St. Saviol.



Malheureusement, il est impossible de voir clairement le croisement des deux lignes. Cependant, une étude du plan cadastrale nous aide à tracer leurs routes respectives. La VM semble avoir franchi le VN à un angle oblique.



Dans cette photo, pris à proximité du croisement, et en regardant en arrière vers la gare, nous voyons le tracé VN à droite (aujourd'hui un sentier). Le passage entre les arbres (flèche jaune) est, je crois, le tracé des CFD.



Dans le sens opposé, le tracé de l'Etat est marqué par une ligne blanche et celui des CFD avec une ligne jaune. La route à gauche est une construction plus récente. La route à l'origine a couru vers la droite des arbres (ligne brune) et a traversé les chemins de fer par un pont, comme indiqué sur la vue aérienne au-dessus.



Je vais maintenant passer le relais à Tirefond pour nous parler d'un célèbre fils de Chef Boutonne.
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar Tirefond » 25 07 2016 à 19:05

En effet, en passant à Chef Boutonne on ne peut pas ignorer que Jean-François CAIL est natif de ce petit coin des Deux Sèvres. Non seulement la place centrale (qui comporte une belle halle) porte son nom mais le rond point devant l'ex-gare est orné de son buste pendant que le lycée professionnel porte également son nom.

Né en 1804 il devient ouvrier chaudronnier et, après son tour de France, entre à l'entreprise Derosne, à Chaillot, près de Paris, spécialisée dans la construction d'appareils de distillation. La qualité de son travail lui vaut de gravir rapidement les échelons puis de devenir associé dans l'entreprise, en 1836, qui devient l'Ent. Derosne et Cail.
Dans les années 1840 l'entreprise se développe. L'usine de Billy s'agrandit, une autre est construite à Grenelle, puis à Denain, Douai, Valenciennes et en Belgique à Molenbeek. La production se diversifie. Les constructions d'origine se poursuivent pour les sucreries traitant la betterave comme celles traitant la canne à à sucre. Rien que dans les Antilles françaises, l'entreprise, devenue Cail et Cie en 1850, équipe 14 sucreries en Martinique et 13 en Guadeloupe dont celle de Beauport qui a retrouvé récemment une ligne de chemin de fer.


Profitant de la construction des chemins de fer, l'entreprise se lance dans la construction des locomotives dont la plus célèbre, dont il a acheté la licence pour la France :


Comme on le sait bien ici, il n'oublie pas les chemins de fer locaux :



Encore quelques lignes tout à l'heure sur JF CAIL et l'on continuera direction St Saviol avec Oie Galopante. :F5
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar Tirefond » 25 07 2016 à 22:18

En 1850-60 l'entreprise CAIL compte 2500 ouvriers en France et est présente presque dans le monde entier.
Seule ou en association elle participe également à la construction d'infrastructures métalliques, notamment ferroviaires.
C'est le cas, par exemple, des viaducs des Fades et de Busseau sur Creuse.
23_busseausurcreuse_via_cpa_IBRY.jpg
23_busseausurcreuse_via_cpa_IBRY.jpg (129.97 Kio) Vu 4377 fois


Il se lance également dans l'agriculture industrielle sur ses domaines de La Briche, Indre et Loire, près de Rillé, et des Plants, Charente, près de Ruffec.
Vitrine de ses installations sucrières, avec leurs distilleries, ces domaines visaient la production intégrée de produits de base, alcool et sucre, à partir des céréales et de betteraves, l'élevage servant à la vente mais aussi, si ce n'est essentiellement, à la consommation des sous-produits, à l'enrichissement des sols et à l'auto-consommation par la main d'oeuvre du domaine.
A La Briche, un réseau ferroviaire de 2 km relie les bâtiments d'exploitation de la ferme centrale tandis qu'un second, de 15 km, parcourt le domaine. Les batteuses, mues par une "machine à vapeur", sans autre précision, sont montées sur rails.

Détail de la ferme centrale où est figuré le réseau intérieur de desserte des bâtiments d'exploitation.

En 1870 l'entreprise Cail compte 5000 ouvriers. Après la défaite de Sedan et la chute de Napoléon III, Cail se met à disposition du gouvernement provisoire et installe une minoterie dans Paris assiégé pour nourrir les habitants. Pendant cette période Il fabrique également des canons. Epuisé de travail il meurt en 1871.
Sa société deviendra en 1882 la S.A. des Anciens Etablissements Cail puis la Société Française de Construction Mécanique en 1898.

JF CAIL développa également, à l'instar d'autres grandes entreprises de l'époque, une politique paternaliste à l'égard de son personnel. Ce terme, devenu aujourd'hui plutôt péjoratif, consistait à améliorer le cadre de vie du personnel que l'on employait. JF Cail construisit ainsi dans Paris des habitations à loyers modérés pour son personnel et leur famille. Il créa également à son intention une caisse d'aide mutuelle abondée par une part des bénéfices de l'entreprise et fidélisa ses ouvriers en les intéressant aux bénéfices de la société.
Pour les gens intéressés, le site dont est extraite la majeure partie des infos précédentes : ------> http://www.cailjf.sitew.com/#Activites_J_F_CAIL.K

Allez, maintenant je crois qu'on peut s'élancer vers Saint-Saviol ! :F5
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Messagepar L'Amiral » 26 07 2016 à 08:24

Je reviens un instant sur la photo de la gare de La Bataille. Al Capone est certainement un "ménétrier", c'est à dire un joueur de viole à rouet. si l'on considère que le personnage de gauche est un "Suisse", il y a donc tout à parier qu'une noce vient de partir ou va arriver à cette gare. Le joueur de viole et le Suisse assurant la conduite des mariés et invités, soit vers l'église ou l'auberge.
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Messagepar Tirefond » 26 07 2016 à 08:39

@ l'Amiral : Bravo pour cette fine connaissance des anciens usages locaux ! #B6
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar oie galopante » 26 07 2016 à 17:50

Merci Tirefond pour cette diversion intéressante. E2

Et merci L'Amiral pour l'interprétation de la scène à La Bataille. Mais je ne comprends pas ce que "Suisse" signifie dans ce contexte. :F9

Bonne soirée à tous,

Avant de poursuivre en direction de St. Saviol, je dois revenir un instant au Paradis (page 21). J'ai oublié de poster une vue aérienne. Dans cette vue de 1950 on remarque le tracé qui serpente vers le nord après Néré. Dans le cercle rouge nous voyons (je crois) un abri à l'emplacement de l'arrêt facultatif. L'arrêt figure dans les horaires anciennes. Il semble donc probable que l'abri a été construit par les CFD (comme ce fut le cas à Douzat à la page 10) plutôt que par la commune. Notez également le train à l'intérieur du rectangle rouge.



Plus de ma part demain. En attendant, voici un extrait de la carte Michelin de 1931, montrant notre itinéraire entre Chef Boutonne et St. Saviol.



Jusqu'à demain. #B6
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar Tirefond » 26 07 2016 à 21:46

oie galopante a écrit: Mais je ne comprends pas ce que "Suisse" signifie dans ce contexte.

Le dictionnaire Larousse dit :
Nom donné, à partir du XVIIe s., au bedeau chargé de la surveillance de l'église, du bon ordre des cérémonies, et habillé à la façon des gardes-suisses de la maison du roi. (Les suisses ont pratiquement disparu.)

C'était, en quelque sorte, le gardien de l'église et l'organisateur des cérémonies. Il portait un uniforme, même dans nos campagnes.
On n'en trouve plus guère qu'au Vatican !
ob_b3176b_gardes-suisses.jpg
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar Le lampiste » 27 07 2016 à 08:42

Les chefs de gare de Suisse ont un képi rouge.
:F5
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar oie galopante » 27 07 2016 à 17:01

Merci Tirefond - maintenant, je comprends. En anglais nous disons "Beadle".

Bonsoir à tous,

Continuons notre voyage vers St. Saviol. Après avoir quitté Chef Boutonne et franchissant la voie normale de l'État, la ligne des CFD a traversé la RN.740 (D.740) au moyen d'un passage à niveau. Ceci étant une route principale, les CFD ont fourni une maison de garde barrière. Aujourd'hui, le trajet (points jaunes sur cette image de Google Earth) se trouve sous les champs cultivés.



La maison de garde barrière est maintenant une résidence privée, un peu élargie. Belles rideaux. :rod_siflet



Ces deux images de Google Earth montrent le trajet à la prochaine gare de Melleran. Notez l'arrêt facultatif de Mandegaud qui figure dans les horaires des années ultérieures. Le village est nommé Mandegault sur les cartes. Une icône jaune marque l'endroit le plus probable. A noter également les deux sections où le tracé est devenu un chemin agricole.




La gare de Melleran est aujourd'hui une résidence privée bien entretenue. Dans cette vue extérieure, nous voyons que le bâtiment d'origine est inchangé. Même le quai est toujours là (à droite).



Et ici, un jardin potager où jadis il y avait des rails. Notez également le vieux puits à droite.



Le trajet entre Melleran et La Chapelle-Pouilloux-Lorigné (halte) se trouve la plupart du temps sous les champs des agriculteurs (points jaunes sur ces images de Google Earth). Il y a une section du tracé qui est devenu un chemin agricole (flèches blanches). Dans les horaires ultérieurs il y avait un arrêt facultatif nommé La Chapelle en plus de la halte. Les cercles rouges marquent l'emplacement probable.




À La Chapelle-Pouilloux-Lorigné (halte), nous avons trouvé les propriétaires chez eux. La halte appartient à une famille galloise qui l'utilisent comme une maison de vacances. L'endroit est calme et charmant. Le seul inconvénient est l'absence d'électricité. :idea:



La plaque d'identification d'origine a été restaurée avec amour.



Voici un site intéressant avec beaucoup d'informations sur la ligne à St. Saviol. Il ouvre avec un triste conte d'un jeune soldat qui est allé à la guerre à partir de La Chapelle-Pouilloux-Lorigné (halte) en 1914, ne jamais revenir. Il a été tué au combat en 1916.

http://pioussay.wifeo.com/le-train-sain ... saviol.php

Jusqu'à demain. #B6
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar Tirefond » 27 07 2016 à 18:17

Et bien sur, à la station de La Chapelle-Pouilloux - Lorigné il y avait...un puits. Contrairement aux autres modèles CFD, à trois branches et une poulie, celui-ci est équipé d'un treuil. Peut être une amélioration au cours du temps...
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar Tyrphon » 27 07 2016 à 21:34

Tirefond a écrit:
oie galopante a écrit: Mais je ne comprends pas ce que "Suisse" signifie dans ce contexte.

Le dictionnaire Larousse dit :
Nom donné, à partir du XVIIe s., au bedeau chargé de la surveillance de l'église, du bon ordre des cérémonies, et habillé à la façon des gardes-suisses de la maison du roi. (Les suisses ont pratiquement disparu.)



Voila un "Suisse" tel que j'en ai vu dans ma petite enfance.

suisse-12c4b.jpg
suisse-12c4b.jpg (45.14 Kio) Vu 4041 fois


En fait, il n'était pas suisse du tout, c'était tout simplement le bedeau. Cet uniforme n'existait plus dans les églises des faubourgs de ma bonne ville, mais on le voyait encore pour les cérémonies à la collégiale.

Un (vrai) Suisse à qui j'ai parlé du sujet m'a dit que dans la France de l'ancien régime, on embauchait souvent des gardes suisses du Roi à la retraite comme gardiens d'immeubles. A l'origine, l'appellation "le Suisse" ne désignait donc pas seulement un bedeau d'église, mais aussi un concierge.
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Re: Le Réseau CFD des Charentes et des Deux-Sèvres‏

Messagepar Patrick ze rabbit Deludin » 27 07 2016 à 22:01

Tirefond a écrit:Contrairement aux autres modèles CFD, à trois branches et une poulie, celui-ci est équipé d'un treuil. Peut être une amélioration au cours du temps...

:F5
Les treuils sont souvent nécessaires lorsque le puits est profond : c'est plus facile de remonter le seau plein avec une manivelle plutôt qu'en tirant sur une corde qui passe dans une poulie, et on peut s'arrêter 2 minutes pour souffler.
...Sans lâcher la poignée du treuil... :rod_siflet
Le treuil est parfois implanté plus haut, de façon à attraper plus facilement le seau sans qu'il tape dans ledit treuil... et se vide partiellement ou retombe au fond du puits. Dans ces cas-là, mieux vaut ne pas essayer de le rattraper par l'anse D9
Mais qu'est-ce que je fais sur un forum de train ?
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