Ça vient ça vient !
J'ai préféré recouper et aller jusqu'à 1914, sinon cela aurait été trop long.
Épisode II : de 1892 à 1914
Nous voici donc en 1892. Le réseau du littoral est en constitution, suivant son modèle, le réseau des Alpes.
Ce dernier comprend 3 lignes : Digne-Mézel puis Saint André (suivant les travaux du PLM), Nice-Meyrargues (à trois files de rails jusqu'à Draguignan) et Nice-Puget Théniers. Les 2 dernières lignes se séparent en gare de Colomars, ou le Var est traversé (pour la ligne de Draguignan seulement) par un superbe pont métallique construit par la Société des Ponts et Travaux en Fer, qui est "un tunnel métallique, une galerie à claire-voie figurant la Tour Effel couchée". Le trafic "routier" passé au niveau du sol, tandis que le train passe au dessus, au niveau supérieur.
Entre Colomars en Draguignan, la ligne est dans la "montagne" est alterne entre tunnel, courbes de faible ou grand rayon, ou viaducs (métalliques ou en maçonneries) dans un paysage spectaculaire et à couper le souffle. Le viaduc de La Siagne est particulièrement spectaculaire mais sera détruit pendant la guerre (voir
ici). Entre Draguignan et Meyrargues, c'est plus plat, on passe les champs de vignes et d'oliviers, plantés dans la terre rouge bordeaux de bauxite, on peut aussi apercevoir les gros massifs blancs du département des Bouches-du-Rhône passé Rians. Le minerai de Bauxite est particulièrement florissant pour le SF, plusieurs EP allant dans les mines (dont celui de Beausoleil relié a un transbordeur aérien). À Meyrargues, la gare est considérable et rassemble dépôt, échange avec le PLM et la ligne de la Régie de Bouches-Rhône. Ce trafic sera considérablement dopé par l'organisation Todt pendant la seconde guerre, mais on en reparlera.
Entre Colomars et Puget, la ligne est établie en rive droite puis gauche, puis droite du Var. Jusqu'à Baus-roux, la ligne est dans une petite plaine. Mais à partir de cette dernière gare (ou plutôt halte), on est dans la vallée ! Il n'y a de place que pour le Var, et serré d'un côté, le train et la Nationale 202. On passe quelques épaisses forêts de sapin, de toute beauté. Un embranchement (actuelle voie ou sont garés les wagons de marchandises du GECP) est établi permettant d'exploiter et d'envoyer du bois sur Nice.
Avançons un peu dans le temps : pendant que des essais sont effectués sur les voies à 3 files de rails (voiture Salon du PLM et 030T CP à voie normale -en fait transposable VM/VN par écartement des roues- dotée d'un arceau matérialisant le gabarit; ou bien de véritables rames de marchandises avec des machines diverses du PLM ou de chemins de fer d'intérêts généraux et locaux en VN), d'autres essais sont menés pour les possibilités d'attaques de l'Italie. En effet, on craint une menace et on a établie de nombreux forts dans la vallée, ce qui permet de voir la formation de train militaires sur les CP. Plus haut, on continue les travaux devant lier St André a Puget. En 1899 le raccordement de Nice est établi a voie normale (partiellement en VM en 1914 et totalement en 32). En 1904, le tunnel de 3457 de La Colle-St-Michel est percé et mis au gabarit, après 4 ans de durs travaux. Il est situé juste en aval de Thorame Haute ... Il faudra donc près de 7 ans avant que des trains ne le traversent !
En 1905 les tramways de Nice entre dans la gare du Sud sur un faisceau électrifié pour les marchandises, permettant de nombreux et vitaux échanges entre les TNL (Tramways de Nice et du Littoral) et les CP. Deux années plus tard, le terminus de la ligne venant de Nice devient Pont de Gueydan, allongeant la ligne 12 kilomètres. Puis c'est le 30 septembre que le premier train fait son entrée en gare d'Annot, roulant entre Pont de Gueydan et Annot (à prononcer AnnotE) sur une voie provisoire et tractée par une machine de chantier. Ce même jour est ouverte a l'exploitation la section Puget-Pont de Gueydan. Il faudra attendre le 27 juin 1908 pour voir le train arriver en exploitation régulière a Annot.
Peu à peu, vont ensuite se développer des lignes de trams permettant de désenclaver les vallées avoisinant la ligne (Dans l'ordre depuis Nice vers le Nord), Vallée de l'Estéron, ouverte en octobre 1924, de la halte du Pont Charles-Albert à Roquestéron, sur 28,6 km; de la Vésubie, ouverture en août 1909, de la place de la gare de La Vésubie-Plan-du-Var à Saint Martin-du-Var, sur 33,8km; de la Tinée, de la gare du même nom à St-Sauveur sur Tinée, ouverte en 1912 -le lendemain du naufrage du Titanic pour l'anecdote-, et se déroule sur 23,8 km (à compter de la bifurcation de la Mescla à St-Sauveur sur Tinée, la ligne entre la Tinée et la bifurcation se faisant en tronc commun avec la ligne de Nice) et la ligne de Gorges de Daluis, allant de Pont-de-Gueydan à Guillaumes, ouverte en juillet 1923 et allant sur 19,1 km. À ces lignes s'y ajoutent 3 situées plus vers l'Ouest, on compte la ligne allant de Cagnes à Grasse (1910, 25km), (Cagnes) Villeneuve-Loubet (Villeneuve-Jonction) à Vence (1911, 11km) et (Grasse) Pré-du-Lac - Le Bar (1912, 3,2 km). Toutes ces lignes bénéficient de raccordement avec le SF (Pont-Charles-Albert, la Vésubie-Plan du Var, La Tinée, Pont-de-Gueydan, Grasse (raccord établi en pleine ville et dans la rue et non en gare commune, imposé par le relief) et Le Bar), ou aux TNL à Cagnes, ou une gare commune est établie sur la place de la gare PLM. Un raccordement est aménagé, dépourvu de ligne aérienne et les wagons sont transbordés sur l'aire. Ces lignes seront à classer parmi les plus déficitaires de France et endetteront lourdement la compagnie SF.
Retournons au réseau d'intérêt général. Ça bosse dur et en 1911, date mythique du réseau,c'est inaugurée en grande pompe la ligne Nice-Digne dans sa totalité. Le réseau va alors entrer dans une phase d'apogée jusqu'à 1926-27. On trouve alors en 1914 un parc constitué de :
- 53 locomotives à vapeur en service (4 030 a tender séparé, 8 120, 1 030 T transformable pour le raccordement de Nice, 4 031T, 8 mallets 020+020T, et 28 230T),
- 1 voiture salon, 8 voitures d'excursions a bogies (puis qui deviendront pour certaines voitures de première dans l'entre deux guerre), 7 voitures de première classe à essieux, 10 voitures mixtes à essieux et 10 à bogies, 19 voitures de 2nde à essieux et 14 à bogies, 9 voitures mixtes fourgon/2nde classe à bogies, 18 fourgons à essieux et 6 à bogies, soit près de 78 voitures et 24 fourgons
- et un parc de wagons approchant le millier d'unités pour près de 349 kilomètres de LIGNES (rajoutez gares, débords, et embranchements et on arrive facile à 400 km, pour le seul Réseau Des Alpes ! Soit environ 510 kilomètres avec le Réseau Du Littoral !).
On trouve à Draguignan un très très vaste dépôt, agrandi en 1905 avec une remise pouvant notamment accueillir 15 machines, une vaste remise a voitures, des grands ateliers et magasins.
Voilà c'est déjà bien pour cet épisode !