ligne de Sens (89) à Nogent sur Seine (10)

[laromi]

Bonsoir,
Sujet très intéressant et très bien documenté par tous et surtout par oliv89 pour une ligne qui n'aura duré qu'à peine 15 ans voir même 10 ans pour la portion St Maurice aux Riches Hommes-Nogent.
Cette ligne a certes été voulue et défendue par le député Jean Javal, mais avec un tracé, qui comme par hasard, passait près de sa propriété de Vauluisant avec même un embranchement particulier pour la desserte de son domaine.
Cette ligne qui a été un gouffre financier aussi bien pour les concessionnaires que pour le Département devait être bien folklorique.
J'apporte ma contribution par quelques images issues de ma collection personnelle de carte postale, mais pas de gare de St Martin.
Pour finir une image aérienne de St Martin sur O. de 1948 tirée de Geoportail (une mine d'or pour retrouver les traces des voies métriques notamment), que l'on peut encore agrandir.

Gare de Gisy les Nobles - à gauche vers 1925, à droite en 2012

St Martin sur Oreuse, vue aérienne géoportail en 1948

[oliv89]

Nogent sur Seine

Pour la ligne Belefo-Paris via Nogent sur Seine, il y avait justement la Seine à traverser pour rejoindre la Gare de cette grande ligne.
Ce pont sera construit qu'après la première guerre mondiale ,non sans quelques difficiles tractations

Voici des cartes postales qui nous montrent la construction de ce pont.
Il est du type Bowstring en béton armé de 71 m de portée.
Les piles du pont seront modifiées car prévues trop faibles sur le plan d’origine.

Construction d’une pile du pont, à droite la cloche a plongée qui permet de travailler sous l’eau (en 1924).

Ici le gabarit, en construction sur l’une des rives de la Seine.

Ici le gabarit est en place sur la seine

Le pont pratiquement finit en 1928

Ce pont permettra le 28 juin 1928 d'achever l’ouverture de la ligne jusqu’au terminus.

Elle était tout à coté de la gare de la ligne de Belfort.
Elles comportaient elles aussi une zone de marchandise commune équipées d’un pont roulent (PR) visant à faciliter le transbordement des marchandises.
Pour les voyageurs ils leur suffisaient de traverser la route pour rejoindre la gare de la ligne de Belfort.

L’armée française détruie le pont en 1940 pour ralentir l’avancer de l'armée Allemande...
Il ne sera jamais reconstruit.
La gare est détruite en 1982

A Nogent sur Seine il ne reste plus qu'un panneau sur l'histoire de la ligne : http://www.lest-eclair.fr/article/a-la- ... un-panneau
la revue : LE GENIE CIVIL - N° 2442 - du 01/06/1929 fut entiérement consacré à la construction de ce pont.

[oliv89]

Oui c'est bien ma maison !. Si vous avez une vue d'elle à sa grande époque, je prends ...

[oliv89]

le terminus de SENS

A Sens c’était l’Yonne qui barrait la route à notre petite ligne et là les choses étaient bigrement plus compliquées.
En effet les derniers Kms se heurtaient à de multiples oppositions des autorités locales, départementales et militaires.
La ville de Sens ne s’opposait par a cette liaison mais pour un cout et des conditions raisonnables.
Ce ne fut pas moins de 4 tracés qui furent étudiés, des plus simples au plus farfelus.
La traverser de l’Yonne aurait dut permettre de rejoindre la gare de la ligne de Sens-Erevile.

Elle était tout à coté celle de la ligne du P.L.M.

Elles formaient avec la gare de la ligne Orléans - Châlons un nœud ferroviaire.

Ces trois gares ont eu elles aussi une zone marchandise commune

Mais pour finir et donner toute son utilité à cette ligne, il aurait fallu franchir l’Yonne. le tracé original(1905) était celui-ci :

Il franchissait l'Yonne par un pont de 212 m et se repiquait sur la voie du port de la plaine des Sablon

Mais le coût était trop important pour la ville et la région.

L’on envisagea de faire passer le train en ville pour utiliser les ponts existants.

Ce tracé ne fut pas accueilli avec enthousiasme par la ville de Sens et ses habitants. Ils s’y opposèrent de façon virulente, pétition à l’appui. Cette pétition explique a quelle point le passage du train dans des rues très étroite allait gêner la circulation des diverse voitures et des piétons déjà très intense en 1907… . Les pétitionnaires demandaient l’arrêt du projet et que le train passe par un pont sur les bords de l’Yonne.

Un arrêté municipal sera pris, interdisant toute pose de rails dans la ville de SENS.

Un autre itinéraire fut donc étudié avec une gare SENS Ville.

Elle était non loin de la gare de l’Est de la ligne Orléans - Châlons .

gare de l'Est

Malgré un projet en 1912, ces deux gares n’auront pas de zone de marchandises commune,
ce qui ne facilitera pas l’exploitation de la ligne.

[oliv89]

La ligne continuait tout droit après la gare Sens Ville dans qui n’était à l’époque qu’un terrain vague.
Elle passait l’Yonne par un pont de 212 m de long et se dirigait vers la gare de la ligne Sens – Egrevile.

Les fonds étaient finalement trouvés avec une participation de la Ville de Sens a hauteur de 100 000 F.
Le feu vert pour la construction du pont, fut en fin donné le 27/07/1914. Mais la mobilisation générale du 01/08/1914 et la déclaration de guerre du 04/08/1914 stoppa net tous travaux.

A la fin de la guerre, les besoins et les conditions économiques n’étaient plus les mêmes.
La reconstruction de la ligne, qui avait été démantelé en 1917 par l’armée française, était déjà une lourde charge. Ce pont étant jugé trop onéreux. La ville de Sens ne voulait pas s’engager plus que les 100 000 F d’avant-guerre. Il fallut chercher des solutions plus économique, l’on envisagea à nouveau comme 1907 de faire passer le train sur les promenades, sur l’ile et par les deux ponts. Là encore il y eu une péttiion.

L’on à fini par envisager d’utiliser le double pont de fer de la ligne Sens - Troyes en y accollant une passerelle ou en construisant une voie mixte (train+route).

l’armée s'y opposa pour de sombres raisons stratégiques …

Ce double pont sera détruit par un bombardement des alliées le 26 juin 1945 dans une vaste campagne de destruction des chemins de fers, l’armée allemande aurait put utiliser celui-ci pour acheminer rapidement des renforts afin de contrer l’avancée des alliées.

Il ne sera jamais reconstruit, coupant ainsi définitivement la liaison Orléans – Chalons.

Le ministre des transports arbitra en imposant un retour au tracé d'origine. Mais le manques de fonds et la future réalisation des boulevards, bloquera là aussi ce projet. Le conseil général renonça provisoirement à ce pont ferroviaire puis avec le temps définitivement. C’est l'une des causes du non développement de cette ligne. Car le terminus était loin de tout, se qui ne facilitait pas le transport des voyageurs et des marchandises.

[YVES]

Joil travail. belle icongraphie. Les plans sont interessant, d'ou proviennent-ils ?

[oliv89]

bonjour

Les plans sont aux archives départementales de l'Yonne à Auxerre, comme de nombreux autres documents sur les tacots de l’Yonne.
Mais il n'y à pratiquement pas de cartes postales de cette ligne.


cordialement

[CA-CBR-TEMS]

Bonjour
Dans le cadre des recherches que vous menez aux archives départementales de l'Yonne, peut être avez vous trouvé quelque document concernant le fait ci-dessous :
Au lendemain du conflit 1914/1918, face à l'importance des destructions, pour le réseau des Ardennes (C.A.) le département des Ardennes a loué du matériel roulant au département de l'Yonne. Il est à penser qu'il s'agit de tout ou partie du matériel approvisionné pour les lignes en construction en 1914, et momentanément sans emploi, dont celle de Sens à Nogent.
Il s'agirait de trois locomotives et 61 voitures et wagons.
Il m'intéresserait de savoir :
- à partir de quelle date ces matériels ont été loués au département des Ardennes
- quelles ont été les gares de destination
- à quelle date les matériels ont été restitués
- enfin et ce serait le nec plus ultra, les numéros et caractéristiques de ces matériels
Sachez que le moindre indice me serait utile.
Je vous en remercie à l'avance

[Punavai]

Merci Oliv89 pour ce reportage bien documenté sur cette ligne oubliée, à l'iconographie rare. C'est d'autant plus intéressant que la documentation d'époque s'accompagne d'une recherche sur le terrain.

[oliv89]

LE POINT DE JONCTION DES TRONÇONS

Au départ de la réalisation de la ligne, les ateliers d’entretiens auraient du se trouver à la gare de Sens Egrevile.
Mais vue les difficultés auxquelles l'on se confrontait a Sens, il fut décidé d’utiliser la gare de St Maurice Aux Riches Hommes pour entretenir le matériel roulant.
Des ateliers et des hangars y furent donc construits.

Vue de la gare en direction de Nogent sur Seine.

A gauche les ateliers d’entretien du matériel roulant et à droit la gare.

Vue de saint Maurice aux Riches Hommes de 1948

De cette gare, partaient trois voies, une en direction de Nogent sur Seine avec une grande courbe a travers le village, la deuxième en destination de Villeneuve l’Archevêque et la dernière en direction de SENS.

Implantation des voies

Ici une 030 T Pinguely à l’atelier en 1928 comme nous montre l’inscription sur la machine.

loco 12.jpg (222.29 Kio) Vu 3713 fois

130 T Corpet

De nos jours il existe encore le bâtiment des ateliers et celui des voyageurs. Il est devenu une maison.

[Max-Therence]

En vente en ce moment en occasion sur Amazon le petit livre : Heurs et malheurs des tacots de l'Yonne : 1887-1951
http://www.amazon.fr/gp/offer-listing/2 ... ition=used

Commentaire vu dans un autre forum à propos de cet ouvrage :
""Heurs et malheurs des tacots de l'Yonne" écrit et publié en
85/86 par le centre auxerrois de l'université pour tous de Bourgogne.
Ce livre est très bien documenté. Edité, je suppose, par une association avec
peu de moyens, la qualité des photos tient plus de la photocopie de photocopie
que de la reproduction offset."

Sur le site cheminots des photos couleurs intéressantes de l'état actuel de certaines des gares de la ligne :
http://www.cheminots.net/forum/topic/27 ... champagne/

[oliv89]

Bonjour
Oui ce livre « Heurs et malheurs des tacots de l’Yonne » est très documenté. Il a était publié par l’association université pour tous de Bourgogne. Cette ligne fut aussi l’object d’un article très intéressant dans la revue « chemins de fer régionaux et urbains n° 221 en 1990». Elle est aussi citée dans un paragraphe du petit livre « Vestiges et réminiscences du nœud ferroviaire de Sens de Rémi Couvignou édité par la gazette 89 édition en 2011. Quant au site web des Cheminots, je l’ai découvert il y à un an et j’ai le plaisir de l’enrichir au fur est à mesure des découverts, de cartes postales que j' achète ou de documents. Cette recherche m'a aussi conduit à découvrir l’histoire de mon village, en achetant depuis 12 ans des CPA, que j’ai partagé sur le cite CPRAMA :http://www.cparama.com/forum/saint-martin-sur-oreuse-t8621.html

[oliv89]

Le tronçon Saint Maurice aux riche Hommes à Villeneuve l’archevêque.

Ce tronçon était long de 14 Km, le trajet durait 35 mm. Il était constitué de 2 gares et 2 haltes en plus de la gare de Villeneuve. Partant en direction de Sens il s’écartait rapidement vers la gauche où il longeait la route de Courgenay.

L’on retrouve encore la plateforme mais envahie ici et là par des plantes.

Le tronçon passait à travers bois pour arriver à la halte des sapinières qui ce trouvait au milieu de rien...

De là il repartait pour Courgenay.

La Gare le 11/02/2013

Elle a été agrandie avec une extension au-dessus de la halle à marchandises et un garage lui a été ajouté en respectant le style des lieux. Elle est à ce jour en vente.

Ensuite il passait par la halte du domaine de Vauluisant à 1 km de là.

Cette halte se trouvait devant la porte du domaine.

[oliv89]

De la partait un embranchement privée qui pénétrait dans le domaine par la porte de la ferme. Il y à 4 ou 5 ans, lors d’une visite du domaine, j’ai eu l’occasion de voir qu’il y avait encore des tronçons de voies à l’intérieur.

Selon différents écrits, en 1914 il n’y avait que 5 km de voie avent la mobilisation. Mais selon ce document de 1916 (vendu sur le net), il semble que la voie passait déjà devant la porte du domaine.

Puis le train longeait la route et entamait un long virage où il rencontrait la gare de Lailly

Gare de Lailly au 11/02/2013

Elle aussi à était agrandie avec une extension au-dessus de sa halle à marchandises.

Le petit train continuait ce grand virage avant d’arriver en gare de Villeneuve l’Archevêque à 2 mm de là.

villeneuve l'archevêque V.A.jpg (116.71 Kio) Vu 3562 fois

[YVES]

Vraiment interessant à lire.