Bonjour,
Pour ceux qui, comme moi, n'ont pu accéder durablement aux 20 pages du livre de m. Lanz dont je proposais la lecture dans un post précédent, je vais résumer rapidement, avant de tout oublier, ce que j'ai pu lire en diagonale, me promettant d'y revenir plus tard....
On se rappelle qu'il s'agissait d'une description historique de l'influence de l'arrivée du chemin de fer sur le développement régional des provinces syriennes de l'Empire Ottoman dont le Liban faisait partie sans être individualisé.
Voici :
Beyrouth, bien qu'existante depuis l'Antiquité, n'était, au milieu du XIXe siècle, qu'une modeste bourgade dont le port ne supportait pas la comparaison avec ceux d'Acre, Tyr (Sour), Sidon (Saïda), au sud, ou ceux de Jbeil (Byblos) et Tripoli, au nord. La ville était mal desservie et coupée de l'arrière-pays par la montagne parcourue seulement de chemins muletiers. La route carrossable directe Beyrouth-Damas ne sera ouverte qu'en 1863.
L'Empire Ottoman, quant à lui, était en voie d'affaiblissement. C'était "l'homme malade de l'Europe" selon l'expression consacrée. Il s'étendait de la Bulgarie et de la Bosnie actuelles à l'Irak, la péninsule arabique et le Sinaï. Des mouvements d'autonomie régionale le traversait.
L'Europe, de son côté, était en pleine période de croissance et de colonisation : l'Italie, en Tripolitaine (Lybie actuelle), l'Angleterre, en Egypte, pour ses relations avec sa colonie indienne, la France, en Afrique du nord et en Egypte aussi avec le canal de Suez, en construction, qui sera ouvert en 1867.
L'Allemagne, elle, étendait son influence vers l'Irak en s'alliant à l'Empire Ottoman et en promouvant de grands travaux : la première ligne télégraphique de Constantinople (à l'époque) à Bagdad est construite par Siemens et ce sont, bien sur, les allemands qui construisent la voie ferrée du Bagdad-Bahn sur le même trajet, en VN. Dans ce contexte, le CdF du Hedjaz n'est finalement qu'une branche du Bagdad-Bahn.
L'Angleterre cherchait également à augmenter son influence dans l'Empire Ottoman à partir des ports que sa marine marchande desservait : Haïfa, Acre.
La France fit de même en créant la "Sté des CdF ottomans économiques de Beyrouth, Damas, Hauran" (BDH) qui se chargeât de construire la ligne Beyrouth-Damas-Muzeirib à l'origine de ce fil.
L'ouverture de cette ligne, en 1895, permet alors l'évacuation des produits agricoles de la riche région du Hauran vers Damas (qui, à l'origine, est une oasis) et, par transbordement sur la VN à Rayak, à partir de 1908, vers Homs, Hama, Alep, et peut être même encore plus vers le nord et l'Anatolie.
(Je m'étonnais, dans un post précédent, du choix de Muzeirib, modeste village, comme terminus de la ligne. Il m'apparaît maintenant que ce village pouvait à l'époque être un marché important et, si ce n'était pas le cas, son choix, au coeur de la région de production, en valait bien un autre. Des considérations topographiques pour l'établissement du tracé ont pu également jouer.)
La ligne permet également d'améliorer le ravitaillement de la ville de Beyrouth (la plaine côtière, étroite, voire inexistante, est peu propice à la culture) et, par son port, permet l'exportation d'une partie de cette production. En retour, le port et la ville se développent en accueillant des importations plus nombreuses dont la diffusion est assurée par le chemin de fer. Beyrouth devient le port de Damas et accroît son importance économique et administrative au détriment des autres villes-ports du littoral libanais qui ne disposent pas de débouché ferroviaire.
De plus, la production agricole de la plaine de la Bekaa se trouve elle aussi stimulée par l'ouverture des nouveaux débouchés offerts par la ligne dont la raison sociale est devenue "Damas-Hama et Prolongements" (DHP). Rayak et Zahlé se trouvent au centre de cette plaine où l'eau, descendant du Mont Liban, n'est ni rare ni située trop en profondeur, puisqu'elle donne naissance au fleuve Litani, qui coule vers le sud, et au fleuve Oronte, qui coule vers le nord. Cette petite région intérieure, coincée entre la chaîne du Mont Liban, à l'ouest, et celle de l'Anti-Liban, à l'est, se trouve ainsi "désenclavée" comme on dit aujourd'hui. Sa prospérité augmente.
Il est difficile d'imaginer aujourd'hui, en voyant la modestie des installations ruinées, l'impact économique et humain qu'a pu avoir cette ligne de chemin de fer sur ces régions de l'Empire Ottoman plutôt isolées compte tenu de leur relief montagneux. La ville et le port de Beyrouth ont commencé leur développement en grande partie grâce à ce lien ferroviaire.
Le réseau a ainsi vu transiter des dizaines, voire des centaines de milliers de tonnes de marchandises par an, là où les pistes caravanières ne transportaient que des quantités insignifiantes, par comparaison.
L'ouvrage de m. Lanz évoque pour le tronçon Muzeirib-Damas, compte tenu du profil et du nombre d'évitements, la circulation de 13 trains par jour (2 sens réunis, je pense, sans en être sur). Le tronçon Damas-Beyrouth, avec 2 rebroussements et une crémaillère de Rayak à Beyrouth, pouvait accueillir une dizaine de trains par jour. Dans les deux cas, vu les installations, c'est un trafic considérable, sans rapport avec l'aspect "VFIL" des installations.
Quelques petites photos maintenant : Sur le site de Railfan Europe qui, comme son nom ne l'indique pas, possède une petite section hors Europe :
lien :---->
http://www.railfaneurope.net/pix_frameset.htmlA gauche, descendre jusqu'au drapeau syrien, rouge, blanc, noir, siglé SY
Beaucoup de photos du CdF du Hedjaz, quelques unes du DHP, en rubrique "steam"
Le reportage de Roger Griffiths n'est pas vieux (2008) mais, vu les circonstances, il se pourrait bien que ce soit déjà de l'histoire....
A plus tard