Merci pour ces infos !
C'est exactement cela, le problème de la mise en accessibilité des sites et monuments préservés : comment garder une esthétique "dans son jus" qui permet de comprendre et de transmettre des ambiances, des contextes, et aussi une façon d'appréhender l'existence de ces époques correspondantes... tout en donnant un cadre "conforme" aux nécessités réelles ou supposées de l'accès au public ?
Les règlementations sur l'accessibilité, les règles de sécurité, ajoutées tout simplement au manque de culture ferroviaire et/ou historique des intervenants et décideurs (ceci dit sans aucune intention péjorative), souvent mêlée de bonne volonté (heureusement d'ailleurs !) conduit dans la plupart des cas à une stérilisation des ambiances.
C'est particulièrement flagrant dans le domaine qui nous intéresse ici : les "fins de cycle" des réseaux métriques et submétriques ont vu le passage des ferrailleurs et récupérateurs divers. Dans quelques cas, des sauveteurs sont arrivés in extrémis, ou trop tard, mais n'ont sauvé que du matériel roulant, et préservé dans encore moins de cas, les composants des emprises : plateformes, voies, bâtiments (et pas seulement les gares)... Presque jamais la file de poteau qui courait le long des rails, mais parfois les abris le long des voies, ou plus petit comme les baraques de cantonniers. Encore moins les équipements accessoires : puits, fontaines, barrières, jardinières avec les fleurs dedans, les arbres ombrageant les quais, etc...
Pourtant, c'est cet ensemble qui signe un paysage ferroviaire et ses spécificités, avec pour qui sait voir, les variations subtiles d'un réseau à un autre, mais dans tous les cas permet de le lire comme tel par rapport à la campagne, la foret, la ville, etc...
Passé le temps des amateurs, passionnés, et passeurs de mémoire qui transmettent ce qu'il ont pratiqué souvent au quotidien, vient la période des épreuves financières. La loi commerciale devient la règle, tout simplement pour pouvoir survivre, et pérénniser le patrimoine sauvegardé. Or dans ce cas, la tentation est très vite présente de "faire briller", de "faire propre et accueillant", bref de redonner une image pimpante. Et souvent, les solutions disponibles ne sont pas/plus des solutions identiques à celles mises en oeuvre lors de la construction de ce patrimoine, mais des solutions "économiques".
Leur mise en oeuvre conduit à des ambiances qui sont au mieux proches, au pire radicalement différentes.
Le Chemin de fer de La Mure en est un exemple (indépendamment de ses malheurs actuels) : la gare de La Mure a perdu beaucoup de son ambiance "initiale" telle qu'on peut la trouver dans les cartes postales d'époque ; le traitement des quais et des espaces entre voies avec un gravier / tout venant concassé bien propre, l'accumulation de matériel et d'objets divers en rapport avec le chemin de fer mais disposés sans rapport avec l'activité, donne une ambiance bien stérilisée. On y perçoit toujours quelque chose, mais... l'authenticité n'y a pas son compte.
C'est l'angoisse que j'ai pour le Vivarais. Que les choses soient stérilisées... avec des bordures de béton, du gravier industriel, des enduits modernes sur les batiments, et tout bien ratissé et bien propre, sans objet de la vie ferroviaire qui traine. Plus que des trains qui passent avec du monde dedans... (ce qui serait déjà pas si mal...)
Désolé pour ce gros HS, mais c'est un vrai sujet d'inquiétude pour moi, cette disparition progressive des ambiances globales d'un patrimoine. Et c'est un phénomène qui touche tous les pans de l'histoire des techniques du siècle dernier.
Ce sont toutes ces ambiances qui sont préservées, et heureusement, dans les dioramas, réseaux, et maquettes que l'on peut voir dans les expos ...