Les Forums de Passions Métrique et Etroite !!

Bonjour à tous,

les souvenirs d'enfance aident parfois à créer des mythes qui vous suivent ensuite le long de votre vie. Tout petit, mes parents m'emmenaient souvent du côté de Guillaumes (06) dans la haute vallée du fleuve Var, là où précisemment, de 1923 à 1929, a circulé un tramway qui, s'il existait encore de nos jours, serait à coup sûr, une superbe attraction touristique. De nos jours, ça et là, demeurent des vestiges de ce tram si particulier.

Comme son nom ne l'indique pas, la ligne du "haut-Var" ne se situait pas dans le département 83, mas courait le long du fleuve Var, fleuve ayant la particularité, depuis 1860 de ne jamais couler dans le Var... mais uniquement dans les Alpes-maritimes et, sur quelques kilomètres, dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Cette ligne dite "du haut-Var" prenait naissance au niveau de la gare du Sud France "Pont-de-Gueydan", entre Nice et Digne, avec la particularité pour les TAM (Tramways des Alpes-Maritimes) de courir sur 6 kilomètres en territoire bas-alpin (qui deviendra plusieurs décennies plus tard les "Alpes-de-Haute-Provence") ce département ayant bien volontiers délégué aux TAM les frais de construction et d'exploitation de cette ligne...

Sur une partie des 19 kilomètres, la ligne à voie métrique, électrifiée, traverse les fantastiques gorges de Daluis, en se mélangeant avec la route, sauf sur la partie finale, où un tracé propre lui avait été réservé.

Malgré les efforts considérables consentis pour établir la ligne, celle-ci ne "vivra" que 5 ans et demi, entre 1923 et 1929, le déficit important ayant eu raison de sa survie.

Si vous venez sur la Côte d'Azur, je vous invite a faire le détour par la vallée du haut-Var, ne serait-ce que pour découvrir les gorges de Daluis, et y repérer les vestiges de la ligne du tram !

Place aux images !


Venant de Guillaumes, et avant d'affronter les gorges de Daluis, la ligne est en site propre intégral, sur la rive gauche du fleuve Var.
A noter, en partant de la gauche, les roches qui rougissent...


... le tracé est quasiment rectiligne, d'apparence "chemin de fer", avec sa plateforme protégée, son tunnel...


... jusqu'au pont "de la mariée", qui permet au tram de passer en rive droite, et d'aborder avec la route les gorges de Daluis...

Puis, comme le montrent les clichés suivants, c'est une succession de tunnels (17) qui permet au tram de farnchir les gorges. Depuis, la route s'est appropriée les tunnels, mais le gabarit étroit demeure.











Voilà, j'espère que ces modestes clichés vous donneront des idées pour inclure à votre prochain réseau des gorges et des tunnels dignes de Daluis !

Très bonne intiative de publier ces photos des vestiges, de la fameuse ligne TAM de "Guillaume". Déjà dès 1961, à la lecture de l'ouvrage, malheureusement épuisé : De "Nice à Chamonix" de J. Robert, ce dernier avait évoqué cette ligne absolument extraordinaire !

Je tiens à citer "la conclusion" de cet ouvrage (NB: remarquable pour cette époque !) relative du "chapître consacré aux TAM" :
"De nos jours, la route, élargie emprunte un peu partout les anciens viaducs et tunnels du Sud-France qui subsistent pour la plupart, seuls témoins de ces lignes qui ont tout de même contribué puissamment au développement du tourisme en Provence. Et, lorsqu'on descend en autocar de Guillaume par les gorges de Daluis, on songe au gigantesque travail accompli pour établir cette ligne qui ne fut exploitée que durant quelques années... A notre époque de rentabilité, on s'étonne que de tels ouvrages aient été réalisés pour envoyer deux trains par jour dans un petit village perdu dans la montagne !"

Près de 50 années ont passé depuis la publication de ce livre (NB: d'autres livres également remarquables ont bien été édités depuis !), mais cette conclusion garde toute sa réalité !

Bonsoir,

Merci Metrazur de nous faire revivre cette ligne oubliée dans ce paysage grandiose.
Effectivement quel gâchis que l'abandon d'un ouvrage pareil. On le regrettera un jour, quand le litre de carburant sera à 4 ou 5 euros !

Salutations amicales.

Pierre

Merci metrazur,

si un tram roulait dans une tracé, les pentes ne peuvent pas être trop grave. peut-on pédaler? Est il calme ou a t-on beaucoup de circulation motorisée?

dans la carte IGN on peut aussi bien voir tous :

la ligne sur la route (qui se divise des fois pour les deux directions jusqu'au pont (marquage >saute a l’élastique <) et après le chemin indiqué blanc jusqu’à Pont des Roberts, la partie de la ligne independante de la route.

il me semble qu'il est ça. merci de reclamer si je me trompe metrazur, merci

Merci de nous faire découvrir cette ligne oubliée. D'autant que la région parait magnifique.

Wouaahh !! superbe !!

Bonjour à tous et merci mille fois pour vos contributions !

Carlo, bravo e grazie per la pianta !

Sur la carte, en partant du bas, la ligne de tram épousait bien le tracé de la route, jusqu'à la mention "Saut à l'élastique", qui est le pont de la mariée, vu sur un des clichés. A partir de là, le tracé du tram en site propre est désormais reconverti en balade pour les randonneurs et les vélos, et est bien visible en blanc.

La déclivité maximum était de l'ordre de 50/55 p/mille, donc à vélo, c'est encore du domaine du faisable. Hormis en saison hivernale (la station de ski de Valberg n'est pas loin) la route est relativement peu fréquentée, à l'écart des grands courants. Hormis la desserte de Valberg (qui peut aussi se faire via les gorges du Cians) et la desserte locale, les touristes apprécient aussi le col de la Cayolle, qui permet de rejoindre Barcelonnette puis les hautes-alpes quelques mois par an.

Belles photos d'une région que je connais bien. A noter que cette ligne avait déjà été partiellement abordé dans le fil "Tramways des Alpes Maritimes"
Les vestiges ferroviaires subsiste sur une bonne partie du parcours. La plateforme de la ligne est en site propre au dela du pont dit "du saut de la marié" qui est aujourd'hui un haut lieu du saut à l'elastique, mais reprise par la chaussée descendante de la route de pont de Gueydan au fameux pont de la marié.
Je déconseil malgrès tout de faire du vélo sur cette route l'été ou il y a quand même un trafic non négligeable de voitures camions et cars, peut être toutefois moins dans le sens de la montée que de la descente, le circuit "Touristique" traditionnel utilisant les gorges du Cians à la montée et celle de Daluis à la descente.

Quelques compléments sur la ligne TAM dite du "Haut Var":
Sachant que certains ne possèdent pas d'ouvrages ou revues ayant détaillé cet éphémère réseau de tramways ruraux électrifés du "Sud de France", j'apporte, tiré d'une revue ancienne de la FACS, probablement épuisée (n° 146 & 150) quelques éléments complémentaires:
- cette ligne fut effectivement ouverte au printemps 1924 et sa cessation officielle intervint dès le 16 avril 1929 (soit tout juste 5 ans d'existence !)
- elle était électrifiée en "monophasé 6 000 volts- 25 herz" (NB: ce "25 périodes" était alors la fréquence d'alimentation électrique locale, ce ne sera que plus tard que les réseaux de distributions du sud seront unifiés en "50 périodes", mais les TAM n'en profiteront pas)
- D'après un schéma du profil, reproduit dans le n°150 de la FACS, il n'y avait qu'une seule gare intermédiaire : DALUIS, les autres arrêts étant de très simples haltes, la région desservit étant peu peuplée (contrairement, par exemple, à la ligne TAM de St Martin de Vésubie)
- Le "matériel moteur" se composait exclusivement "d'automotrices courtes, à 2 essieux, à un seul poste de conduite" toujours couplées par deux, à savoir: une "motrice :1 ére classe/fourgon" + une autre " seconde classe/postes"; suite à des récupérations de caisses et châssis, suite à accidents, quelques automotrices primitives furent convertis en motrices simples (dont 3 en fourgons). Ces motrices originales se révélèrent faibles et d'un freinage insuffisant (d'où de nombreux accidents !).Une série de 6 automotrices à bogies furent commandées en 1914, mais, livrées vers 1920, restèrent normalement cantonnées aux lignes de Vence et de La Vésubie", donc non détachées au "Haut Var".
- Le matériel remorqué se limitait à des voitures et wagons à 2 essieux.

Pour terminer un aperçu des "horaires en 1925":
1) sens aller: Dep de Pont de Gueydan à 8h35 et 20h00 + passages à Daluis à 9h15 et 20h40 + arrivées à Guillaume à 10h00 et 21h25
2) sens retour: Dep de Guillaume à 4h 20 (c'est vraiment tôt !) et 14h35 + passages à Daluis à 5h07 et 15h22 + arrivées à Pont de Gueydan à 5h45 et 16h00
Comme toutes les lignes TAM, à cette époque il n'y avait que deux courses AR par jour (4 AR toutefois sur Vence et Grasses), pour les voyageurs.

Metrazur06 a écrit:Bonjour à tous et merci mille fois pour vos contributions !

Carlo, bravo e grazie per la pianta !

Sur la carte, en partant du bas, la ligne de tram épousait bien le tracé de la route, jusqu'à la mention "Saut à l'élastique", qui est le pont de la mariée, vu sur un des clichés. A partir de là, le tracé du tram en site propre est désormais reconverti en balade pour les randonneurs et les vélos, et est bien visible en blanc.

avec ta propre description et les photos il n’était pas difficile d'identifier!

Marant comme tes 5 dernières photos me rappellent la vallée de la Roya avant d'arriver à Saint Dalmas... Les gorges du Paganin si tu connais le lieux

tu penses si je connais les lieux... j'ai travaillé 6 ans en gare de Breil, ai été le responsable du train des merveilles pendant 4 ans, et mes parents avaient une maison pas très loin...

Ces roches de schiste rouge se retrouvent dans les trois vallées, du Var, du Cians et de la Roya.

Joli reportage !
Ps : oui je sais que j'arrive un peu tard !