Les chemins de fer touristiques entre nostalgie & innovation

Les chemins de fer touristiques entre nostalgie et innovation (1957-2007)
par Jean-Jacques MARCHI Université Bordeaux IV Montesquieu - Master Sciences économiques, option Histoire économique
Chapitre 2 - Le « milieu » des passionnés.
3- Les chemins de fer touristiques « musées vivants » du chemin de fer
2- Précaires ? Oui, mais pas trop !
Voici une excellente étude sur les chemins de fer touristiques. Je vous en conseille la lecture complète et instructive.
BG
par Jean-Jacques MARCHI Université Bordeaux IV Montesquieu - Master Sciences économiques, option Histoire économique
Chapitre 2 - Le « milieu » des passionnés.
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Enfin, on lit parfois des critiques en des termes plus durs : « Les 'talibans du rail' sévissent encore, apportant leur lot de difficultés dans le tourisme ferroviaire naissant et ralentissant le professionnalisme indispensable qui comprend certaines exigences »141. Que l'on soit simple visiteur, élu, représentant des pouvoirs publics ou bien professionnel du tourisme, il peut s'avérer délicat de créer des liens constructifs avec des interlocuteurs dans « une phase velléitaire de valorisation touristique de la voie ferrée par l'intermédiaire d'une association d'amateurs de chemin de fer »142.
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141 Ragon, Renaudet (1999), p 310. C'est nous qui soulignons.
142 Gasc (1995), p 23.
143 Garratt (2003), p 58.
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3- Les chemins de fer touristiques « musées vivants » du chemin de fer
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Avec cette catégorie de chemins de fer touristiques, nous entrons de plein pied dans le domaine des amateurs ferroviaires dont le souci principal est la collection et la préservation de matériels historiques. On trouve dans ce « club » du très bon comme du moins bon. Au pire, les préoccupations sont celles du « collectionneur hamster », dont nous avons souligné l'ambivalence201 et le « musée vivant » se réduit à peu de choses; au mieux, le résultat est un ensemble muséographique réussi qui ne manque pas de séduire un large public par son authenticité.
D'où vient ce concept de « musée vivant » ? De l'idée de ne pas laisser immobiles, (comme au musée), les matériels anciens, mais de les faire rouler comme autrefois. Ce qui démultiplie leur attrait. On peut ainsi parler de « musée vivant ». Une partie des collections circule tandis qu'une autre reste à l'abri (quand abri il y a)202. Les mieux équipés des « musées vivants » disposent d'un vrai musée. Le visiteur prend le « petit train » et visite le musée (ou ce qui en tient lieu).
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201 Auphan (1999), p 258-260 relève que les collections sont parfois réduites à peu de choses.
202 Abriter les collections est un enjeu de taille. Voir infra, Huitième Partie, Chapitre 2.
2- Précaires ? Oui, mais pas trop !
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la fréquentation peut également condamner un « petit train ». Elle donne en effet une idée de son potentiel296. Elle est garante de sa crédibilité auprès des décideurs. Cela peut sembler du simple bon sens : une bonne fréquentation commence par un accueil téléphonique. Comme nous l'a dit Jean-Michel Gasc : « Avoir quelqu'un qui décroche le téléphone, voilà qui fait la différence entre les chemins de fer
touristiques qui marchent, et les autres ».
-la gestion de la complexité peut aboutir à une impasse lorsque les intervenants se multiplient et ne s'accordent guère. Et, notamment dans le cas des chemins de fer touristiques d'animation locale, ils sont légion !297
-les aspects de managériaux sont enfin à prendre en compte. Les chemins de fer touristiques mobilisent des être humains et constituent un terreau fertile dans lequel les phénomènes de groupes se développent, pour le meilleur ou pour le pire. Ainsi dans leur étude consacrée au Train Touristique Guîtres-Marcenais (TTGM)298, les auteurs pointent les effets dévastateurs des dissensions internes.
C'est pourquoi certains chemins de fer touristiques disparaissent (ou voient leur exploitation au moins temporairement suspendue). La mortalité des chemins de fer touristiques ressort, sur la base de notre échantillon «» de 51 chemins de fer touristiques suivis entre 1991 et 2006 (soit une période d'observation de 16 ans), à une hauteur de 4 sur 51, soit moins de 10 % . Ce qui semble relativement faible. Nous y voyons deux explications :
-une forte « sélection naturelle » s'est produite, nous l'avons vu, dès avant la naissance
-nos amateurs ont de la passion à revendre, et leurs combats au quotidien pour la survie des chemins de fer touristiques sont fort heureusement couronnés de succès, en général !....
296Une idée seulement car, selon l'exploitant, un « petit train » peut obtenir des résultats très différents.
297Concernant Vienne-Vézère-Vapeur, Ragon, Renaudet (1999), p 317 mentionnent une bonne vingtaine de « grands acteurs indispensables à la mise en tourisme culturel » !
298Voir Castets, Delavois, Demange, Marseille (2006).
Voici une excellente étude sur les chemins de fer touristiques. Je vous en conseille la lecture complète et instructive.
BG