Bon, si je vous dérange...
Mon éventuelle réalisation d'un caisson FDEM vous aura occupés, au moins
Avant de continuer, une remarque en passant : la voie a toujours essayé de se tenir à l'écart de la côte sud ("ouest", pour l'
Administration
. Euh, vous suivez ? Non, je plaisante !!!
). À cela, mis à part le fait qu'il faut bien desservir toutes les communes, il y a une explication météorologique : les plus grosses tempêtes viennent du sud. C'est d'ailleurs pour cela que les plus impressionnantes digues, établies en dur au 19e siècle, se trouvent de ce côté-ci, et un peu après la Passe. Parce qu'avant, l'île d'Oléron nous protège, c'est Beyer-Garrat
qui prend tout dans la truffe.
À partir de là commence aussi la côte sauvage, tant pour les vagues impressionnantes que pour les fonds rocheux, les deux ayant entraîné des naufrages encore ancrés dans la mémoire collective rétaise. Et pas si vieux que ça.
Et manque de chance, notre p'tit train va bien être obligé de s'en approcher. En effet, il va suivre les levées établies dans les marais : finie la belle ligne droite de 4 km, cette fois on va zigzaguer. Et là, il doit bien rejoindre l'isthme du Martray, la partie la plus étroite notre l'île à la taille de guêpe :
Nous voici rendus à mi-chemin environ, à l'endroit où la voie domine encore les marais. Le talus est bien marqué entre bassins et marais salants :
C'est là qu'un jour...
Cyril
, si tu lis ce sujet, voilà le dessus d'une toiture de loco et une voiture "4 glaces" pas rétaise d'origine, avec porte de plate-forme coulissante
!
À voir l'habillement, la cabine vestibulée latéralement et la facilité avec laquelle le cliché a été pris, je suppose qu'on peut le dater des années 30, à une époque où la voie manquait déjà d'entretien.
Nous passons sur le terre ferme, près d'une demeure de notable isolée (autrefois...) au bord des marais, la Davière. Elle existait déjà en 1595, mais l'actuelle construction sans style est plus récente puisque le bâtiment d'origine était en ruine en 1782. Seule l'entrée visible de la route, composée comme il se doit d'une porte piétonne et d'une porte cochère, peut remonter au 17e siècle.
En Afrique, ils ont des portes phacochères...
Ensuite, la piste cyclable n'est plus implantée sur le talus, mais on retrouve facilement le tracé sur le terrain, et surtout en regardant le parcellaire, parfaitement accessible et vide de toute construction :
Enfin, je dis "facilement", mais avec Victor le Chat
, on a lamentablement m**dé lors de nos investigations de fin d'année. On n'était pas loin, pourtant.
Par contre, nous avons encore retrouvé à deux pas de là des rails en guise de poteaux de clôtures.
Ensuite, la voie va venir tangenter la route pour ne plus la quitter jusqu'au Martray, et se rapprocher de la digue du Boutillon. Elle va donc être obligée de se frayer un passage au travers de quelques dunes de faible hauteur : le déblai -on ne va pas dire la tranchée, tout de même !- est encore parfaitement visible sur une bonne partie de la longueur :
Mes potes les garennes ont encore fait des trous partout à y engloutir la voie, la loco et deux ou trois wagons (pas étonnant que le train déraillait !), mais toujours pas de tire-fond en vue : il va vraiment falloir que je ramène un détecteur de métaux ! Je peux, j'ai une autorisation préfectorale, moi ! (hé oui, c'est obligatoire...).
En se rapprochant de la route, tout a été nivelé par la tempête Xynthia en 2010, aussi forte que la précédente de 1942, qui emporta l'énorme digue du Boutillon, les galets, le sable, la route et tout le reste dans le terrain au nord, ... sur notre voie ferrée. Et puis aussi les engins de chantier.
La route a été très vite refaite : 3 jours après, on passait dans 10 cm de vase malgré le passage régulier des engins de déblaiement, mais comme il n'y avait plus de digue et qu'une tempête, ça ne dure pas qu'une nuit... La digue est en travaux, travaux titanesques ayant nécessité la création d'un batardeau pour travailler sans se soucier des marées. La grue (repliée) donne une idée de la tâche.
Tiens, un témoignage auditif de ce qu'à du être cette nuit-là (je n'y étais pas) :
http://grooveshark.com/#!/search/song?q ... vee+Breaks"When the levee breaks", Led Zep (version symphonique par le LSO), repris d'un air américain écrit lorsque les digues du Mississipi ont lâché en 1927 :
Quand j'entends ça, je pense à mon île
et au Martray... Des gens qui essaient de colmater les brèches, des paquets de mer chargés de déchets qui engloutissent tout, un rayon de soleil aveuglant au milieu d'un ciel noir... Froid dans le dos, chère de poule... Les insulaires et les "côtiers" comprendront.
Bonne nuit quand même, ne faites pas de cauchemar.
Une
et