Bonsoir à tous.
(Inscrit depuis plusieurs années, mais sans poster jusqu'à ce soir...)L'heure est sombre, ou plutôt, l'heure est aux choix déchirants dans la plupart des cas, pour les passionnés, bénévoles, exploitants, et d'une manière générale, tous ceux à qui le Patrimoine (ferroviaire mais pas seulement) parle.
Comment faire admettre qu'un train comme le Vivarais n'est pas vraiment taillé pour la rentabilité, alors que le modèle commercial des chemins de fer secondaires a été laminé en France, et que le "vrai" train lui-même semble mal parti ?
Du moins, le Vivarais (et les autres réseaux préservés) ne seraient pas "rentables" s'il est pris en compte tous les petits détails, paramètres, et composants qui pris individuellement, n'ont strictement aucun intérêt, et pas une grande valeur marchande, mais mis bout à bout constituent un Patrimoine avec son esthétique, ses sons et bruits divers, ses odeurs aussi ?
On le voit aujourd'hui avec les réseaux qui réussissent tant bien que mal à prolonger l'existence de lignes et de matériel vénérables au prix d'une esthétique commerciale un peu klaxonnante et très éloignée de l'idée d'une transmission de Patrimoine. D'une sorte de stérilisation à grande échelle, où les trains ne sont que des maquettes à l'échelle 1. (avec des panachages folkloriques de matériels)
Dans le cas du Vivarais, les "impératifs" d'urgence pour sauver ce qui peut l'être encore, conduisent à appliquer dans les grandes lignes les mêmes principes. L'idée est de remettre en marche le plus vite possible un équipement permettant d'attirer de la clientèle, et de financer donc les rénovations à venir. C'est une stratégie cohérente.
Cependant, la méthode appelle quelques questions, sur les effets collatéraux, en particulier le devenir du site du dépôt de Tournon.
Il s'agit d'un des tous derniers sites "en l'état d'origine" présentant toute la batterie des infrastructures, voies, bâtiments, stocks, emprises, accessoires et même végétation (arbres et buissons) caractéristique des réseaux secondaires.
En clair, un Patrimoine, peut-être même plus important sur le plan muséographique et historique que ce qui va être conservé pour l'exploitation touristique.
Mais bien sûr, ce patrimoine est "intéressant" sur le plan foncier pour la ville de Tournon, tellement à l'étroit dans ses frontières...
Et il est tellement coûteux de conserver la troisième file de rails entre St Jean de Muzols et Tournon...
Et cela pose tellement de problèmes pour RFF, de caler des circulations dans la trame du fret ... avec un trafic sur la rive droite en régression...
Heureusement, pendant toutes ces années, un regard bienveillant a été posé sur le Vivarais par RFF et la SNCF pour continuer à faire coexister les grands et les petits trains... au prix de contorsions et - aussi - d'un ticket annuel sur lequel il a été dit et écrit à peu près tout et n'importe quoi, mais dont le financement pourrait être pérennisé de différentes manières.
Avec un prix de carburant qui tutoie généreusement les 1.60€ au litre (et cette évolution est loin d'être finie), le modèle du tout routier commence à devenir inabordable, en particulier pour les habitants de la vallée du Doux et plus à l’ouest. Comment y répondre ? Empiler tout le monde en agglomérations cancéreuses en vidant les territoires
, ou promouvoir une répartition harmonieuse sur ces territoires, vision qui est de plus en plus partagée ?
La réouverture aux voyageurs en rive droite, si elle apparaît comme totalement irréaliste pour les générations des plus de 50 ans qui sont englués dans la pensée du tout-routier, n'est plus une chimère pour les générations de l'étage juste après. En tout cas, cela n’est plus un tabou ou une tare de l'envisager. Et compte tenu des inerties intellectuelles, si on veut que les solutions soient en place d'ici quelques années pour maintenir une mobilité acceptable pour le plus grand nombre, il faut dès à présent mettre en place les outils utiles.
Cela passe - entre autres - et par exemple par le maintien d’une connexion directe entre la rive droite et le Vivarais à Tournon, pour optimiser l’utilisation de l’infrastructure du Vivarais qui est rénovée en profondeur : la mutualisation des coûts d’entretien venant en face de recettes multiples rentre déjà plus facilement dans un modèle économique viable.
Ce n’est jamais qu’une évolution du principe de base des chemins de fer secondaires, à conduire avec intelligence : les recettes ne provenaient pas uniquement du transport de voyageurs, mais aussi et parfois surtout, du fret, produit et utilisé localement… Le Vivarais en était l’illustration, avec un très fort trafic de bois.
Il est temps que l’Ardèche aime son train, au lieu de se contenter de valoriser quelques éléments ; il est temps d’imaginer et de voir un peu plus loin que le carré de sortie de Tournon protégeant la rentrée sur les trois files de rails…
Il est indispensable de trouver les arguments et la conviction pour protéger le dépôt de Tournon, et de l’utiliser pour l’avenir qui est quasiment l’avenir immédiat.
Il peut retrouver une place utile ! Il suffirait simplement de dépenser la même énergie que pour créer un stade…
… avec une vision à plus long terme que celle de l'époque qui se termine ...
"Il faut conserver le dépôt de Tournon, typique des chemins de fer secondaires. Beaucoup furent construits, la plupart a disparu, et ceux qui restent sont tous condamnés à disparaître.
Il ne doit pas être rasé pour construire de simples logements qui peuvent être construits ailleurs, au prétexte qu’on ne peut pas tout garder, et que le terrain est grand.
Il conserve son utilité dans une logique touristique, et tout autant pour une exploitation commerciale : la très proche crise majeure du carburant va modifier profondément les besoins en transports collectifs. Dans 5 ans ? Dans 10 ? C'est de toutes façons maintenant qu'il faut prévoir et faire pour éviter des dépenses extravagantes plus tard.
La ligne Tournon à Lamastre, c’est un atout touristique, c'est aussi un outil de transport.
Supprimer la section St Jean à Tournon, c'est mettre un terme à un outil précieux de correspondance avec le trafic voyageurs en vallée du Rhône, dont la remise en route est inéluctable.
Pensez-y !" Un peu embêté d'un monologue aussi long, pour me faire pardonner, voir la vidéo
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http://www.youtube.com/watch?v=WnjnW2gQQ6QFichier en HD disponible... Me contacter.