sirius18 a écrit:.... comment se fait il que des boudins de roues ne soient pas compatibles avec une voie qui a pourtant le bon écartement? Là, je sèche...
Si on était sur une voie nue avec juste 2 rails // et ses traverses, sans passage planchéié, sans pédale de commande, sans lacune de passage de boudin dans les appareils de voie, sans pointe cœur à traverser, etc. etc. ... un rail tout seul et rien d'autre là ça marcherait.
Dans les autres cas, c'est à dire 99,999 % des cas, on utilise en fait plusieurs surfaces autour de la roue et du boudin de roue (3 au minimun, 4 dans certains cas (tramway) ). Pourquoi cela?
Tout d'abord il faut tenir compte des jeux mécaniques (et dynamiques) un essieu n'est jamais ajusté pile poil pour son écartement ça ne marcherait pas, d'une part les boudins frotteraient inutilement et ensuite du fait de la conicité de la table de roulement l'essieu doit se balader de par et d'autre d'un axe théorique assurant le guidage mécanique de l'essieu (on appelle cela le mouvement de lacet) c'est d'ailleurs pour cela que quand tout est bien équilibré et hors choc parasite les boudins ne doivent pas frotter sur le bord du rail, ils sont alors là en quelque sorte en garde-fou.
Lorsque la roue passe sur un appareil de voie et en particulier sur un cœur pris en pointe, du fait de ce phénomène de lacet voulu et donc de ce déplacement latéral, il y a risque important de déraillement si le boudin de roue vient à monter sur la pointe. C'est pour cela qu'il a fallu définir d'autres contraintes dimensionnelles, c'est en particulier la cote de calage qui est la distance entre les flancs intérieurs des roues d'un essieu. Ce calage intérieur va venir s'appuyer sur des contre-rails (pattes de lièvres sur les aiguilles) et ainsi limiter le déplacement et forcer la roue à passer à bonne distance de la lacune du coeur.
Mais alors c'est pas suffisant car il faut aussi pour que la patte de lièvre joue bien son rôle définir la largeur du boudin et enfin pour éviter que la roue tombe dans la lacune (d'une traversée par exemple) dans le sens vertical définir la largeur minimale de la table de roulement afin que quand une roue quitte le rail pour franchir la lacune du fait du l'obliquité de la traversé l'autre bord de la table soit déjà sur le rail suivant la lacune et hop on tombe pas dans le trou!
Tout cet ensemble s'appelle le profil de roue, on a donc déjà 3 dimensions à définir au moins :
1 - distance interne entre les faces de roue > cote de calage
2 - dimension du boudins conditionné par les distances entre contre rail et rail (et vice-versa).
3 - largeur minimale de la table de roulement
et aussi
4 - La hauteur du boudin > actions sur les pédales, roulements sur fonds de gorge dans les rails à ornières, autre cas particulier comme le metro sur pneu, les tramways et quelques autres bizarreries.
Bref rien qu'avec cela si on ne se met pas d'accord avant ça peut pas marcher, si on fait des appareils de voie en 3 files de rail il faut pour l'une des files que les dimensions soient compatibles. Pour prendre des exemples précis, en France pour la voie métrique on trouve surtout comme cote de calage 930 ou 940 mm, le 930 est accompagné de boudins plus larges en gros 25 à 30 mm, le 940 de boudins plus fins dans les 20 à 25, les tables de roulement de 95 à 130 mm.
En voie industrielle c'est pire, comme sur le Dujardin de l'AAPA, cote calage 960, boudins 16 mm, table 65 mm, quand il passe sur les aiguilles classiques métriques ça fait mal.
C'est pour cela que certains matériels invités aux CFBS ne pouvait pas passer facilement certains appareils de voie sans précautions particulières (cales en bois dans les lacunes).
