Les Chemins de fer du CAMBRÉSIS

[YVES]

Pour plus de détails sur les quatre draisines Campagne (AUT-2, AUT-4, AUT-21 et AUT-22 + AUT-1 qui est aussi citée mais non décrite) du Cdf du Cambrésis, on pourra consulter avec bonheur le n°71 de Rail & Industrie

La bonne numérotation était AUT 1 à 4 d'après le doc de 1959.

Quant à l'AUT 13, Yves n'en est pas encore arrivé à ce chapitre

Non, mais rien n'interdit d'en parler. Nous venons de voir les automotrices Campagne, qui me semblaient bien adaptées au trafic de la ligne tramway Cambrai-Catillon, malgré la concurrence des cars, mais au dépôt de Caudry elles croisaient les Renault.
Donc, que savons-nous sur ces 4 automotrices-Renault Scemia ?

[rms olympic]

Ligne de tramway "Cambrai Catillon" : sans doutes, un service local (genre urbain / suburbain) sur une section d'une ligne des CF du Cambrésis ; un peu, comme jadis, en Eure et Loir sur "Lèves à Luisant" (service urbain de Chartres, lui aussi assuré par autorails de 1922 à 1930) ou encore, le service urbain "Epernay Ay, Mareuil" sur le CBR, qui, en dernier lieu fut assuré par autorails Renault "RS" (NB: dont deux exemplaires furent mutés dès 1930 en Eure et Loir), par exemples ?

[dufi78]

Comme je l'ai déjà écrit, 4 engins sont sur-numéraires sur la seule ligne de Catillon, et les RS4 ont été employés également sur l'axe sur Caudry - St-Quentin, peu chargé en voyageurs.

quatre autorails Renault-Scemia RS 4 de 24 places assises étaient bien suffisants sur la ligne au sud de Caudry, tandis que les marchandises étaient surtout actives à la saison betteravière

A noter que leur carrière sur les CFC fut courte (moins de 10 ans) entre leur livraison et les fermetures voyageurs des lignes de Cambrai - Catillon (mars 1934), et de Caudry - St-Quentin (entre 1934 et 1936 au plus tard, la date exacte de la dernière circulation restant incertaine).
La reprise d'une desserte voyageurs durant la WW2 a certainement été assurée en train à vapeur vu le rationnement des produits pétroliers.

Néanmoins, on sait peu de chose de la carrière de ces 4 RS 4, et notamment leur devenir une fois devenus inutiles.
A priori, hormis l'AUT-13 transformés, un ou deux sont restés garés HS jusque vers 1950/60
Ils n'auraient pas été réutilisés sur d'autres lignes du Nord, elles aussi en phase terminale (SE Hainaut pourtant reliées à Quiévy) ou déjà pourvues en autorail (CGL Flandres), ou revendus sur un autre réseau départemental.
Je m'étonne néanmoins qu'il n'aient pas été ré-utilisés sur les lignes SE Flandres (autour de Bollezeele) et CGL Maubeuge - Villers-SN qui n'auront connu que la vapeur jusqu'à leur fermeture au cours des années '50.

[rms olympic]

En France métropolitaine, il semblerait bien que : le dernier Renault "RS", utilisé, outre ceux des CGB (NB : ces derniers, en voie normale, jusqu'à la fin des années 40), fut celui des CdN, n°22, puis 122, qui roula encore, en renforts et réserve, jusque vers 1950, il datait de 1930 et livré aux TEL (n°NX.3). Il semblerait cependant qu'il y eut quelques "RS", parfois ayant reçu un moteur Diesel, qui, après la guerre continuèrent, quelque peu, servir d'autorails de réserve ("Vallée de Celles" par exemple). Celui du CFC, lui, subsistant, mais uniquement comme Draisine !

[chef de gare]

Alors si les Scémia ont déjà été évoqués, my bad

La décision d'achat semble remonter à 1927 (probablement sous l'impulsion des CFS).
Construits en 1930 (d'après un rapport de 1936), deux furent financés par le Nord, et deux par l'Aisne.
Numérotés AUT 11 à 14, ils roulèrent régulièrement jusqu'en 1934-36 comme le disait Frédéric.
Administrativement, les n° 11 et 12 étaient ceux achetés par le Nord, et les n° 13 et 14 ceux de l'Aisne.
Le passage à une exploitation routière le 1er juillet 1936 entre Le Catelet et Saint-Quentin entraîna le garage des 13 et 14.

Au 1er novembre 1936, ils avaient parcourus :

• n° 11 => 180 970 km
• n° 12 => 159 135 km
• n° 13 => 126 362 km
• n° 14 => 109 514 km

A cette date, l'exploitant envisageait deux choses :

• Le chemisage des moteurs des n° 13 et 14
• Le remplacement des moteurs à essence par des modèles Diesel

Tous ces autorails furent sabotés par les troupes allemandes en 1940 (probablement en juin).
Leur remise en état ne répondait plus aux besoins de l'exploitation, et le manque de pièces de rechange conduisit à leur retrait du service voyageurs.
Un rapport de 1946 donne les éléments ci-dessous :

• Deux exemplaires furent démolis
• Un servi au cours de la guerre comme remorque lors des pénuries de voitures voyageurs
• Un fut reconstitué comme wagon de secours automoteur en prélevant des pièces sur les autres exemplaires

Officiellement c'est un exemplaire du Nord qui survécut, mais comme on le sait il était numéroté AUT 13, et correspondait théoriquement au parc financé par l'Aisne.
Celui utilisé comme remorque voyageurs semble être l'AUT 14.

Source : AD Nord série 473W

[dufi78]

Merci pour cette belle page de l'histoire méconnue du Cambrésis

[chef de gare]

En 1955, Monsieur Rifault photographie deux 030T Corpet au dépôt de Caudry.

Je reviens sur l'énigme de Yves et ses deux Corpet
Finalement ce n'est pas aussi clair que ça cette histoire...

Concernant les numéros de construction originels des machines 13 et 14, on s'en sort à peu près, grâce au livre des chaudières (coll. Bruno CORPET).
13 = 838 / 14 = 841

Ensuite, eh bien c'est moins clair...
Après la IIGM, la n° 13 ne possède plus ses plaques constructeur (peut-être même depuis la IGM). Elles ont été remplacées par une plaque avec son nom et son numéro.
Quant à la n° 14, elle possède bien une plaque Corpet, mais Pierre Laurent note en 1953 : machine 1140 de 1909 (et c'est bien un relevé de spotter qu'il a effectué sur les machines ce jour-là !).
Sur ses notes, il indique même que les n° 13 et 14 proviendraient de la Côte d'Or, comme la série des 130T achetées d'occasion à ce département en 1936.

La locomotive 1140 de chez Corpet correspond à la 031T SE n° 3759.
Cette machine avait été prise par les Allemands en 1914, et retrouvée à St-Waast-lès-Valenciennes en 1919.
Les 13 et 14 du Cambrésis sont également censées avoir été prises par les Allemands au cours de la IGM.
Hypothèse (tortueuse) : la 14 aurait récupéré les plaques Corpet de la 3759 par erreur pendant ou après la IGM, car celles d'origine avaient disparues, comme pour la 13.

Autre hypothèse, si l'on se fie aux notes de Pierre Laurent : ces deux machines seraient les 674 et 675 de la Côte d'Or, vendues en 1941-42 à Mital & Fauché !
Toutes ces machines sont du type "200" chez Corpet, d'où peut-être la confusion. Mais on peut supposer que l'info venait d'un salarié du Cambrésis.
Le Cambrésis aurait ainsi remplacé à bon compte vers 1942 deux machines usagées, à un moment où le regain de trafic nécessitait du matériel en bon état (d'où également l'arrivée l'année suivante des 3 machines neuves prévues pour l'AOF).
Mais cette deuxième hypothèse paraît fausse, car les cabines visibles sur les photos constructeurs Côte-d'Or étaient fermées dès leur origine, sans le bricolage que nous voyons sur les 13 et 14.

Pour le plaisir je remets des photos de la 13 et la 14 en gros-plan.
Un point est certain : la fermeture des abris à l'arrière est un bricolage local avec les moyens du bord, d'où la différence au niveau des fenêtres.
Celles de la 13 ont probablement été récupérées sur une autre Corpet au moment de sa démolition ?

[YVES]

Merci Chef de Gare et Dufi pour vos interventions.

[chef de gare]

Tout ça m'a fait replonger dans mes notes

Pour compléter la fin de carrière des Fives-Lille :

• N° 1 => vente comme ferraille le 1/09/1936
• N° 2 => prise par les Allemands vers 1918, jamais restituée
• N° 3 => vente en 03/1937 à la Distillerie Coopérative de Montreuil-sur-Mer
• N° 4 => vente en 1937 aux Etablissements Poliet & Chausson (Cher)

Source : un carnet de notes issu des archives Delmotte (merci à Yves ARTUR).

[YVES]

Une petite précision sur la livrée des autorails Renault, lorsqu'ils étaient en service sur le Cambrésis. Selon un honorable correspondant, leur couleur devait être verte foncée.
Peut-être, un jour, une photo couleur de la SNCF-Society confirmera-t'elle de visu cette information...

[chef de gare]

Tout à fait, vert avec inscriptions jaunes.
Information notée par Pierre Laurent lors d'un de ses passages sur place.

[Tyrphon]

Un amateur du nom de Pascal Fannière m'avait jadis remis lors d'une exposition de jolis profils de matériels du Cambrésis, dont celui-ci :

La couleur jaune est-elle vraisemblable pour ce matériel de service ?

[chef de gare]

Sur les photos de l'époque la peinture apparaît claire, mais peut-être est-ce dû à son usure ?
Un beau jaune soutenu n'aurait rien d'impossible en tout cas

[YVES]

Ou un créme, style SNCV...
De toute façon, en modélisme, il est toujours possible de faire valoir sa liberté de création. Quelle couleur l'AUT-15 ?...

[dufi78]

Un amateur du nom de Pascal Fannière m'avait jadis remis lors d'une exposition de jolis profils de matériels du Cambrésis, dont celui-ci :

La couleur jaune est-elle vraisemblable pour ce matériel de service ?

Belle illustration.
Bien qu'aucune photo couleur ni aucun témoignage ne me soit connus, il me semble que ce n'était pas un jaune si "violent", peut-être un vert olive un peu passé ? (voir une photo couleur de la draisine AUT-4 bicolore crème/vert par JL Rochaix en tête de sa série BVA 617 ici : viewtopic.php?f=2&t=3199&p=130713#p130713), si on veut coller à l'existant du siècle dernier où on ne devait pas peindre en jaune rayé de noir tout ce qui est dangereux ou de secours.
https://deepai.org/ ne nous aide pas, et laisse tout en gris moyen... plus clair que les voitures et locomotives.

Les marques et inscriptions ne sont pas conformes. Il faudrait :
- " W. S " sur la grande porte du fourgon (et non n°13), en police genre Times
- " AUT 13 " en bas de caisse extrémité droite, avec 13 plus gros que AUT, en police genre Arial
- " CAMBRÉSIS" sur la porte du conducteur extrémité gauche; police genre Arial. -> çà c'est correctement appliqué sur ce diagramme.

Pour Yves, je propose que l'AUT 15 - propriété du département de l'Aisne comme il se doit, acquise au titre de l'antenne de Bellicourt à Hargicourt - soit aux couleurs du Nord-Est : rouge de cadmium foncé et bandeau de caisse jonquille de la forêt de St-Gobain