par Postindus » 29 11 2012 à 15:33
J'ai très bien connu cet endroit il y a 42 ans. il faisait partie de mes terrains de jeux favoris, à l'époque où les travaux de l'A 54 avaient déjà bien défiguré la paysage. Pour être retourné plusieurs fois sur ce site propre, par après, entre 1974 et 1975, je suis pratiquement certain que les rails s'y trouvent encore, enfouis sous des amas de terre. Le lieu est d"ailleurs resté intact très longtemps, avec les rails, les poteaux et des éléments de ligne aérienne qui pendouillaient. En 1978, il était envahi par la végétation, mais les rails, appareils de voies compris, étaient encore là.
Plus loin, La ligne 9 coupait à angle droit celle du vicinal 56 sur la chaussée de Gilly (et une autre ligne vers Ransart via Gilly Haies) pour ensuite passer sous la ligne SNCB reliant la gare de Lodelinsart à la gare de Deschassis (chaussée de Bruxelles, à côté du magasin Hainaut Caravaning. Comme on le voit sur certaines photos postées par Jean-François, les voies étaient mariées, vu l'étroitesse du "tunnel". Cette section était protégée par une signalisation ad hoc.
Anecdote, à propos du tram 9 à la rue de Lodelinsart... Tous les matins, venant de La Planche à Dampremy, où j'habitais, j'allais à l'école à Charleroi Nord. Mon itinéraire quotidien traversait cette rue de Lodelinsart et son tram vert. Un jour de 1970, les travaux de démolition battaient leur plein sur l'accotement gauche de la rue, en direction de Charleroi (on voit cela sur une des photos postées par Jean-François). Je m'étais attardé pour contempler le spectacle, tellement c'était impressionnant, une vraie atmosphère de guerre... Tout d'un coup, une façade de trois étages tombe sur la rue en accrochant la ligne aérienne qui danse furieusement. un nuage de poussière et puis, totalement insolite, un tram 9 qui débouche, tel un fantôme entre les décombres. Petit à petit, le tram était devenu un intrus dans ce paysage devenu lunaire et apocalyptique (des dizaines de maisons démolies, des rues rayées de la carte...). Selon certaines sources, il est fait mention de la suppression de la partie terminale au-delà du "tunnel" vers la place Loriaux à Lodelinsart en mai-juin 1971, mais si mes souvenirs sont bons, peu après, en octobre 1971, la section Gare du Nord Pont Drion a été également supprimée, sans doute du fait des travaux devenus trop dangereux. Je vous dis cela, car, rendant visite à un oncle et une tante qui habitaient rue de Lodelinsart, à la nouvelle année 1972, j'avais constaté que la ligne aérienne était déjà démontée. Ma mémoire me joue peut être des mauvais tours... A vérifier donc !
En ce début des années septante, dominé par l'idéologie du "tout à la bagnole", le tram vert était, qu'on le veuille ou non, un concept dépassé. Les caractéristiques du réseau ferré de la STIC s'opposaient à une modernisation radicale : tracé suivant souvent des rues étroites et sinueuses, établi à l'époque où la circulation automobile était pratiquement nulle, mais surtout doté de courbes à très faible rayon, ne permettant pas le passage de motrices à bogies. Par conséquent, faible capacité de transport, même si on avait recours à des remorques sur la majorité des lignes. A cette époque, la voirie de la région de Charleroi était dans un état catastrophique (elle l'est redevenue...) il fallait donc la renouveler. La seule solution pour la STIC était de déplacer le tracé de ses lignes en de nombreux endroits. S'ajoutaient à cela ces fameux travaux autoroutiers. Lorsqu'il s'est agit de considérer la place du tram dans ce contexte, la réflexion a été brève et on a vite fait le choix de l'éradiquer... Aujourd'hui, plus que certainement, on y réfléchirait à deux fois, évolution oblige.