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La Corse au rythme du passage du trainLE MONDE | 05.12.2012 à 11h55 • Mis à jour le 05.12.2012 à 14h33
Par Olivier Razemon - Ajaccio Envoyé spécial

La Corse sans voiture ? L'idée peut paraître saugrenue, tant l'intérêt de cette île réside dans la diversité de ses paysages, que l'on ne peut apprécier qu'en sillonnant d'est en ouest et du nord au sud ses quelque 8 500 km2. Mais emprunter les transports en commun présente bien des avantages. Nul besoin d'embarquer, à grands frais, son véhicule sur le ferry. Ni de recourir à la location, prestation facturée environ 20 % plus cher que sur le continent... On s'évite aussi, et ce n'est pas négligeable, le stress de tenir le volant sur des routes tortueuses, en croisant les doigts pour ne pas se retrouver face à un habitué, prompt à enchaîner les virages sèchement. Ou de tomber nez à nez, au détour d'un virage, avec une laie suivie de ses marcassins...
Le dépaysement attend le voyageur aux portes mêmes d'Ajaccio. Il suffit d'emprunter un bus urbain pour découvrir les îles Sanguinaires, à l'ouest de la ville. En une vingtaine de minutes, pour à peine 1 euro, on se retrouve face à l'archipel, sous la tour génoise qui domine le paysage. L'hiver, une atmosphère mystérieuse se dégage des quatre îlots battus par les vents. La plus grande île, Mezzu Mare, surmontée d'un ancien lazaret en pierre, rappelle l'île Noire de Hergé. Au loin, au milieu des embruns, s'éloignent des bateaux en partance pour le continent.
Après le bus, le train. La ligne de chemin de fer, exploitée par la compagnie des Chemins de fer de Corse, traverse l'île d'Ajaccio à Ponte-Leccia (Haute-Corse), puis se divise en deux branches vers Bastia et Calvi. Faire le trajet par beau temps, quand la neige est tombée la veille, est un émerveillement. Après avoir longé la baie d'Ajaccio, le convoi s'enfonce dans la vallée de la Gravona, au milieu d'une forêt miraculeusement verte malgré l'hiver qui pointe. Le voyageur aperçoit les sommets blanchis qui se dressent au loin, des oiseaux de proie tournoyant dans le ciel, des cochons noirs dans un enclos.
BELLES BALADES
Le train est rarement plein à cette saison. La plupart des sièges sont occupés par des étudiants de l'université de l'île, à Corte (Haute-Corse). Les nombreuses haltes desservies par le convoi constituent des points de départ pour de belles balades. Bocognano, à 700 mètres d'altitude, lieu de villégiature apprécié des Ajacciens, offre une vue dégagée sur le Monte d'Oro. Dans les rues du village, où fleure bon le feu de bois, on croise quelques habitants et beaucoup de chats. On se fournit en fromage du pays et en figatellu, le fameux saucisson au foie de porc, dans une minuscule épicerie.
Venaco (Haute-Corse), au-delà du col de Vizzavona (1 163 mètres d'altitude), suggère une autre halte. Le village, posé en arc de cercle face à la vallée, au milieu des cultures en terrasses, des oliviers et des prés où paissent les brebis, abrite une belle église baroque et de petites ruelles pavées où il fait bon se perdre. Revers du voyage en train, impossible de quitter le village avant le passage du prochain convoi, une heure et demie plus tard. Il faut attendre, les pieds dans le froid, ou passer la porte d'un bistrot en se demandant pourquoi tout le monde se tait quand on s'installe au comptoir...
Le train finit par arriver et poursuit sa route jusqu'à Corte, ancienne capitale de la Corse indépendante, dominée par sa citadelle austère et son Musée de la Corse. Animée par les quelque 4 000 étudiants qui y résident, la ville regorge de cafés, bars et librairies.
DOUCEUR DU CLIMAT
Là où le chemin de fer ne passe pas, il reste l'autocar. Même hors saison, plusieurs compagnies privées proposent des trajets réguliers à travers l'île. Le parcours se révèle long et inconfortable, mais il permet de découvrir la diversité des paysages pour un prix raisonnable.
D'Ajaccio, un minibus d'une vingtaine de places part tous les matins pour Porto-Vecchio, vers le sud, et s'arrête à Propriano, Sartène et Bonifacio. La route qui surplombe la forêt entre Grosseto-Prugna et Olmeto offre une vue saisissante sur les collines arborées qui se jettent dans la mer. Après deux heures de virages incessants et de musique entêtante imposée par le chauffeur, on n'est pas fâché de descendre du minibus. Pour se remettre d'aplomb, rien ne vaut une promenade dans les venelles de Sartène ou sur la plage de Propriano, où l'on profitera de la douceur du climat.
"Sans voiture, il ne faut pas espérer visiter chaque village de Corse. Mais on peut sélectionner deux ou trois endroits accessibles par les transports publics et se promener à pied aux alentours", souligne Rosalind Fiamma, une retraitée britannique qui délivre des conseils et des horaires sur le site Corsicabus.org. Cette passionnée y a répertorié les séjours effectués par quelques touristes avec lesquels elle est restée en contact. Munis d'une bonne carte d'état-major et d'un peu de patience, les visiteurs font manifestement preuve d'imagination. Ils louent des vélos ou des scooters, montent sur un ferry pour passer une journée en Sardaigne, empruntent le petit train qui suit la côte de Balagne, près de Calvi, ou explorent les sentiers de randonnée. Sans voiture, le déplacement est nécessairement plus lent. Il faut savoir improviser un pique-nique, écouter les conversations, humer les odeurs et repérer ces détails qui font la singularité de l'île. Toute une philosophie du voyage.
Olivier Razemon - Ajaccio Envoyé spécial
Carnet de route
Y aller
Vol Paris-Ajaccio à partir de 144 € A-R, par Air Corsica ou Air France.
Les aéroports d'Ajaccio, Bastia et Figari sont desservis par des navettes. En ferry, traversée Marseille-Ajaccio à partir de 65 € A-R par passager.
Se déplacer En bus : le réseau d'Ajaccio dessert l'ensemble de l'agglomération. Pour les Sanguinaires, emprunter le bus n° 5, non loin de la place Charles-de-Gaulle.
En train : achat des billets en gare. Ajaccio-Bastia, 3 h 30 environ, 21,6 0 € l'aller simple ; Ajaccio-Corte, 2 heures environ, 11,50 € l'aller simple.
En car interurbain : achat des billets dans les gares routières. Celle d'Ajaccio se trouve dans les locaux du terminal maritime. Ajaccio-Sartène, 2 heures environ, 12,50 € l'aller simple.
Séjourner à Ajaccio Hôtel Fesch, dans une rue piétonne du centre-ville. De 80 € à 95 € la chambre double.
Tél. : 04-95-51-62-62 .
Hôtel Napoléon, calme et central. 88 € la double.
Tél. : 04-95-51-54-00 .
Hôtel de l'Amirauté, à 30 minutes à pied du centre, accessible en bus. Piscine chauffée. De 59 € à 119 € la double.
Tél. : 04-95-55-10-00 .
A rapporter Figatellu, coppa, lonzu et autres salaisons de la charcuterie Mannei à Bocognano.
Pain cuit au feu de bois de la boulangerie U fornu, à Bocognano.
Terrines, eau de vie, confiture de figues de la boutique A casa curtinese, à Corte."
respectueusement,
bob67
La vie est un voyage à vous de savoir l'organiser.