CF Militaires et Fortications (ex-loisirs.ign.fr)

[Tirefond]

Bonjour,
Excellent reportage ! Et bien écrit !
Sur cette période noire, qui en intéresse encore plus d'un, je me permets de conseiller la lecture, si ce n'est déjà fait, d'un bouquin très fouillé écrit par Paul Berben et Bernard Iselin, éditions Laffont de 1967, puis repris en "J'ai lu", sur la période du 9 au 15 mai 1940, sur la Meuse, entre Dinant et Sedan.
C'est la reconstitution sans polémique, pratiquement heure par heure, et endroit par endroit, au niveau des combattants, de la bataille pour le franchissement de la Meuse, vue des deux côtés, opposant une armée française restée figée dans ses conceptions de 1918 à la partie de l'armée allemande la plus moderne et la plus fortement politisée. Ces quelques jours devaient décider du reste de la campagne de France.
C'est aussi un hommage aux soldats français, souvent dénigrés, pris dans une tourmente pour laquelle ils n'avaient pas été préparés.
J'arrête là, on sort du ferroviaire (à part les ponts sur la Meuse qui sautent...) mais le récit bien vivant de Gnr37 m'a fait repenser à ce livre, disponible pour pas cher sur vos sites d'occasion préférés...

[Tirefond]

Avec le titre ça irait encore mieux....
"Les panzers passent la Meuse"
de Paul BERBEN et Bernard ISELIN

Désolé pour l'oubli...

[YVES]

Super. Merci.

[gnr37]

C'est aussi un hommage aux soldats français, souvent dénigrés, pris dans une tourmente pour laquelle ils n'avaient pas été préparés.

Bien dit Mister Tirefond. En fait, quand on apprend ce qui s'est réellement passé pendant les conflits, et surtout les derniers (2ème guerre, Indochine
Algérie), on est parfois surpris de la différence entre les faits qui se sont déroulés et les faits portés à la connaissance du grand public, filtrés par une
"intelligentsia" ayant un accès privilégié aux grands médias et pratiquant un certain "terrorisme" de la pensée sur les masses.
J'arrête là moi aussi pour revenir au récit de Pierre Abel Dufour.
La raison pour laquelle je l'ai porté à votre connaissance tient au fait que les photos à venir se rapporteront directement à certains faits décrits
dans le livre. Jusqu'à présent seuls le dépôt de Saint Hubert et la gare d'échange de Florange étaient cités et apparaissent dans les photos
déjà présentées.

[gnr37]

Bonjour.

En cherchant sur Géoportail j'ai trouvé un série de photos aériennes qui datent de 1960 prises à basse altitude
avec beaucoup de détails.
J'ai découvert un transporteur aérien entre Florange et le le dépôt de Saint Hubert dont j'ignorais qu'il y en
avait eu un. On distingue même l'ombre des bennes sur le sol :
Photo IGN

Mais il a aussi la scierie dont j'avais parlé quelques pages avant, que l'on voyait sur la carte d'état major avec
son réseau de voies étroites. Elle se situait juste à la lisière nord de Florange.
Son petit réseau est sympa :
Photo IGN

[erdnared]

Bonsoir.

Je suis avec intérêt ce post. La dernière image représente la scierie "BIAL" Bois industriel d'Alsace Lorraine, société prospère dans les années aprés guerre, par sa fourniture en bois de calage, palettes et caisses en tout genre aux usines sidérurgiques voisines et celles de traverses traitées aux chemins de fer dont la SNCF. L'image m'est trés familière. Elle représente l'endroit où je vécu de 1955 à 1974. Je me rappelle bien, tous les matins à 6h00, le démarrage des scies en long, de la loco diesel qui tractait les grumes jusqu'à leur destination, par une ribambelle de wagonnets qui cahotaient sur les voies. Il y avait deux machines, une "grosse" et une plus petite. Souvenirs....

Sur la photo du haut, le convoyeur aérien est celui qui reliait la mine de Ste Marie aux chênes aux hauts fourneaux d'Uckange. Un peu plus haut encore une image représente la gare de transbordement de Florange. C'était notre terrain de jeu. Nous appelions cet endroit, les "piles". Il y avait un stock incroyable d'isolateurs électriques, de batteries (radio, je suppose) de forme parallélépipédique rectangle, en caisse, toutes éventrées, pourries et éparpillées à tout va, mais surtout, les lorries. Deux, que nous poussions sur les rails pour jouer. A ce titre, je me souviens bien de la configuration de l'endroit. Il y avait un quai militaire trés long, trés large. En contre bas, deux voies de chemin de fer qui venaient s'embrancher sur le réseau SNCF, aprés un petit pont au dessus d'un ruisseau, à proximité d'un PN, à gauche sur la photo. La plateforme du quai se terminait par une boucle de retournement qui contournait un monticule de terre assez élevé. Etait-ce prévu pour la voie de 60, je ne le sais pas. Toujours est-il que la partie à droite du quai était remuée contrairement à la partie centrale, qui servait de piste. Concernant l'embranchement militaire, l'appareil de voie a été déposé fin années 60, peut-être début 70.
Sur une autre photo, on voit le passage souterrain sous le triage de la gare de Florange. Il permet l'accés par une route privée, au chateau de Bettange, propriété de Madame la comtesse De Mitry. Il permettait aussi le passage de la voie de 60 qui menait, comme l'indiquait gnr37, vers les antennes de Molvange, Rochonvillers et Kobenbusch, ouvrages Maginot. Sous ce pont, par manque d'entretien, le macadam qui disparaissait, laissait apparaître, il y a quelques années, la voie de 60 au milieu des pavés qui l'encadraient. Les rails sont à gorge.

Bonne soirée. André.

[erdnared]

Dans le dépôt de St Hubert il y avait aussi un quai en bout pour pouvoir décharger du matériel roulant monté sur des wagons en voie normale.

Le voici sur le plan :
[ http://img560.imageshack.us/img560/1934/sthubertquaienbout.jpg ]

Et voici de nos jours :
Je prends la photo là où il est inscrit "PR en L N°2" sur le plan. D'ailleurs, si quelqu'un sait ce que ça veut dire, je suis preneur.
[ http://img267.imageshack.us/img267/2199/sthubertquai1imc.jpg ]

Bonsoir.

Je pense qu'il s'agit du profil en long repère n°2. Le profil en long associé au profil de travers et du tracé en plan permet d'obtenir le tracé idéal d'une voie ou d'une route. Il s'agit, pour le profil en long, d'une succession de points portés sur la carte sur l'axe du futur du projet. On obtient ainsi une coupe du terrain avec l'altitude des points par rapport au terrain naturel. Des points fictifs représentant le tracé de la voie sont portés sur le graphique obtenu. Ce tracé idéal, comparé à la courbe du terrain indique aussi les remblais et déblais à réaliser.

André.

[Tirefond]

Bonjour,
Retour à Cognac et Chateaubernard sur le tracé des "Economiques Charentais" (autrement appelé "Le Petit Mairat"), métrique déferré en 1939 mais rétabli en VN en 41-42 par les allemands pour la desserte de ce qui est aujourd'hui la BA 709 de l'armée de l'Air (pages 7 et 8 de ce fil). Voilà ce que l'on peut en voir aujourd'hui :
Situation générale au départ de la gare de Cognac (VE = rouge; VN = bleu) :

PVA IGN - Cognac 1950

Photo 1:
Rien de spécial...L'usine Vérallia (ex-St Gobain) occupe toute la plaine depuis 1962. La plateforme des EC filait tout droit dans l'axe de la photo avant de décrire la large courbe sur la gauche qui la ramenait parallèlement au faisceau SNCF.
La rectification en 1962 du raccordement VN de la base (pointillé bleu) obliquait tout de suite à gauche de la photo et passait à l'emplacement des hangars du 1er plan.

Usine "Verallia"

Photo 2 :
On se retourne et, O surprise, la plate forme est toujours là, malgré l'urbanisation. En cherchant un peu on doit encore trouver du ballast...

Plateforme des EC

Photo 3 :
Le tracé rejoint la nationale qu'il suivra en accotement jusqu'à sa bifurcation vers Segonzac. A droite au fond, les hautes cheminées de l'usine Vérallia. A noter que l'interruption du goudron sur le tracé correspond au pont construit vers 1980 sur la rocade routière de Cognac qui passe là en tranchée. La VN desservant la BA fonctionnait donc encore. Un beau pont qui n'a pas dû servir longtemps...

Les EC en accotement

Photo 4 :
On se retourne encore. La plateforme est devenue une "circulation douce"...

Les EC en piste cyclable

Vue 1950 de la BA (Pas très bonne qualité, désolé) :

BA Chateaubernard

Copie 11 IGNF_PVA_1-0__1950-06-24__C1332-0061_1950_F1332-1732_0302.JPG (13.46 Kio) Vu 4768 fois

Photo 5 :
Après environ 2 km la piste cyclable se termine sur un rond-point précédant l'entrée de la BA. Le tracé des EC continuait tout droit, toujours en accotement de la RN et suivait la file de lampadaires.
Le tracé de la VN s'inclinait légèrement sur la gauche et pénétrait dans l'emprise militaire à peu près au niveau de l'avion d'entraînement "Epsilon" que l'on voit en "pot de fleur" au deuxième plan.

Entrée BA Chateaubernard

[gnr37]

Merci pour ces infos André.
Concernant la gare d'échange de Florange, il est amusant que l'on m'ai déjà parlé du stock de piles à cet endroit.
J'ai cru comprendre que c'était un ancien stock de l'armée américaine laissé là après la guerre.
Les lorries c'étaient ceux qui étaient sur le reste de voie normale ?
La plateforme du quai se terminait par une boucle de retournement qui contournait un monticule de terre assez élevé.
Non, c'était une raquette pour permettre aux camions de faire demi-tour sans manœuvrer.
La voie de 60 devait être sur le quai sud.
Te souviens tu combien de voies normales il y avait ? En quelle année allais tu à cet endroit ?
Sous ce pont, par manque d'entretien, le macadam qui disparaissait, laissait apparaître, il y a quelques années, la voie de 60 au milieu des pavés qui l'encadraient. Les rails sont à gorge.
Oui, ce sont les mêmes que l'on trouve sur la photo du pont détruit en bas de la page 10 de ce sujet. Et les mêmes qui sont toujours en place
et visibles aujourd'hui en gare d'Hettange-Grande, en rapport avec le récit de Pierre Abel Dufour.
Bon, je vous laisse pendant 2 semaines, j'ai un stage qui m'attend.

[erdnared]

Bonjour.

Les lorries étaient sur la voie normale et le stock de piles provenait bien de l'armée américaine, armée américaine qui occupait les ouvrages Maginots de Rochonvillers et Molvange.(OTAN)
Il y avait deux voies normales parallèles dans son entièreté depuis le réseau SNCF. C'est à dire que l'on aurait pu, à l'époque où je fréquentais le lieu, refouler une rame de wagons jusqu'au quai avec une loco diesel. C'était au début des années 60 mais le site a existé jusqu'au début des années 70. Pour la voie de 60 déposée, elle devait encadrer la voie normale, en contre bas du quai et une troisième était posée sur le quai. Ce qui donne une configuration en partant du bas de la photo. Voie de 60, voie normale, voie de 60, voie normale, quai de déchargement et stockage (là où se trouvaient les "piles") route ou voie de circulation, voie de 60 (endroit ou le sol du quai était remué).

Pour l'antenne de Hettange Grande, le reste de voies de 60 était interressant. Deux tronçons empavés qui ne faisait plus qu'un et qui disparaissait dans la forêt aprés un appareil de voie en place. Je doute que cela existe encore aujourd'hui, car un parking de co-voiturage est construit sur l'emplacement de la gare de transbordement, depuis l'année dernière.

A bientôt, je suppose, dans la découverte des tronçons de voie de 60 vers le Kobenbusch et Molvange. André.

[gnr37]

Pour l'antenne de Hettange Grande, le reste de voies de 60 était interressant. Deux tronçons empavés qui ne faisait plus qu'un et qui disparaissait dans la forêt après un appareil de voie en place. Je doute que cela existe encore aujourd'hui, car un parking de co-voiturage est construit sur l'emplacement de la gare de transbordement, depuis l'année dernière.

En fer et Dame Nation! encore des vestiges qui disparaissent!
Décidément, c'est le massacre des rails à gorge pour voie de 60 dans ce pays.
Après la culée du pont sur la Moselle, la Manutention de Metz , c'est Hettange-Grande maintenant.
Reste ceux du bois de l'Hôpital au sud de Metz. Mais pour combien de temps ?

[Punavai]

Je ne connais pas la région, mais le reportage incite à en savoir plus. Bravo pour toutes ces informations très intéressantes et pour les recherches sur le terrain.

[gnr37]

Bonjour.
Nous nous étions arrêté à la lisière avant le "A" sur la photo ci-dessous la dernière fois.
Photo IGN.

Voici la plateforme en "A" :

Le petit pont qui enjambe le ruisseau "B":

Et le petit découvert "C" qui est juste après "B":

Voici l'entrée du bois de Lagrange en "D". Je n'ai pas pu retrouver le garage-évitement et dépôt de munitions
qui devait se trouver dans ce secteur.

Un peu plus loin en "E", d'importants travaux de drainage avaient été effectués.
Preuve du sérieux apporté à la pose de ces lignes.
Vue vers l'Est :

Et vue vers l'Ouest. La plateforme se trouve là où sont les promeneurs. La profondeur du fossé
représente pas loin de 2 mètres.

Plus loin la voie franchissait un talweg pas très long mais profond sur un talus haut d'environ 10 mètres.

Et juste après la voie passe dans une belle tranchée :

En "F" image montrant que la plateforme de voie est toujours belle

Et la couche de ballast aussi. Il n'y a plus qu'à reposer la voie si jamais "ils" reviennent.

Bizarrerie en "H", cette barrière (déposée en bas à droite de la photo) qui coupait la plateforme.
Là, j'ai pas compris.

Et un tout petit peu plus loin, en "H", se trouvait le garage-évitement du bois de Lagrange.
Je pense que c'est sur celui-ci que s'est produit l'épisode où le dernier convoi a attelé une citerne
qui a été vidé en marche, car l'autre voie était encombrée par un dizaine de plateforme vides.

[erdnared]

Bonjour.

Le garage évitement et dépot de munition du Schwerenberg se trouvaient à cet endroit, cerclé de jaune. C'est devenu un parking à voitures et aire de détente du parcours de santé de la vile de Thionville, endroit trés fréquenté à la belle saison.



André.

[gnr37]

Merci pour le tuyau André.
Aurais tu de la doc sur ces réseaux ?

Continuons dans le bois de Lagrange.
Photo IGN.

Un petit bout de ligne droite en plein bois "A". Il est possible, mais ce n'est qu'une supposition,
que des évitements ont été rajoutés après la construction de la ligne, afin de pouvoir stocker
les éléments nécessaires aux troupes d'intervalles qui stationnaient pas très loin de ces voies.

En continuant en "B", on approche du garage évitement de Pont Saint Pierre. Si je me souviens bien,
c'est sur la gauche de cette photo (prise vers le Sud) où j'ai trouvé des trous d'obus. Ce qui est
à rapprocher du tir subi par un convoi faisant un blessé grave (paragraphe 5/5 du récit).

Juste avant (en "C") le garage évitement de Pont Saint Pierre nous retrouvons une autre barrière
comme vu précédemment.

Nous voilà sur l'endroit où se trouvait le garage évitement de Pont Saint Pierre en "D".
Tout d'abord voici une photo prise quelque part sur un réseau Maginot.
Photo IGN.

L'endroit où a été prise cette photo ressemble beaucoup à celle ci-dessous. On distingue
les collines boisées en fond qui ressemblent à celles du bois de Cattenom. Les voies de
l'évitement sont écartées bien au delà des 3,20 mètres d'entre axe comme les autres évitements.
Chose confirmée à cet endroit par une photo aérienne de début 1940 vue au SHA. Et le matériel
correspond à celui utilisé sur cette antenne. Les deux soldats qui ne sont pas sur le convoi semblent
ne pas en faire partie car affectés à la garde de cet évitement comme décrit dans le récit.
Sans en être vraiment sûr évidemment, un faisceau d'élément m'emmène à penser que la photo ancienne
a été prise sur cet évitement.

Là aussi il reste encore du ballast.

Un peu plus loin on tombe sur ce qui reste d'un ponceau en "E".
La plateforme a disparu sous le parking d'une résidence qui est construite sur son emplacement.