Aucune, pour la simple et bonne raison que la ligne militaire B construite au printemps 1916 n'est
jamais montée sur le plateau. Au passage, construire une ligne sur le plateau, en terrain totalement dégagé à une portée de fusil des premières lignes allemandes aurait été une hérésie totale sur le plan militaire. Autant peindre les machines en rose et demander aux mécanos d'agiter des petits drapeaux pour que les allemands puissent ajuster leur tir...

Concrètement, et les écrits de Pradayrol sont très clairs, la ligne B avait son origine aux environs de Villers-Bretonneux, partait plein est avant de remonter vers la vallée de la Somme qu'elle atteignait au nord de Proyart. De là, elle longeait le canal en passant par Froissy puis Cappy. À Cappy, un court embranchement suivait la route de Chuigne mais ne montait pas sur le plateau : il s’arrêtait dans la ravine qui borde à l'ouest le bois à Cailloux (ou bois Olimpe). La ligne principale continuait en traversant Cappy jusqu'à Éclusier et finissait sa course dans la Vallée de Péronne, une ravine au sud du village. Comme préconisé dans tous les manuels d'artillerie, elle suivait au plus près les courbes de niveau et se défilait du mieux possible à la vue des observateurs allemands. Par la suite, en raison du relatif succès de l'offensive dans le secteur, elle sera prolongée par deux sections : l'une vers Cléry sur Somme le long de la vallée puis Bouchavesne par une vallée sèche et l'autre vers Flaucourt, sections terminales uniquement exploitées en traction thermique.
Par la suite, et là ce n'est plus Pradayrol qui parle, c'est moi, la ligne B et sa branche vers Herbécourt/Flaucourt est intégré dans le système britannique. En 1919, lors de la remise du réseau aux autorités française, elle rejoint même Péronne en passant par Biaches. En aucun cas, les voies britanniques ne passent par Dompierre qu'elles contournent par le nord et le sud.
Pour finir, la carte spéciale des régions dévastées AMIENS SUD EST, datée de 1921,
visible ici est fort claire : la ligne militaire à voie de 60 de la vallée de la Somme n'existe plus, déferrée sans doute après guerre par le MRL qui n'en avait que faire.
Maintenant pour en revenir à cette fameuse ligne Cappy-Dompierre, en 1920, et là on retourne aux écrits de Pradayrol, le conseil général de l'Aisne demande que le réseau MRL soit étoffé, entre autres par une ligne Péronne-Cappy. Et c'est à cette occasion que la voie de 60 est enfin arrivée à Dompierre qu'elle traversait avant d'arriver à Cappy par le sud en se terminant, selon Pradayrol, par le premier Z, tellement pentu qu'il ne permettait le transfert que d'un seul wagon à la fois (page 27 du numéro spécial). Le terminus de cette ligne MRL devait se trouver à l'entrée du village et la ligne n'aurait jamais traversé Cappy.
En 1926, lorsque la sucrerie de Dompierre reprend les lignes à son compte, elle fait percer le tunnel pour éviter le village et fait reprofiler le Z tel qu'on le connaît aujourd'hui. Et c'est aussi à cette occasion que le tracé longeant le canal est réactivé et la ligne prend enfin la physionomie qu'on lui connaît actuellement.
Là, je crois que j'ai fait le tour mais une fois encore, tout ou presque est dans le N° spécial de Voie Étroite.