Sous le goudron !!! Les rails du tramway de La Rochelle

[Patrick ze rabbit Deludin]

Je viens d'aller faire un tour à La Rochelle : les rails du tramway n'ont pas été remis en place avec un panneau explicatif.
Dans une ville très tôt tournée vers l'écologie, il me semblait que ça aurait montré que déjà, au début du siècle dernier, on roulait sans polluer.
Belle publicité.
Mais non...

Bon, passons et continuons notre trajet vers le terminus d'avant 1929, sans doute près des VF partant de l'ancienne gare en direction de Paris.
Le pont de Tasdon a été inauguré en 1912, les voies du tramway y auraient été installées en 1913. Tant d'un côté que de l'autre, la rampe est raide !
Voici la situation en 1921, la voie de Paris, venant de droite, arrive encore en terminus dans l'ancienne gare :

On distingue l'aubette à droite de sa façade.
En 1923, la nouvelle gare étant une gare de passage, les voies menant en impasse à l'ancienne station sont déferrées :

Et voilà le pont de Tasdon tout neuf, vu vers le sud, avec les voies à peine visibles sur le côté gauche :

Aujourd'hui, il n'y a plus aucune trace de tout ça, et le pont de Tasdon est dans un état tel que des morceaux de béton se détachent du support de chaussée : des filets de protection ont été mis en place. L'ossature métallique de 1912 est carrément trouée par endroits !
À mon avis, il faudrait le détruire...

[Didierd]

Sur la photo de 1921, on voit bien les traces de l'ancien chantier de montage de wagons de l'armée américaine, devant la nouvelle gare.
Intéressante aussi la vue de l'ancien dépôt

Je viens d'aller faire un tour à La Rochelle : les rails du tramway n'ont pas été remis en place avec un panneau explicatif.
Dans une ville très tôt tournée vers l'écologie, il me semblait que ça aurait montré que déjà, au début du siècle dernier, on roulait sans polluer.

Si Paris avait été choisi pour les JO de 2012, La Rochelle qui aurait accueilli les épreuves de voile aurait vu le retour du tramway.
Alstom était dans les starting-blocks pour construire une nouvelle ligne.

Didier.

[Patrick ze rabbit Deludin]

Oui, malheureusement le projet a été rangé dans un tiroir car trop onéreux, JO ou pas.
La voie d'essai d'Alstom a même été coupée.
... et les rochelais avaient pour la plupart oublié la période américaine et le montage des wagons, ateliers qui donneront naissance à l'une des usines Brissonneau & Lotz, avant de devenir Alsthom (avec un h).
Heureusement qu'en 2018 il y a eu des expos.
Et ça :
https://www.traindesmouettes.fr/a-toute ... mericains/


Voici un plan de 1919 (avec le nord à l'ouest) où l'on voit le tracé du tramway, les deux gares dont la nouvelle encore en construction, et le pont de Tasdon :

[Patrick ze rabbit Deludin]

On continue.
Le tramway redescendait de l'autre côté du pont pour desservir le quartier de Tasdon :

Juste après l'ouvrage et en pleine rampe, la voie se dédoublait.
Mais je n'y ai pas trouvé d'aubette, même en passant hier :

Le tracé épousait ensuite sur le côté est ce qui devait encore s'appeler à l'époque la Route de Rochefort, à présent la rue Émile Normandin, particulièrement large.
Il est dit (inventaire) que le terminus se trouvait au n°100, soit en face de l'actuel collège Albert Camus, où sévissait l'Octroi.
Comme je ne trouve plus la fonction "Comparer" sur Géoportail, j'ai tout fait avec mes petites mains, selon le procédé classique des points de repère :

Mais les vues aériennes ne sont pas d'assez bonne qualité pour y trouver l'habituelle double voie et la non moins nécessaire plaque de retournement :

Cependant, à bien y regarder, il me semble que la voie continue après le n°100, jusqu'à un bâtiment qui pourrait être l'Octroi, bien que disposé après un embranchement sur la route de Rochefort permettant de l'éviter (à moins qu'il y en ait eu un sur cette route qui mène en 1923 au tout nouveau dépôt de Bongraine et à des lotissements).

Voilà, je vous laisse avec cette énigme, en espérant ne pas vous gâcher le sommeil...

[Didierd]

Une vue du chantier de montage de wagons de l'armée américaine, prise depuis le clocheton de la gare de La Rochelle le 5 Juillet 1918.

On distingue les rails du tramway sur le pont de Tasdon. Remarquez aussi le bétail et la calèche (autre époque).

source National Archives and Records Administration

Didier.

[Patrick ze rabbit Deludin]

On se rend bien compte sur ce cliché de l'importance des rampes pour accéder au pont, et l'absence d'aubette côté Tasdon.
La verrière n'est pas encore posée, on voit l'un des piliers en pierre de taille, encore incongru dans ce décor.

Nous avons donc parcouru toute la ligne, du moins lorsque j'ai trouvé des documents iconographiques, vues aériennes exploitables ou CPA, permettant de compléter un peu "l'inventaire".
Mais celui-ci est évidemment la référence, je vous invite encore à vous y reporter.
L'ensemble du réseau cessera son activité en 1929, mais le tronçon Place d'Armes/Tasdon avait déjà fermé en 1924.

Je passe ici le plan dont j'ai modifié le tracé du réseau en fonction des précisions amenées par les vues aériennes, Le Mail, Tasdon-terminus :

... et les aubettes découvertes à l'occasion, dans des carrés violets.
Cela dit, d'autres ont du exister, au moins des arrêts intermédiaires, mais je n'ai pas trouvé d'éléments pour les indiquer sur le plan.

[Patrick ze rabbit Deludin]

Aujourd'hui, il ne reste rien de tout cela, même une grande partie du "décor".
Les bus ont rapidement remplacé le tram, comme ici boulevard Delmas (aux environs de 1930, d'après les véhicules) :

Faisons un point sur les aubettes.
La Pallice :

Voilà une belle vue ou l'on distingue bien les détails des façades.
Quant à la façade arrière, elle ne comporte pas d'ouvertures, du moins à La Pallice étant donné les vents d'ouest dominants et la proximité de la mer :

Elle survivra au moins jusqu'en 1937.
Il semble qu'elle servait d'abri pour la ligne de bus la Rochelle/La Pallice, dont un exemplaire est visible en train de manœuvrer autour du rond-point :

Angle Delmas/Montréal (je l'avais "loupée", celle-là !) :

Dépôt St Maurice :

Place d'Armes :

Quai Valin (déjà passé) :

...et enfin celle près de l'ancienne gare :

[Patrick ze rabbit Deludin]

Pour la modélisation, y'a de l'approchant qui conviendrait très bien :

arret-du-tramway-ho-.jpg (36.29 Kio) Vu 1801 fois

https://www.architecture-passion.fr/v16 ... y-ho-.html

[Patrick ze rabbit Deludin]

Passons au matériel roulant : tout a été dit par les collègues sur les pages précédentes, et sur l'inventaire.
Il semble que les motrices aient été réalisées sur des plans plus ou moins identiques, qu'elles soient d'Aix-les-Bains, de Nantes ou de La Rochelle, la principale différence étant évidemment l'écartement.

Quelques vues rapprochées du matériel rochelais :

... même de mauvaise qualité :

Matériel roulant - Remorque.jpg (45.8 Kio) Vu 1742 fois

... et je rajoute celle-là, "un peu plus tard" :

Matériel roulant - Remorque (1).jpg (79.74 Kio) Vu 1705 fois

Une comparaison presque sous le même angle entre la motrice de Nantes conservée (VN) et une motrice rochelaise (VM) :

On voit bien que les différences se jouent au niveau des roues, et pas seulement en écartement.

Si nous regardons de plus près les toitures, il y a une différence notable :

Le matériel rochelais comporte des lanterneaux de forme beaucoup plus simple que la version nantaise.
Et c'est là que, grâce à la longueur du lanterneau de la motrice, nous déduisons aussi que la plate-forme arrière est plus courte qu'à Nantes, donc avec moins de porte-à-faux.
Ce qui apparaissait déjà sur le comparatif ci-dessus.

[Patrick ze rabbit Deludin]

Un p'tit tour à Nantes (enfin, à l'AMTUIR), dont la motrice 18 22 a été conservée :

... et l'autre côté :

(les photos viennent évidemment de chez Nénette)

Un plan, et quelques cotes pour compléter ce qui n'est pas lisible :

Le toit pagode du "lanterneau" en superposition de l'autre toiture, sans ouvertures latérales, ne devait pas être simple à réaliser.
D'après les vues aériennes, la version rochelaise ressemblait plutôt à ceci :

Du classique, quoi, sans pour autant que les côtés soient vitrés car cachés derrière les panneaux publicitaires.

Tiens, pendant que j'y suis, le poste de conduite, avec le fameux décroché en toiture :

Voilà de quoi se lancer dans une reproduction, même s'il reste des zones floues.
Mais l'avantage de la version rochelaise, c'est que le bas du châssis est intégralement caché par des jupes.

[Patrick ze rabbit Deludin]

Côté reproduction, il y a eu ça, sans doute au début du siècle dernier :

D'accord, ça ne correspond pas vraiment à nos standards actuels, surtout pour du LGB !
(Il s'agit en fait de boîtes de gâteaux. Et lesquels ? Des p'tits beurres LU, évidemment).

En H0m, j'ai regardé côté Halling, mais pas trouvé de tramways avec 6 vitres latérales.
Après, faire une caisse en carte plastique n'a rien d'insurmontable non plus.
Non, ce serait plutôt la reproduction du décor et la place nécessaire qui me dissuaderait...

Voilà, moi j'ai fini.
À vous les studios...

[rms olympic]

Très bon reportage sur ces anciens "Tramways de La Rochelle", qui, malheureusement, ne furent jamais électrifiés, mais qui furent les derniers en France ayant eu recours à des automotrices à air comprimé, l'autre réseau survivant et, encore en service après la guerre de 1914/18 : "Vichy à Cusset" (NB : une seule ligne) ayant disparu en 1927.

[pelican]

Effectivement, c'était très intéressant

[bzh44]

.....Passons au matériel roulant : tout a été dit par les collègues sur les pages précédentes, et sur l'inventaire.
Il semble que les motrices aient été réalisées sur des plans plus ou moins identiques, qu'elles soient d'Aix-les-Bains, de Nantes ou de La Rochelle, la principale différence étant évidemment l'écartement.
.....

Je me permets une remarque au sujet de la comparaison des modèles de motrices entre le réseau nantais et Rochellais.

Sur le réseau Nantais il y a eu 2 générations différentes de motrices Mékarski. Celle d'origine de 1879 et celle plus récente de 1898.

C'est sur cette dernière génération qu'il faut faire la comparaison, d'ailleurs la motrice nantaise prélevée sur le réseau nantais et livrée au réseau Rochellais était de la 2ième génération.
M. Mekarski qui avait tout intérêt à ce que la mise en place du réseau rochellais soit un succès (il y avait engagé des moyens privés personnels) n'aurait jamais présenté le modèle de 1879 alors vieillissant.

On verra alors que les différences sont bien moindres, entre les 2 générations de nombreuses améliorations avaient été apportées (pression d'utilisation plus élevée, adhérence totale par liaison des 2 essieux au moyen d'une bielle, emmarchement de la plateforme en angle, puissance et autonomie plus importante, ....).
Cette motrice seconde génération nantaise fut produite à 72 exemplaires.

[bzh44]

J'ajoute que le modèle de la première génération n'a existé en exploitation qu'à Nantes (si l'on exclue les tests et essais sans lendemain effectués sur les réseaux parisiens).

Par la suite tous les réseaux utilisant des Mékarskis furent exploités sur des modèles de type 2 ième génération.