Belgique: AMUTRA

[_CdeMills_]

Bonjour,

j'aimerais savoir quelles sont les filiations et liens entre les différentes associations de préservation du vicinal. La doyenne est l'AMUTRA, il y a l'ASVI, le TTA Erezée, Tramania, ... Au niveau des livres et publications, y a-t-il des archives ou des bibliothèques spécialisées ?

Merci

Pascal

[edouarddenis]

Voilà une question qui mérite une réponse encyclopédique avec un peu de psychologie, voire de psychiâtrie...mais bon, on fera l'épargne de ces deux derniers aspects

Historiquement, la 1ère association ferroviaire en Belgique est l'ARBAC qui s'est offert un mémorable voyage sur la ligne vicinale à voie normale de Groenendael. L'AMUTRA est ensuite née pour gérer le musée vicinal de Schepdael, mis sur pied par la SNCV qui restaura le matériel initial avant de peu à peu s'en désintéresser. De l'AMUTRA est née le TTA pour exploiter une ligne vicinale d'Erezee à Dochamps...une ligne qui a failli être d'abord exploitée à voie de 60 ! D'abord en étroite collaboration avec l'AMUTRA, le TTA en est vite devenu indépendant et a (pour un temps) privilégié l'opérationnel sur l'historique. Entretemps, l'Amutra a dépassé le cadre vicinal pour encombrer Schepdael (et d'autres dépôts) de tramways urbains Anversois, Verviétois, Gantois (...). Le souci d'exploiter une ligne vicinale électrique avec un respect du côté historique a entraîné la création de l'ASVi. Pendant ce temps, grâce à une pluie de sponsors liés à la construction du métro, la STIB a restauré de nombreux tramways urbains bruxellois qui ont permis de remplir le musée de Woluwe dont la gestion a été confiée au MTUB. Initialement, Woluwe aurait aussi dû héberger des matériels urbains d'autres réseaux (et l'a d'ailleurs fait, avec ea une jardinière gantoise, une motrice 200 de Charleroi), avant de s'orienter exclusivement sur Bruxelles. Le MTUB a développé une section vicinale, mais, lors de la régionalisation de la SNCV, le matériel vicinal historique propriété de la SNCV a été réparti entre De Lijn et la SRWT, sans rien laisser à Bruxelles. Le matériel le plus intéressant (19, 596) est parti au musée de Natalis (Liège) appartenant à la SRWT et la 19220 est confiée par cette dernière à l'ASVi... De son côté, De Lijn a redéveloppé Schepdael sous l'angle du monument historique (les briques et la vapeur), une partie des collections flamandes étant expédiée au nouveau musée d'Anvers à Groenenhoek (remplaçant celui d'Edegem) et au TTO, en restant propriété De Lijn. Tramania a été créée en 1993 pour dynamiser le projet de Thuin et apporter un soutien extérieur. Ce fut la cheville ouvrière, intellectuelle et financière pour la construction de l'atelier, puis du musée et du pont sur la Sambre. Depuis lors, Tramania gère des projets particuliers, comme la restauration de la remorque De Rechter A 1584 du TTA ou la motrice 57 des TV à Natalis.

C'est déjà pas mal, un autre post pour les archives...

[edouarddenis]

Bref. Aujourd'hui, l'ARBAC et l'AMUTRA sont moribondes et le sort de leurs collections un grand sujet de préoccupations. Du côté flamand, De Lijn mène une saine politique en ne s'occupant et en n'hébergeant que du matériel dont elle est propriétaire. Il y a un projet de faire un centre de documentation au musée d'Anvers, mais j'ignore son état d'avancement. Au sud du pays, il n'y a pas grand'chose de structuré, sinon Tramania qui essaie de mettre en ligne un maximum de documents digitalisés avec l'accord de leurs auteurs. Il existe un autre projet documentaire mais je n'en dirai pas plus.

Notons au passage le Mupdofer voué à la préservation de la documentation et des pièces détachées ferroviaires. Il avait un splendide musée rue du Houblon, il est maintenant dans des locaux de service station Mérode... Le VLATAM (Anvers) et le MTUB (Bxl) essaient aussi de créer un centre de doccumentation mais les bonnes volontés sont rares pour gérer du papier qu'il faudrait parfois plutôt numériser.

De Lijn et la SRWT ont leurs archives, certes, mais elles doivent être bien minces par rapport à celles "privatisées" qui, hélas, disparaîtront le plus souvent lors du décès de leurs honorables possesseurs, soit jetés au bac par des veuves acariâtres, soit vendus aux puces... Tramania a d'ailleurs lancé dans sa revue n°39 un appel à tous pour que des dispositions soient prises pour assurer l'avenir de ce "petit" patrimoine. Mais bon, personne n'aime songer à sa fin !

Bref, le présent n'est pas rose et le chercheur devra s'armer de son bâton de pélerin pour visiter de nombreuses chapelles !

[_CdeMills_]

Merci pour cette réponse très fouillée et très respectueuse, je suppose que les non-dits concernent des évènements ... pénibles.

C'est vrai que derrière un musée ou une association il faut beaucoup de bonne volonté et d'énergie, qui sont rarement payées à la hauteur des investissements apportés. J'admire les réalisations concrètes, les lignes remises en exploitation avec du matériel d'époque, et j'espère que leur préservation puisse être pérenisée.

Cordialement

Pascal