par CA-CBR-TEMS » 29 02 2012 à 13:08
Merci d'avoir évoqué ce sujet.
Voici quelques précisions que je puis vous apporter :
- le 12 mai 1940, jour de l'évacuation, nous arrivions en soirée en gare de Renneville. Je me souviens y avoir vu passer le dernier train de la journée qui se rendait à son terminus Dizy le Gros. Train très léger puisque la locomotive ne remorquait qu'un fourgon et une voiture.
- Nous sommes restés trois jours à Renneville. Le mardi soir 14 mai, un train de munitions a sauté en gare de Montcornet (Renneville est à vol d'oiseau à 10 Km de Montcornet)
- durant le conflit le transport des voyageurs a été assuré par un autobus de C.A. sur la relation Montcornet - Dizy le Gros - Sissonne - Laon. Il était néanmoins prévu un aller et retour Renneville - Montcornet, facultatif, trois jours par semaine, dont la raison d'être était avant tout la desserte de la sucrerie de Montcornet depuis la gare de Montcornet-Nord.
- l'exploitation par C.A. ayant cessé fin décembre 1946 (ou par commodité durant le mois de janvier 1947) le matériel roulant attaché à la ligne de l'Aisne Montcornet - Saint Erme a été remis au département de l'Aisne, dont la majeure partie a été rachetée par la sucrerie de Montcornet pour ses propres besoins : transport de betteraves et de pulpes, liaison avec le grand réseau.Ce sont donc vraisemblablement les matériels qui n'ont pas été rachetés par la sucrerie que l'auteur de l'article a connu "pourrissant" sur les voies de Montcornet (dont le matériel voyageurs, bien entendu).
- J'en viens à la narration de l'approvisionnement en charbon de la sucrerie de Montcornet.
C'est une description très poétique qui nous est donnée, mais pour ceux qui ont connu cette période, il en était tout autrement;
La ligne était effectivement à quatre files de rails de la gare de Montcornet-Nord à la sucrerie. Les réceptions et expéditions de la sucrerie pour le grand réseau passaient par cette voie, la traction étant assurée par les locomotives à voie métrique de C.A. (puis de la sucrerie à partir de 1947.)
Afin de raccorder locomotives à voie métrique et wagons de grands réseaux, on introduisit entre ces matériels un wagon équipé à chaque extrémité des deux types d'attelage : voie métrique et voie normale. On appelait ces wagons "wagons raccords". Sur le réseau des Ardennes, on les qualifiait de "tamponneurs".
Ces wagons tamponneurs dont la tare était de l'ordre de 4 à 5 tonnes étaient "légers" entre une locomotive de 25 tonnes et deux lourds wagons de grands réseaux, aussi lestait-on ces wagons tamponneurs avec ce que l'on avait sous la main, généralement en exploitation ferroviaire, de vieux rails.
Ce bric à brac avait donc sa raison d'être.
Bien entendu la différence de gabarits pouvait choquer l'oeil non averti, et cependant ce type d'acheminement était très rationnel.
Cela vient sans doute de ce qu'en France on a peu utilisé les raccordements à trois ou quatre files de rails, de même que l'on a peu utilisé l'acheminement de wagons de grands réseaux sur trucks porteurs.
Je me tiens à votre disposition pour plus amples renseignements.